L’orangeraie

Album publié en 2025 aux Editions Rue de Sèvres.
Résumé éditeur
Adapté du roman de Larry Tremblay publié pour la première fois le 10 septembre 2013.

Amed et Aziz, frères jumeaux de neuf ans, vivent paisiblement à l’ombre des orangers.
Mais un jour, un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents et s’emparant de leur enfance.
Un des chefs du village demande alors à leur père de sacrifier un de ses fils derrière les lignes ennemies, en hommage aux défunts.
L’amour d’une mère peut cependant influer sur le destin.
La bd « L’orangeraie » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’orangeraie »
Cette adaptation en bande dessinée du roman de Larry Tremblay est une réussite artistique. L’orangeraie, paru aux éditions Rue de Sèvres en mai 2025, transforme avec délicatesse le bouleversant récit de deux frères jumeaux confrontés aux horreurs de la guerre.
L’histoire d’Amed et Aziz, ces jumeaux de neuf ans dont l’existence paisible bascule lorsqu’un obus tue leurs grands-parents, trouve dans cette adaptation graphique sa quatrième incarnation. Après le roman primé de 2013, traduit en 23 langues et récompensé par une douzaine de prix littéraires, l’œuvre a déjà conquis les planches théâtrales en 2016 et inspiré un opéra en 2021.
Pierre Lecrenier déploie ici un style visuel remarquable. Son trait, que l’on peut qualifié de « sommaire » mais profondément expressif, traduit les états d’âme complexes des personnages. L’illustrateur belge, diplômé de l’École de Recherche Graphique de Bruxelles et habitué aux collaborations avec Larry Tremblay depuis Le Garçon au visage disparu, maîtrise parfaitement l’art de la suggestion.

La construction des planches révèle une créativité saisissante. Pierre Lecrenier multiplie les angles de vue et varie intelligemment les formats de vignettes, créant un rythme qui dynamise la narration. Les petites cases se multiplient parfois pour faire « exploser » la page, technique particulièrement efficace.
La mise en couleurs est l’un des points forts de cette adaptation. Pierre Lecrenier choisit des teintes douces qui contrastent délibérément avec la violence du sujet. Cette approche chromatique renforce paradoxalement son impact émotionnel. Les scènes nocturnes, moments privilégiés de réflexion, s’appuient sur des pigments plus sombres, notamment le turquoise et le noir.
L’adaptation respecte l’intention originale de Larry Tremblay : ne situer ni dans le temps ni l’espace cette tragédie familiale. Cette indétermination géographique et temporelle transforme l’œuvre en parabole universelle sur les conséquences dévastatrices de la guerre sur l’enfance.
Cette adaptation graphique de L’orangeraie est une œuvre sensible et touchante, où la maîtrise technique de Pierre Lecrenier sert la puissance du scénario de Larry Tremblay. A lire sans hésitation.