Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

L’orangeraie

Album publié en 2025 aux Editions Rue de Sèvres.


Adapté du roman de Larry Tremblay publié pour la première fois le 10 septembre 2013.

couverture bd L'orangeraie

Amed et Aziz, frères jumeaux de neuf ans, vivent paisiblement à l’ombre des orangers.
Mais un jour, un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents et s’emparant de leur enfance.
Un des chefs du village demande alors à leur père de sacrifier un de ses fils derrière les lignes ennemies, en hommage aux défunts.
L’amour d’une mère peut cependant influer sur le destin.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’orangeraie »

Cette adaptation en bande dessinée du roman de Larry Tremblay est une réussite artistique. L’orangeraie, paru aux éditions Rue de Sèvres en mai 2025, transforme avec délicatesse le bouleversant récit de deux frères jumeaux confrontés aux horreurs de la guerre.

L’histoire d’Amed et Aziz, ces jumeaux de neuf ans dont l’existence paisible bascule lorsqu’un obus tue leurs grands-parents, trouve dans cette adaptation graphique sa quatrième incarnation. Après le roman primé de 2013, traduit en 23 langues et récompensé par une douzaine de prix littéraires, l’œuvre a déjà conquis les planches théâtrales en 2016 et inspiré un opéra en 2021. 

Pierre Lecrenier déploie ici un style visuel remarquable. Son trait, que l’on peut qualifié de « sommaire » mais profondément expressif, traduit les états d’âme complexes des personnages. L’illustrateur belge, diplômé de l’École de Recherche Graphique de Bruxelles et habitué aux collaborations avec Larry Tremblay depuis Le Garçon au visage disparu, maîtrise parfaitement l’art de la suggestion.

extrait bd L'orangeraie

La construction des planches révèle une créativité saisissante. Pierre Lecrenier multiplie les angles de vue et varie intelligemment les formats de vignettes, créant un rythme qui dynamise la narration. Les petites cases se multiplient parfois pour faire « exploser » la page, technique particulièrement efficace.

La mise en couleurs est l’un des points forts de cette adaptation. Pierre Lecrenier choisit des teintes douces qui contrastent délibérément avec la violence du sujet. Cette approche chromatique renforce paradoxalement son impact émotionnel. Les scènes nocturnes, moments privilégiés de réflexion, s’appuient sur des pigments plus sombres, notamment le turquoise et le noir.

L’adaptation respecte l’intention originale de Larry Tremblay : ne situer ni dans le temps ni l’espace cette tragédie familiale. Cette indétermination géographique et temporelle transforme l’œuvre en parabole universelle sur les conséquences dévastatrices de la guerre sur l’enfance.

Cette adaptation graphique de L’orangeraie est une œuvre sensible et touchante, où la maîtrise technique de Pierre Lecrenier sert la puissance du scénario de Larry Tremblay. A lire sans hésitation.

Le garçon qui ne voulait pas mourir

Album publié en 2025 aux Editions Albin Michel.


Adapté du livre pour enfant « The Boy Who Didn’t Want to Die » de Peter Lantos publié le 5 janvier 2023.

Un survivant raconte.

L’histoire vraie du périple d’un garçon de cinq ans dans une Europe déchirée par la Seconde Guerre mondiale.

Parce qu’ils sont juifs, Peter et sa famille sont contraints de quitter la petite ville hongroise de Makó. Ils entament alors un terrible voyage à travers l’Autriche et l’Allemagne. Préservé par ses parents, Peter ne prend pas immédiatement la pleine mesure du drame qui se joue…

Peter Lantos se replonge dans ses souvenirs afin de nous livrer un témoignage poignant, sur lequel plane l’ombre de Bergen-Belsen.

80 ans après la libération du camp de concentration, un ouvrage mémoriel essentiel, récit d’une survie et d’un espoir rendu invincible par l’amour maternel.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le garçon qui ne voulait pas mourir »

Adaptation fidèle du témoignage autobiographique de Peter Lantos, « Le Garçon qui ne voulait pas mourir » se déploie en bande dessinée sous le trait délicat et expressif de Victoria Stebleva. Déporté à cinq ans de Makó (Hongrie) au camp de Bergen-Belsen en 1944, Peter Lantos offre une plongée dans la conscience enfantine confrontée à l’horreur nazie, sans jamais céder à la complaisance.

Peter Lantos, devenu neuroscientifique et auteur de renom, transpose ici son ouvrage « The Boy Who Didn’t Want to Die ». Chaque planche suit le regard émerveillé ou effrayé du jeune garçon, créant une montée dramatique maîtrisée. Les silences, ponctués par de rares bulles et légendes sobres, renforcent la puissance émotionnelle.

extrait bd Le garçon qui ne voulait pas mourir

Le dessin en noir et blanc de Victoria Stebleva se pare de touches de bleu – symboles d’espoir et de répit – offrant une respiration visuelle bienvenue. Ces accents colorés éclairent les instants de chaleur humaine : un regard maternel, une prière chuchotée, un sourire malgré la terreur. Le contraste entre les ombres profondes et les pleins clairs souligne la dualité du récit, entre angoisse et résistance intérieure. La composition des cases, souvent centrée sur les gros plans, focalise l’attention sur l’expression des personnages, rendant palpable l’intensité des émotions.

« Le Garçon qui ne voulait pas mourir » s’inscrit dans la tradition des récits graphiques de la Shoah, tout en renouvelant l’approche. En mettant l’accent sur l’amour familial et la capacité de l’enfant à trouver des bribes d’espoir, Peter Lantos et Victoria Stebleva offrent une réflexion sur la résilience humaine. Cette bande dessinée s’adresse à un large public, y compris aux jeunes lecteurs, et constitue un outil précieux de transmission mémorielle. Elle rappelle, soixante-dix ans après les faits, que la lumière peut jaillir de l’obscurité lorsque l’esprit refuse de mourir.


Lieu visité par la bd pendant la Seconde Guerre Mondiale

Camp de Bergen-Belsen

Son odeur après la pluie

Album publié en 2025 aux Editions Le Lombard.


Adapté du roman de Cédric Sapin-Defour publié pour la première fois le 29 mars 2023.

C’est une histoire d’amour, de vie et de mort, entre un homme, Cédric, et son chien, Ubac, un bouvier bernois dont la présence devient vite essentielle. Mais le vrai héros, c’est leur lien : unique, universel, dépassant bien des relations humaines.

Pendant treize ans, ils partagent rires, inquiétudes et moments fugaces d’intensité, jusqu’à ce que la mort impose son absence. Véritable ode à la vie, ce récit explore l’amour inconditionnel, la vie qui file trop vite, et ces souvenirs persistants, comme une odeur aimée qui reste gravée, même après la pluie.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Son odeur après la pluie »

L’adaptation en BD du succès littéraire de Cédric Sapin-Defour par José Luis Munuera constitue plus qu’une simple adaptation. Cette bande dessinée, parue en mai 2025 aux éditions du Lombard, parvient à saisir l’essence d’un récit qui a touché plus d’un million de lecteurs en explorant la relation indéfectible entre un homme et son chien bouvier bernois, Ubac.

José Luis Munuera structure son récit en six chapitres qui épousent les treize années de vie commune entre Cédric et Ubac, de l’adoption du chiot à l’inévitable séparation. Le dessinateur espagnol fait preuve d’une capacité d’adaptation, se réappropriant le texte original avec une justesse étonnante pour une première écriture en français. 
Il ne se contente pas d’illustrer : il réinvente par le dessin, ajoutant des perspectives inédites comme ces passages où la narration bascule du point de vue de Cédric à celui d’Ubac, révélant l’univers olfactif du chien avec une poésie visuelle saisissante.

extrait bd Son odeur après la pluie

Le style graphique de José Luis Munuera trouve ici une nouvelle dimension. Inspiré par la tradition franco-belge classique tout en intégrant une modernité subtile, son trait équilibré et réaliste sait rendre compte des sentiments autant que des paysages alpins magnifiés par les couleurs de Sedyas. L’auteur a minutieusement étudié la morphologie des bouviers bernois dans des élevages pour donner à Ubac une crédibilité égale à celle des personnages humains.

José Luis Munuera utilise habilement la verticalité et l’horizontalité pour traduire visuellement la transformation de Cédric : d’alpiniste tourné vers les cimes, il découvre le monde à ras du sol, guidé par son compagnon. Le découpage, les grandes cases contemplatives et l’usage de la double page créent cette poésie propre à la bande dessinée.

Cette adaptation s’adresse autant aux lecteurs du roman qu’aux amateurs de bande dessinée en quête d’émotion authentique. José Luis Munuera signe une BD qui honore la mémoire d’Ubac.

Fangirl – Tome 2

Album publié en 2025 aux Editions Delcourt.


Adapté du roman de Rainbow Rowell publié pour la première fois le 21 février 2014.

couverture bd Fangirl - Tome 2

Depuis son arrivée à la fac, Cath est totalement déboussolée !
Alors qu’elle pensait qu’écrire ses fanfictions et passer du temps avec sa sœur jumelle étaient ses deux occupations favorites, la voici qui commence peu à peu à tout remettre en question en sortant de sa zone de confort.
Car pour la première fois de sa vie, Cath a de nouveaux amis !
Mais si, à bien y regarder, le cercle de Cath avait tout du… triangle amoureux ?


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Fangirl – Tome 2 »

Avec ce deuxième tome, l’adaptation en bande dessinée du célèbre roman de Rainbow Rowell par Sam Maggs et Gabi Nam franchit un cap décisif dans l’exploration de la maturation émotionnelle. Paru en avril 2025 chez Delcourt dans la collection Waves, ce volume de 224 pages poursuit la chronique universitaire de Cath, jeune autrice de fanfictions confrontée aux bouleversements de l’âge adulte.

Le scénario de ce deuxième tome excelle dans la représentation de l’évolution psychologique de Cath, particulièrement dans sa gestion des relations interpersonnelles complexes. L’éloignement progressif avec sa sœur jumelle Wren constitue le nœud dramatique central, révélant les failles d’une codépendance héritée du trauma familial. La construction du triangle amoureux naissant entre Cath, Levi et Reagan s’articule avec subtilité, évitant les écueils du mélodrame adolescent.

extrait bd Fangirl - Tome 2

Le style graphique de Gabi Nam, inspiré des codes du webtoon mais adapté au format papier en noir et blanc, sert admirablement la dimension introspective du récit. Son trait épuré et expressif capture avec justesse la timidité de Cath à travers des postures corporelles subtiles et des expressions faciales nuancées. La mise en page verticale crée un rythme de lecture fluide qui accompagne naturellement l’évolution émotionnelle des personnages.

Ce deuxième tome confirme la réussite de cette adaptation en conjuguant fidélité au roman original et créativité visuelle. 


Fangirl – Tome 1

Album publié en 2024 aux Editions Delcourt.


Adapté du roman de Rainbow Rowell publié pour la première fois le 21 février 2014.

couverture bd Fangirl - Tome 1

Cath n’a pas besoin d’amis. Elle a sa soeur jumelle, Erin, et sa popularité en tant qu’autrice de fanfictions dans l’univers de Simon Snow lui vaut plusieurs milliers de fans !

Mais voilà : tout juste arrivée à la fac, Cath se retrouve bien loin de sa zone de confort. Et que dire de tous ces inconnus qui s’invitent désormais dans sa vie ?!


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Fangirl – Tome 1 »

Adapté du roman à succès de Rainbow RowellFangirl – Tome 1 est une œuvre captivante qui mêle habilement les codes du manga et du roman graphique. Sous la plume de Sam Maggs et avec les illustrations délicates de Gabi Nam, cette adaptation explore les défis émotionnels et créatifs de Cath, une jeune étudiante introvertie passionnée par l’écriture de fanfictions.

Le récit s’articule autour des thèmes de la transition vers l’âge adulte, de l’identité personnelle et des relations humaines. Cath, confrontée à la séparation avec sa sœur jumelle et à la vie universitaire, trouve refuge dans son monde intérieur et sa passion pour les fanfictions.
Les personnages sont finement construits, notamment Cath, dont les émotions complexes sont mises en lumière avec une grande sensibilité. Les interactions avec les différents protagonistes ajoutent profondeur et nuance au récit, tout en reflétant les tensions entre introversion et ouverture sociale.

extrait bd bd Fangirl - Tome 1

Le style graphique de Gabi Nam est un véritable atout. Inspiré du manga shojo, il se distingue par sa finesse et sa capacité à transmettre les émotions des personnages. Les expressions faciales sont particulièrement réussies, rendant Cath vulnérable mais attachante. Les transitions visuelles entre le monde réel et celui des fanfictions sont fluides et enrichissent l’expérience narrative.

Fangirl – Tome 1 est une adaptation réussie qui saura séduire les fans du roman original ainsi que les amateurs de mangas. Une œuvre à recommander pour son mélange harmonieux d’émotions, d’humour et de délicatesse artistique.


Jefferson

Album publié en 2025 aux Editions Gallimard.


Adapté du roman de Jean-Claude Mourlevat publié pour la première fois le 2 avril 2018.

couverture bd Jefferson

Venu se faire rafraîchir la houppette au salon Défini-Tif, le hérisson Jefferson découvre l’horreur : M. Edgard, son coiffeur, gît sur le sol, assassiné.
Aussitôt accusé du crime, Jefferson est contraint de se cacher, avec l’aide de son meilleur ami, le cochon Gilbert.
Décidés à trouver les coupables, ils remontent une piste mystérieuse qui les entraînent au pays des êtres humains.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Jefferson »

Adaptée du roman éponyme de Jean-Claude Mourlevat, la bande dessinée Jefferson par Antoine Ronzon transpose avec brio l’univers tendre et engagé de l’œuvre originale dans un format graphique accessible dès 8 ans. Antoine Ronzon, déjà illustrateur du roman, conserve la profondeur du récit tout en offrant une expérience visuelle immersive, fidèle à l’esprit de Jean-Claude Mourlevat.

Derrière l’apparence d’un polar jeunesse, Jefferson aborde des sujets d’une grande actualité : la discrimination, les fake news et la solidarité. L’intrigue, centrée sur un hérisson injustement accusé du meurtre de son coiffeur, devient le prétexte à une réflexion éthique sur notre rapport aux animaux et à l’autre. L’amitié entre Jefferson et Gilbert, son complice porcin, insuffle au récit une chaleur et une humanité qui touchent autant les jeunes lecteurs que leurs aînés.

extrait bd Jefferson

Le trait d’Antoine Ronzon séduit par sa douceur et sa lisibilité, avec des effets de crayonné et des nuances qui apportent une atmosphère à la fois réconfortante et mélancolique. Ce choix esthétique accentue la dualité du récit : la gravité des thèmes côtoie l’humour pince-sans-rire et la fantaisie des personnages anthropomorphes. La mise en scène, dynamique et expressive, accompagne parfaitement les rebondissements de l’enquête et la palette d’émotions traversées par Jefferson.

Jefferson est une réussite, tant pour la finesse de son propos que pour la qualité de son adaptation graphique. Cette bande dessinée s’adresse à un public familial. Un ouvrage à recommander sans réserve, qui allie divertissement, réflexion et émotion.

Barbe bleue

Album publié en 2023 aux Editions Albin Michel.


Adapté du roman de Amélie Nothomb publié pour la première fois le 22 aout 2012.

couverture BD Barbe bleue

« La colocataire est la femme idéale ! »

Ainsi parle Don Elemirio, grand d’Espagne et ermite en son immense appartement du VIIe arrondissement de Paris. 
Comme dans le fameux conte de Perrault, les règles de la colocation sont simples : seule une pièce est interdite, la chambre noire.
Or Saturnine Puissant, doit justement trouver à se loger. Autonome, cultivée, brillante, l’héroïne, ne sait que penser du richissime original. Mais surtout que sont devenues ses huit colocataires précédentes ? Auraient-elles transgressé l’interdit ?

Saturnine devra éviter les pièges et manipuler le manipulateur.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Barbe bleue »

La bande dessinée Barbe bleue, adaptée par Camille Benyamina du roman d’Amélie Nothomb, est une œuvre fascinante qui réussit à transposer avec brio l’univers littéraire de l’autrice belge dans un format visuel.
Cette réinterprétation moderne du conte de Perrault, où le personnage de Barbe Bleue devient Don Elemirio, un aristocrate énigmatique et excentrique, séduit par son audace narrative et son esthétique soignée.

Le récit, centré sur la confrontation entre Saturnine Puissant, une héroïne intelligente et indépendante, et Don Elemirio, explore des thèmes tels que la curiosité, le pouvoir et les limites du respect mutuel. Camille Benyamina parvient à enrichir cette dynamique grâce à un travail remarquable sur les couleurs. Celles-ci jouent un rôle central dans l’histoire, reflétant les obsessions du personnage masculin et donnant une profondeur visuelle aux scènes oniriques. L’utilisation de l’aquarelle apporte une douceur et une chaleur qui contrastent avec la tension sous-jacente de l’intrigue.

extrait bd Barbe bleue

Le dessin de Camille Benyamina, tout en restant fidèle à l’esprit du roman, s’autorise des libertés créatives qui renforcent l’impact émotionnel de certaines scènes. Par exemple, la représentation de la fameuse chambre interdite sur une double page muette est saisissante et marque un des moments forts de l’album.

Barbe bleue est une adaptation réussie qui allie finesse narrative et richesse visuelle. Elle ravira autant les amateurs d’Amélie Nothomb que les passionnés de bandes dessinées, offrant une lecture captivante et élégante.

Pardonne-moi Natacha

Album publié en 2010 aux Editions du Triomphe.


Adapté du roman de Sergei Kourdakov (publié pour la première fois en France le 15 septembre 2006).

Sergei Kourdakov connaît une enfance difficile et grandit dans les sinistres orphelinats de l’Union soviétique poststalinienne.
Par son charisme et son intelligence, il s’élève vite dans l’échelle sociale communiste et accepte la mission de ‘confiance’ du KGB : traquer et persécuter les « religiosniki ».
Le regard de Natacha va pourtant le bouleverser au point de le faire fuir son pays et son confort.
Recueilli au Canada, il n’aura de cesse de témoigner de sa conversion jusqu’à sa mort ‘accidentelle’, à l’âge de 22 ans.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Pardonne-moi Natacha »

« Pardonne-moi Natacha » plonge le lecteur dans l’URSS des années 1970 à travers le parcours déchirant de Sergeï Kourdakov, ancien tortionnaire du KGB converti en symbole de rédemption. Scénarisée par Guy Lehideux et dessinée par Hadi Temglit, cette BD mêle avec brio rigueur historique et tension narrative, offrant une immersion glaçante dans les mécaniques de la répression soviétique..

Une conversion aussi brutale que poignante
Le récit s’articule autour de la métamorphose de Sergeï, jeune prodige du système communiste chargé de persécuter les religiosniki (croyants). La rencontre avec Natacha, dont le regard « bouleverse » sa froideur idéologique, sert de pivot émotionnel. Les auteurs évitent le manichéisme : la violence des rafles est montrée sans fard, tandis que la chute du personnage principal – fuite au Canada, mort suspecte à 22 ans – conserve une aura tragique.

Un duo artistique au service du réalisme
Hadi Temglit opte pour un trait précis, presque documentaire, qui restitue l’austérité des paysages urbains soviétiques et l’intensité des expressions. Guy Lehideux, spécialiste des biographies en BD, structure le scénario en courts chapitres dynamiques, alternant flashbacks et témoignages. Leur collaboration avec l’Aide à l’Église en Détresse apporte une authenticité troublante aux scènes de persécution religieuse.

Bien plus qu’une leçon d’Histoire
La force de cet album réside dans sa capacité à humaniser un bourreau. En montrant comment la foi d’une victime ébranle un système, la BD transcende son contexte pour interroger la liberté intérieure face à l’oppression. 

Le Serpent majuscule

Album publié en 2025 aux éditions Rue de Sèvres.


Résumé éditeur

Adapté du roman de Pierre Lemaitre publié le 12 mai 2021.

couverture bd Le Serpent majuscule

Mathilde est une tueuse à gages septuagénaire. Henri, son ancien camarade dans la Résistance pour qui elle exécute les missions, tente de la protéger. Mais, imprévisible, les accès de violences de Mathilde et son manque de discrétion inquiètent ses véritables commanditaires qui décident de l’éliminer avant qu’elle ne devienne incontrôlable.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Serpent majuscule »

Le Serpent majuscule de Dominique Monféry, adaptation en bande dessinée du premier roman de Pierre Lemaitre, s’impose comme un polar graphique d’une rare originalité. Plongée dans la France des années 1980, l’œuvre met en scène Mathilde, septuagénaire à l’apparence inoffensive, mais tueuse à gages redoutable, dont les accès de violence et la discrétion déclinante inquiètent ses commanditaires, anciens camarades de la Résistance.

La narration, portée par l’humour noir et le ton pince-sans-rire de Pierre Lemaitre, oscille entre jubilation macabre et émotion sourde. Mathilde, loin des archétypes du genre, séduit par sa complexité : femme vieillissante, oscillant entre lucidité et premiers signes de déclin, elle navigue dans une spirale sanglante où l’humanité affleure derrière la brutalité. Le récit, dense et fluide, multiplie les rebondissements et dresse une galerie de personnages secondaires attachants.

extrait bd Le Serpent majuscule

Graphiquement, Dominique Monféry sublime le scénario par un style pastel et aquarelle, rehaussé de tons sépia qui évoquent magnifiquement l’atmosphère rétro des années 80. Les visages expressifs, le découpage classique dynamisé lors des scènes d’action, et la colorisation subtile confèrent à l’ensemble une dimension cinématographique. Chaque planche, loin de l’exercice de style, sert la tension et l’ironie du récit.

Le Serpent majuscule s’adresse aux amateurs de polar noir, de récits atypiques et de personnages hors normes. Un album à la fois jubilatoire et implacable, qui renouvelle le genre avec une audace réjouissante et un sens du détail graphique remarquable. À découvrir sans hésitation !

Le Roi des fauves – Tome 1 : Hadarfell

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Delcourt.


D’après le roman d’ Aurélie Wellenstein publié le 21 mai 2015.

couverture bd Le Roi des fauves -  Tome 1 : Hadarfell

Ivar, Oswald et Kaya sont amis depuis toujours. Alors que leur village meurt de faim et que le père d’Ivar tombe malade, ils décident d’aller braconner sur les terres du jarl… Mais sont pris sur le fait par son fils, accompagné de son maître d’armes.

La rencontre tourne au drame et voilà notre trio devenu hors-la loi. Pour les trois amis, c’est le début d’un long voyage au bout d’eux-mêmes.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Roi des fauves – Tome 1 : Hadarfell »

Dès les premières planches de Le Roi des fauves – Hadarfell, David Chauvel et Sylvain Guinebaud nous plongent dans un univers médiéval nordique d’une rare intensité, où la survie et la métamorphose se disputent. Adaptation du roman d’Aurélie Wellenstein, ce premier tome réussit le pari d’incarner la légende des berserkirs avec une originalité marquée, loin des clichés du genre.

Le récit s’ouvre sur la détresse d’un village frappé par la famine, où trois amis – Ivar, Kaya et Oswald – se retrouvent précipités dans une spirale tragique après avoir brisé un interdit. Leur condamnation à devenir des berserkirs, mi-humains mi-bêtes, amorce une réflexion sur la perte de l’humanité, la culpabilité et la lutte contre ses propres démons. David Chauvel excelle à nuancer la psychologie de ses personnages : Ivar, courageux mais tourmenté, Kaya, indépendante, et Oswald, intellectuel, révèlent rapidement des failles et des forces inattendues, rendant leur quête aussi haletante qu’émouvante

extrait bd Le Roi des fauves - Tome 1 : Hadarfell

Graphiquement, le trait puissant et précis de Sylvain Guinebaud donne un véritable charisme aux personnages, marqués par l’épreuve et la rudesse de leur monde. Les scènes d’action, nerveuses, alternent avec des moments de tension psychologique, renforcés par une mise en couleur sombre et contrastée signée Lou. Les flashbacks en noir et blanc apportent une dimension narrative supplémentaire, soulignant la frontière ténue entre l’innocence perdue et la violence subie.

Le Roi des fauves – Hadarfell s’impose ainsi comme une bande dessinée de dark fantasy ambitieuse, à la fois sombre et profondément humaine. Les amateurs de mythologie nordique, de récits initiatiques et de drames psychologiques y trouveront une BD captivante, servie par une esthétique immersive et un scénario exigeant. Un premier tome qui donne furieusement envie de découvrir la suite.