Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

Monsieur Le Commandant

Bande dessinée publiée en 2022 aux éditions Philéas.


D’après le livre de Romain Slocombe publié le 11 aout 2011.

couverture bd Monsieur Le Commandant

1942. Paul-Jean Husson est un écrivain bien né, grand bourgeois, éduqué, instruit, héros de la Première Guerre mondiale (il a même perdu un bras au front), auteur de livres loués par la critique et prisés du public, assez habile pour siéger à la fois à l’Académie française et à l’Académie Goncourt.
Son fils lui présente celle qui deviendra sa femme, Ilse : une jeune actrice de cinéma Allemande connue dans son pays sous le nom d’Elsie Berger.
Lorsque la guerre éclate, le fils Husson part pour Londres, laissant sa femme au côté de son père. Paul-Jean Husson en tombe éperdument amoureux, mais découvre rapidement que sa belle-fille est juive. Partagé entre son antisémitisme viscéral et cet amour interdit, Husson entreprend alors une invraisemblable virée en compagnie de celle qu’il ne cesse de désirer, à travers la France de l’exode.

Pétainiste convaincu, Paul-Jean Husson se livre à travers une lettre de délation qu’il adresse à  » Monsieur le Commandant  » et démontre que la part la plus vile de l’âme humaine ne trouve de meilleure place où se révéler que dans le genre épistolaire.

Terrifiant ! Dès les premières lignes, nous savons de quoi il est question. Les talents combinés du trio d’auteurs tiennent en haleine le lecteur sonné qui redoute une issue dont il a pourtant deviné qu’elle était fatale. Suivez les dérives, de 1932 à 1942, plus sentimentales qu’idéologiques d’un homme qui était tout sauf un sot.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Monsieur Le Commandant »

Adapté du roman de Romain Slocombe, Monsieur le Commandant de Xavier Bétaucourt et Étienne Oburie est une œuvre graphique d’une rare intensité. Cette bande dessinée plonge le lecteur dans la complexité de l’âme humaine, où idéologie, passion et déshumanisation se heurtent violemment.

Le personnage de Paul-Jean Husson, écrivain respecté et collaborateur fervent, fascine par ses contradictions. Xavier Bétaucourt réussit brillamment à transcrire les dilemmes moraux de cet homme, tiraillé entre son amour pour sa belle-fille juive, Ilse, et son antisémitisme viscéral. Cette dualité rend le récit aussi troublant que captivant.

extrait bd Monsieur Le Commandant

Le dessin sobre d’Étienne Oburie, voir brut, amplifie l’impact dramatique. Son trait capture l’atmosphère pesante de l’Occupation, et ses choix visuels servent habilement la narration, mettant en lumière la froideur des décisions prises par les personnages.

L’adaptation respecte avec fidélité l’ambiguïté morale du texte original. Le récit n’épargne ni son protagoniste ni le lecteur, forçant ce dernier à interroger ses propres certitudes face à un homme capable d’aimer et de trahir dans le même souffle.

En revisitant une période sombre de l’histoire, Monsieur le Commandant transcende le simple témoignage pour devenir une œuvre de réflexion profonde sur la nature humaine. Une lecture qui ne laissera personne indifférent.

La veuve – Le roman de Gil Adamson en BD

Album publié en 2025 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

Adapté de l’œuvre de Gil Adamson publiée le 2 avril 2009.

couverture bd La veuve

Le bonheur est dans la fuite

1903. Affamée, à bout de force, une jeune femme fuit à travers les Rocheuses canadiennes, sans regarder derrière elle. Que fuit-elle, ou plutôt qui ? À ses trousses, deux brutes déterminées à venger la mort de leur frère la traquent telle une bête sauvage.
À 19 ans, Mary est déjà veuve et meurtrière. Aussi seule que démunie, elle réussit pourtant à semer ses poursuivants au cours d’une cavale oppressante dans les montagnes, la nature suppléant les lois des hommes…
Déterminée, Mary, qui porte le secret d’une vie brisée, fait des rencontres fortuites, de celles qui changent une vie. Autant de confrontations étonnantes, révélatrices d’un passé mouvementé que l’on appréhende par petites touches…
Des personnages avides ou généreux, des débrouillards ou des ermites lui permettent de tenir la distance…
Malgré la peur au ventre, chevauchant à travers les sombres forêts escarpées, une furieuse envie de vivre permet à Mary de choisir son propre destin : celui d’une femme libre.

Glen Chapron révèle son style plein d’émotion et sa maîtrise du N&B à travers ce western littéraire au féminin. Tension, vengeance mais aussi poésie et émancipation rythment cette adaptation du beau roman de Gil Adamson que Glen fait reposer pour l’essentiel sur l’atmosphère et les relations humaines. Les rencontres de Mary avec des personnages forts et attachants nous rappellent le droit universel à la recherche du bonheur. Une fresque épique et sociale pour un roman graphique captivant et libérateur.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La veuve »

Avec La Veuve, Glen Chapron adapte avec brio le roman The Outlander de Gil Adamson, offrant une œuvre graphique d’une puissance narrative et visuelle remarquable.
Ce western littéraire, entièrement réalisé en noir et blanc, suit la fuite haletante de Mary Boulton, jeune veuve et meurtrière, à travers les Rocheuses canadiennes au début du XXe siècle. Poursuivie par les frères de son défunt mari, elle lutte pour sa survie dans un monde hostile, où la nature sauvage se fait tour à tour refuge et menace.

extrait bd La veuve

L’esthétique monochrome de l’album est un choix audacieux et parfaitement maîtrisé. Par ses contrastes puissants et ses lavis subtils, Glen Chapron magnifie les paysages grandioses tout en reflétant l’état émotionnel de son héroïne. Les traits expressifs et énergiques insufflent une tension constante aux scènes de fuite, tandis que les moments plus calmes révèlent une poésie poignante. Ce jeu d’ombres et de lumières sublime l’atmosphère mélancolique et oppressante du récit.

Sur le plan narratif, La Veuve mêle action haletante et introspection. Mary est un personnage profondément humain : fragile mais déterminée, elle incarne une quête d’émancipation dans un univers masculin et brutal. Les rencontres qu’elle fait au fil de son périple enrichissent le récit, apportant des touches d’humanité et d’espoir.

En mêlant thriller psychologique, drame féministe et ode à la nature sauvage, Glen Chapron signe une œuvre captivante et émouvante. La Veuve est une bande dessinée marquante qui résonne bien au-delà de ses 176 pages.

Enfant de salaud

Album publié aux éditions Futuropolis en 2025.


Adapté du roman de Sorj Chalandon publié le 18 aout 2021.

couverture bd Enfant de salaud

Le narrateur, Sorj Chalandon lui-même, est journaliste. En mai 1987, il est envoyé par son journal à Lyon pour suivre le procès du nazi Klaus Barbie, accusé de crimes contre l’humanité.
Peu de temps avant que ne débute le procès, il se rend à Izieu : le 6 avril 1944, quarante-quatre enfants et sept adultes, tous Juifs, furent arrachés de leur maison par Klaus Barbie et ses chiens.
Ils furent conduits dans le camp d’internement de Drancy, puis déportés à Auschwitz-Birkenau.

Le narrateur aurait voulu que son père soit avec lui à Izieu, pour l’aider à comprendre. À comprendre ce qui avait poussé son père, en novembre 1942, à rejoindre les Allemands plutôt que les combattre. À comprendre pourquoi il était devenu un traître… À comprendre pourquoi lui, son fils, était un « enfant de salaud »…

Parallèlement au procès Barbie, le narrateur cherche intensément la vérité sur son père. Il récupère le dossier pénal de celui-ci, et se met à l’éplucher. Dès lors, ce n’est pas un procès qui s’ouvre, mais deux. L’un intime, l’autre universel…
« Enfant de salaud n’est pas la suite de Profession du père, mais son prolongement. C’est en quelque sorte le dénouement de toute une vie : celle de l’enfant devenu journaliste pour comprendre, pour chercher la vérité. Pour qu’on arrête de me mentir. »
Le sens de la narration graphique de Sébastien Gnaedig s’allie aux couleurs magnifiques d’Isabelle Merlet. Un récit poignant qui croise la grande et la petite histoire.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Enfant de salaud »

Adaptée du roman de Sorj Chalandon, la bande dessinée Enfant de salaud réalisée par Sébastien Gnaedig, avec les couleurs d’Isabelle Merlet, offre une lecture à la fois puissante et troublante. Cet ouvrage réussit de 176 pages explore la quête d’identité d’un fils face à un père au passé trouble, sur fond du procès historique de Klaus Barbie.

Sébastien Gnaedig fait preuve d’une remarquable maîtrise du scénario. Le récit, mêlant dialogues percutants et silences chargés d’émotion, capte sans détour les questionnements complexes d’un homme confronté à la part obscure de son héritage.

extrait bd Enfant de salaud

Le dessin, d’une précision émotive, rend chaque regard, chaque posture, profondément évocateur, amplifiant l’intensité dramatique de l’histoire.

La mise en couleurs par Isabelle Merlet transcende le récit. Par des teintes parfois douces, parfois oppressantes, elle insuffle une dimension visuelle qui ancre le lecteur dans l’atmosphère tourmentée des années d’après-guerre. Les couleurs évoquent une atmosphère mélancolique et chargée d’émotions, qui convient parfaitement à la gravité du sujet abordé.

Enfant de salaud est une réflexion sur la transmission, les mensonges et la rédemption. Une œuvre mémorable qui confirme que les récits de Sorj Chalandon trouvent dans le neuvième art un écrin à leur hauteur (déjà 6 romans adaptés en BD).

L’Île des oubliés

Album publié en 2021 aux éditions du Philéas.


Résumé éditeur

D’après le roman de Victoria Hislop publié en 2005.

couverture bd L'Île des oubliés

Grâce à une photographie léguée par sa mère, Alexis Fielding va découvrir le passé singulier de sa famille, une lignée de femmes et d’hommes dont le sort est lié à l’île de Spinalonga, colonie de lépreux à l’horizon de la côte de la Crète.

L’histoire se passe sur l’île de Spinalonga, tout proche du village de Plaka en Crète.
Alexis Fielding, une jeune femme de 25 ans profite d’un voyage en Crète pour se rendre là où sa mère, Sophia, est née et a grandi.

Elle rencontre Fotini, une amie de sa grand-mère qui lui raconte l’histoire tragique de sa famille. Sophia a toujours caché à sa fille le décès de sa propre grand-mère sur l’île de Spinalonga, alors colonie de lépreux ainsi que la raison de son exil loin de la Crète.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Île des oubliés »

Adaptée du best-seller de Victoria Hislop, « L’Île des oubliés » par Roger Seiter et Fred Vervisch est une œuvre poignante et visuellement saisissante.

Le récit suit Alexis, une jeune femme découvrant les secrets de sa famille sur l’île de Spinalonga, une ancienne léproserie en Crète. La bande dessinée capte parfaitement l’essence du roman, offrant une immersion dans une histoire émouvante de découverte et de réconciliation avec le passé.

extrait bd L'Île des oubliés

Roger Seiter excelle dans l’art de la condensation narrative, parvenant à restituer les intrigues complexes du roman en un format plus bref sans perdre en profondeur. Les dessins de Fred Vervisch, caractérisés par un encrage prononcé et des paysages aux formes géométriques, ajoutent une dimension visuelle qui enrichit l’atmosphère historique et émotionnelle de l’œuvre.

L’élégance visuelle et la fidélité au matériau source font de cette bande dessinée une adaptation réussie, conseillée tant aux amateurs du roman original qu’aux néophytes.

« L’Île des oubliés » est une exploration touchante du passé, servie par un duo créatif en parfaite harmonie. Une lecture indispensable pour tout passionné de bande dessinée historique.

Puzzle

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Ankama.


D’après le roman de Franck Thilliez publié le 3 octobre 2013.

couverture bd Puzzle - D après le roman de Franck Thilliez

Ilan et Chloé, spécialistes des chasses au trésor, ont longtemps rêvé de participer à LA partie ultime : ce jeu mystérieux appelé Paranoïa.

Le jour venu, ils reçoivent enfin la règle N°1 : Quoi qu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la réalité. Il s’agit d’un jeu. 
Suivie de la règle N° 2 : L’un d’entre vous va mourir. 
Quand les joueurs trouvent un premier cadavre, la distinction entre jeu et réalité devient de plus en plus difficile à établir. Paranoïa peut alors commencer…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Puzzle »

Adaptant avec brio le roman de Franck Thilliez, la bande dessinée « Puzzle », illustrée par Mig (Laurent David), se présente comme un tour de force visuel et narratif. (NB : Edition Originale publiée en décembre 2016)
Immergé dans l’univers troublant de « Paranoïa« , un jeu aux frontières du réel, le lecteur est dans une aventure où chaque page dévoile une nouvelle pièce d’un casse-tête psychologique angoissant.

Le récit, porté par le duo Ilan et Chloé, explore habilement les zones d’ombre de l’esprit humain. La tension ne faiblit jamais, alors que l’intrigue se déploie dans un asile abandonné, lieu propice à un crescendo d’inquiétudes. Si certains pourront deviner certains ressorts du dénouement, l’habileté avec laquelle l’auteur manipule les attentes du lecteur maintient l’intérêt jusqu’au bout.

extrait bd Puzzle - D après le roman de Franck Thilliez

Graphiquement, Mig excelle à insuffler une atmosphère oppressante grâce à une palette monochrome froide et subtile, dominée par des nuances bleutées. Ce choix de couleurs amplifie le malaise ambiant tout en sublimant l’étrangeté des décors.

« Puzzle » est une démonstration éloquente de l’alchimie entre littérature et bande dessinée. Offrant une plongée vertigineuse dans un univers captivant, cette adaptation saura séduire les amateurs de thrillers psychologiques et les esthètes en quête d’une œuvre à la fois intrigante et magistralement réalisée.

Angor – Adaptation du roman de Franck Thilliez

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Philéas.


D’après le livre de Franck Thilliez publié le 9 octobre 2014.

couverture bd Angor

Quatrième volet des enquêtes conjointes de Henebelle et Sharko.
Franck Thilliez, Sylvain Runberg et Luc Brahy nous embarquent cette fois dans les traces de Camille qui a reçu une greffe du cœur après une crise cardiaque un an plus tôt. Elle apprend alors que son organisme rejette son cœur et qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Camille reçoit pourtant des messages de ce nouveau cœur : des visions d’une femme séquestrée, une envie de fumer… Elle part à la recherche de son donneur.

Parallèlement, Sharko enquête sur une femme retrouvée dans une galerie souterraine où elle erre dans le noir depuis plusieurs mois. Lucie, en congé maternité, s’occupe de ses jumeaux, mais ne peut pas s’empêcher de s’intéresser à l’affaire de son compagnon et décide de reprendre son travail plus tôt pour l’épauler dans une nouvelle aventure qui éprouvera encore leur couple, au travail comme à la ville.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Angor »

Avec « Angor« , Sylvain Runberg signe une adaptation remarquable du roman de Franck Thilliez, plongeant le lecteur dans une intrigue aussi complexe que fascinante. Associé au talent graphique de Luc Brahy, cet album s’impose comme une réussite dans l’univers de la bande dessinée contemporaine.

L’histoire, oscillant entre enquête policière et drame psychologique, nous emmène aux côtés de Camille, jeune greffée hantée par des visions inquiétantes, et du duo Sharko et Henebelle, confronté à des mystères d’une noirceur oppressante. La richesse du scénario, couplée à une tension savamment dosée, maintient l’intérêt du lecteur du début à la fin.

extrait bd Angor

Luc Brahy, avec son dessin précis et réaliste, sublime l’atmosphère pesante du récit. Les décors détaillés et les jeux d’ombre et de lumière renforcent le caractère dramatique de chaque scène, tandis que les couleurs de Greg Lofé ajoutent une profondeur saisissante aux planches.

Sylvain Runberg parvient à transcrire l’univers de Franck Thilliez avec une fidélité qui ne trahit pas l’œuvre originale. Son écriture fluide et rythmée témoigne d’une maîtrise narrative qui plaira autant aux amateurs du romancier qu’aux passionnés de bande dessinée.

« Angor » est une œuvre immersive et percutante qui confirme que la bande dessinée est un support parfaitement adapté pour les thrillers psychologiques. Un véritable tour de force.

Le Grand Monde

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Rue de Sèvres.


D’après le livre de Pierre Lemaitre publié le 25 janvier 2022.

couverture bd Le Grand Monde

Beyrouth, 1948.


Les enfants de la famille Pelletier quittent le foyer familial en quête de sens et d’indépendance.
De Paris à Saigon, toutes et tous vont se confronter aux réalités de la vie, dans le monde fracturé de l’après-guerre.

Après la fresque des Enfants du désastre, Christian de Metter poursuit son remarquable travail d’adaptation de l’oeuvre de Pierre Lemaitre.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Grand Monde »

Avec Le Grand Monde, Christian De Metter signe une adaptation magistrale du roman de Pierre Lemaitre, plongeant le lecteur dans une fresque familiale et historique captivante. Située entre 1946 et 1960, cette œuvre explore les destins croisés des quatre enfants Pelletier, de Beyrouth à Paris en passant par Saïgon, sur fond de Trente Glorieuses et de bouleversements post-coloniaux.

Une narration riche et immersive
Le récit mêle habilement chronique familiale et polar, avec des intrigues multiples : une enquête criminelle en France, des magouilles financières en Indochine, et des secrets enfouis menaçant l’équilibre familial.
Chaque personnage est finement développé : François, journaliste ambitieux ; Étienne, confronté aux zones d’ombre du colonialisme ; Hélène, tiraillée entre ses rêves artistiques et les réalités parisiennes ; et Jean, écrasé par ses échecs personnels. La structure narrative en flashbacks maintient une tension constante, tandis que les thèmes abordés – quête d’identité, héritage familial et désillusion – résonnent avec une profondeur universelle.

extrait bd Le Grand Monde

Un style graphique saisissant
Le dessin de Christian De Metter est un véritable atout. Son utilisation subtile des gris colorés capture parfaitement l’atmosphère pesante de l’après-guerre et les contrastes entre les lieux : la moiteur lumineuse de Saïgon, le gris bétonné de Paris, ou encore la chaleur méditerranéenne de Beyrouth. La noirceur du trait accentue l’intensité dramatique des scènes clés tout en renforçant l’aspect policier du récit. La mise en couleurs numérique ajoute une dimension émotionnelle qui sublime chaque planche.


Le Grand Monde est une œuvre dense et passionnante qui séduira les amateurs de récits historiques et d’intrigues complexes. Par son réalisme et sa richesse narrative, elle s’adresse autant aux lecteurs fidèles de Pierre Lemaitre qu’à ceux découvrant son univers. Une lecture incontournable pour quiconque apprécie les bandes dessinées ambitieuses et immersives.

Simon et Lucie – Les ciels changeants

Album publié en 2024 aux éditions Rivages.


Résumé éditeur

Adapté de trois textes de l’œuvre de DiastèmeLa nuit du thermomètre (2001), 107 ans (2004) et La paix dans le monde (2019).

couverture bd Simon et Lucie - Les ciels changeants

Ce sont deux adolescents qui s’aiment, et ils ont le monde entier face à eux. En créant leur histoire et en la logeant dans les pages d’une bande dessinée, Diastème et Alain Kokor offrent à Lucie et Simon un sanctuaire d’une infinie poésie.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Simon et Lucie – Les ciels changeants »

« Simon et Lucie – Les ciels changeants » d’Alain Kokor est une bande dessinée qui captive par sa poésie visuelle et narrative, tout en nous faisant découvrir des lieux bien réels comme Paimpol, une charmante ville des Côtes-d’Armor.

En nous plongeant dans l’univers de deux adolescents en quête de repères, Alain Kokor parvient à évoquer avec une profonde subtilité les tumultes de l’amour naissant, tout en illustrant la fragilité de la jeunesse face aux incertitudes de la vie.

Les illustrations d’Alain Kokor, délicates et empreintes d’une grande sensibilité, traduisent admirablement les émotions des personnages. Le choix des couleurs, qui oscille entre des teintes douces et des touches plus vives, révèle l’état d’âme changeant des protagonistes. Le trait est à la fois fluide et expressif, offrant au lecteur une immersion totale dans cette réalité où le rêve et la mélancolie se mêlent intimement.

extrait bd Simon et Lucie - Les ciels changeants

Le récit alterne entre le passé et le présent, offrant une structure narrative qui évite la linéarité et permet une exploration en profondeur des sentiments des personnages. Cette construction narrative ajoute une richesse supplémentaire à l’histoire, éclairant les blessures intérieures des deux jeunes protagonistes et leur besoin de s’évader d’une réalité souvent trop dure à supporter. Alain Kokor a su adapter les trois volets de la pièce de théâtre en un seul ouvrage, rendant le récit plus accessible tout en conservant l’intensité émotionnelle.

Alain Kokor réussit ainsi à dépeindre avec une poignante justesse la complexité des émotions adolescentes, tout en ancrant le récit dans des paysages qui lui sont chers.
Une œuvre touchante, où la réalité et la poésie s’entrelacent, offrant une réflexion douce-amère sur la résilience, la quête d’amour et l’attachement aux lieux. Un véritable bijou à ne pas manquer.

Tant que nous sommes vivants

Bande dessinée publiée en 2022 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Anne-Laure Bondoux publié en 25 septembre 2014.

couverture bd bd Tant que nous sommes vivants

Fuyant la guerre, un homme et une femme se sont réfugiés dans une forêt inconnue. L’homme, Bo, est un colosse.

La femme, Hama, a perdu ses deux mains. Elle donne naissance à une fille, Tsell. Tous trois sont bientôt recueillis par un petit peuple vivant sous terre dans un immense refuge, un véritable dédale de galeries : le Bas.


D’où viennent Bo et Hama ? Quels malheurs ont-ils subis, qui les ont forcés à quitter leur foyer ? Quelle est leur histoire ?

Un récit graphique dense, puissant et hypnotique, adapté du roman d’Anne-Laure Bondoux.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Tant que nous sommes vivants »

Frédéric Bihel, avec son adaptation de « Tant que nous sommes vivants« , propose une bande dessinée qui transcende les frontières du genre. Adaptée du roman d’Anne-Laure Bondoux, cette œuvre graphique nous entraîne dans un monde où se mêlent le fantastique et la réalité, le tout enveloppé dans une atmosphère à la fois onirique et sombre.

Le récit suit Bo et Hama, un couple fuyant la guerre, qui trouve refuge dans un monde souterrain mystérieux. La narration, tout en délicatesse, dévoile progressivement les tragédies qui ont façonné leurs vies, créant un lien émotionnel puissant entre les personnages et le lecteur. Bihel, à travers son art, parvient à capter la profondeur de ces émotions, rendant chaque planche presque palpable.

Graphiquement, l’album est un tour de force. Les illustrations de Bihel, tout en nuances, capturent à la perfection la dualité de l’histoire : la beauté fragile de l’amour face à l’âpreté de la survie. L’utilisation de couleurs sombres et de lumières tamisées renforce l’ambiance oppressante du récit, tout en offrant des moments de pure poésie visuelle.

En résumé : une œuvre à la fois bouleversante et envoûtante, qui restera gravée dans l’esprit des lecteurs longtemps après la dernière page tournée.
« Tant que nous sommes vivants » est un exemple brillant de la manière dont la bande dessinée peut fusionner avec la littérature pour créer une expérience narrative unique.


Mangez-le si vous voulez

Album publié en 2020 aux éditions du Delcourt.


Résumé éditeur

D’après le roman de Jean Teulé publié le 7 mai 2009.

couverture bd Mangez-le si vous voulez

À l’été 1870, alors que la puissance de l’armée prussienne décide du sort du second Empire, le moral du peuple français est au plus bas.

Quand un jeune notable de Dordogne, Alain de Monéys, se rend à la foire d’Hautefaye, il ne sait pas que c’est pour y subir les pires tortures, jusqu’à son meurtre et sa dévoration par une foule rendue hystérique d’avoir cru l’entendre dire : « à bas la France »…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Mangez-le si vous voulez »

Dans Mangez-le si vous voulez, Dominique Gelli revisite avec audace un épisode choquant de l’Histoire française, un fait divers tragique survenu en 1870 dans un village de Dordogne.

Adaptée du roman de Jean Teulé, cette bande dessinée n’adoucit aucunement la réalité : Dominique Gelli peint, à travers un graphisme ciselé et des choix narratifs percutants, la montée irrationnelle de la violence collective.

extrait bd Mangez-le si vous voulez

L’univers visuel de Dominique Gelli fascine par sa force d’évocation. Le trait, oscillant entre précision et distorsion, renforce l’intensité émotionnelle du récit. Les visages déformés par la colère, l’utilisation des ombres, et des cadrages serrés créent une atmosphère oppressante, presque asphyxiante, qui entraîne le lecteur dans une spirale de tension. Loin de chercher à adoucir les scènes, Dominique Gelli montre avec une maîtrise glaçante le basculement de gens ordinaires en bourreaux déchaînés.

Le scénario, fidèle à l’œuvre originale, évite les écueils de la simple illustration d’horreur. Au contraire, il invite à une réflexion profonde sur la folie de la foule, sur la manière dont un individu peut devenir le catalyseur de peurs et d’angoisses refoulées. En dépeignant avec tant de justesse la déshumanisation progressive de ses personnages, Dominique Gelli nous offre une lecture poignante, qui, malgré l’horreur, parvient à interroger notre propre rapport à l’inhumanité.

Mangez-le si vous voulez dépasse le simple fait divers pour se transformer en un miroir troublant de nos pulsions humaines, un ouvrage captivant et inoubliable pour tout amateur de bande dessinée engagée.