Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

Ce que nous avons perdu dans le feu

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions du Sous-Sol.


D’après les nouvelles de Maria Enriquez publié le 12 janvier 2017.

Mariana Enriquez, originaire d’Argentine, est pour moi l’écrivaine la plus intéressante actuellement : fantastique, gothique, étrange, incroyable.” Virginie Despentes

C’est la nuit, une voiture est à l’arrêt, un bidon d’essence gît non loin. Soudain, le véhicule prend feu, mais la femme au volant reste imperturbable. Sur le siège passager, un livre : Ce que nous avons perdu dans le feu.

Ainsi commence la superbe adaptation graphique de quatre nouvelles de Mariana Enriquez par le très talentueux Lucas Nine. Le réalisme envoûtant du dessinateur nous plonge dans une Buenos Aires inquiétante et mystérieuse, hantée de silhouettes fantasmagoriques, où les légendes urbaines se mêlent aux croyances populaires.
Les junkies errent dans les quartiers malfamés, des corps d’enfants mutilés surgissent dans les patios, il est question d’un serial killer, d’une femme qui souffre et qu’on prend pour folle, des eaux noires d’un fleuve où la mort semble tapie…

D’une histoire à l’autre, comme un fil rouge sang, ces flammes qui dévorent une voiture et sa conductrice. Ou serait-ce le Mal qui ronge la ville condamnée à l’horreur et la violence ?


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Ce que nous avons perdu dans le feu »

Avec Ce que nous avons perdu dans le feu, Lucas Nine livre une adaptation graphique magistrale des nouvelles de Mariana Enriquez, transposant avec brio l’univers sombre et fascinant de l’autrice argentine. Ce roman graphique, publié en 2025, explore les méandres d’une Buenos Aires à la fois réaliste et fantasmée, où le quotidien se mêle à l’effroi et au surnaturel.

extrait bd Ce que nous avons perdu dans le feu

Le trait de Lucas Nine, à la fois précis et évocateur, sublime les récits de Mariana Enriquez. Son utilisation subtile des couleurs, oscillant entre tons ternes et éclats saisissants, amplifie l’atmosphère oppressante et mélancolique des histoires. Chaque planche semble vibrer d’une tension palpable, où les silhouettes fantomatiques surgissent des ombres pour hanter le lecteur. Les thèmes abordés – la violence, la marginalité, les traumatismes collectifs – trouvent un écho visuel puissant dans ce travail graphique qui ne craint ni l’ambiguïté ni la noirceur.

L’adaptation se concentre sur quatre nouvelles emblématiques du recueil original, tissant un fil rouge autour de la destruction et de la résilience. Les flammes, omniprésentes, deviennent un symbole à la fois littéral et métaphorique : elles consument les corps et les âmes tout en révélant une vérité brutale sur une société marquée par ses blessures historiques.

En mêlant réalisme social et fantastique avec une telle maîtrise, Lucas Nine confirme son talent unique. Ce que nous avons perdu dans le feu est une œuvre à la croisée des genres, où l’horreur côtoie la poésie visuelle. Une lecture incontournable.

Les sirènes de Bagdad

Bande dessinée publiée en 2023 aux éditions Philéas.


D’après le roman de Yasmina Khadra publié le 17 aout 2006.

couverture bd Les sirènes de Bagdad

Le récit se déroule durant l’occupation de l’Irak par les troupes américaines : massacres, humiliations, tortures morales et physiques…

Un jeune Bédouin, habitant le village de Kafr Karam, vit paisiblement avec ses parents. Quand les GI investissent leur modeste maison et malmènent le patriarche devant sa famille, plus que le sang qu’il a déjà vu couler à plusieurs reprises, c’est l’humiliation de son propre père qui va faire basculer la vie du fils de cette famille.

Le jeune Bédouin va alors se métamorphoser en un prétendant au suicide terroriste.

Le récit décrypte pas à pas la démarche de manipulation mentale des leaders des organisations terroristes, depuis l’instant où ils ont repéré un candidat potentiel, affaibli par les circonstances de la vie, jusqu’au moment où ils le sentent prêt à franchir le pas.

Après  » Les Déracinés « , Winoc renoue avec un graphisme précis, documenté, pour donner à ses personnages le degré de réalisme nécessaire à l’empathie sans tomber dans la description photographique, trouvant le juste équilibre grâce –; notamment –; à sa palette colorée qui laisse la part belle au lumières orientales.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les sirènes de Bagdad »

« Les sirènes de Bagdad« , adapté par Winoc, est une bande dessinée poignante qui plonge le lecteur dans le chaos de l’occupation américaine en Irak.

Fidèle au roman de Yasmina Khadra, elle dépeint la transformation d’un jeune Bédouin en kamikaze, explorant les ravages psychologiques de la guerre.

Les illustrations de Winoc, sombres et évocatrices, capturent brillamment l’intensité émotionnelle et la dureté des situations.

extrait bd Les sirènes de Bagdad

Le scénario humanise les protagonistes, les présentant comme des victimes des circonstances, plutôt que des fanatiques irrationnels, offrant une réflexion nuancée sur la radicalisation.

Cette adaptation réussit à rendre hommage à l’œuvre originale tout en apportant une dimension visuelle percutante.

Elle interpelle le lecteur sur les dilemmes moraux et les désespoirs qui conduisent à la haine, faisant de « Les sirènes de Bagdad » une œuvre essentielle pour comprendre les complexités du conflit irakien.

La Commode aux tiroirs de couleurs

Album publié en 2021 aux éditions Bamboo.


Résumé éditeur

Adaptation du roman d’Olivia Ruiz parue le 3 juin 2020, Editions JC Lattès.

couverture bd La Commode aux tiroirs de couleurs

“Enfin, après tant d’années d’impatience domptée, je vais connaître le secret que renfermaient ces dix tiroirs. Ma grand-mère les nommait ses renferme-mémoire.”

À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

D’après le brillant premier roman d’Olivia Ruiz, cet album porte une fresque flamboyante sur l’exil qui a déjà conquis des centaines de milliers de lecteurs.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Commode aux tiroirs de couleurs »

« La Commode aux tiroirs de couleurs » est une œuvre qui fusionne habilement mémoire familiale et drame historique.

Adaptée du roman d’Olivia Ruiz, cette bande dessinée, scénarisée par Véronique Grisseaux et illustrée par Winoc et Amélie Causse, transporte le lecteur dans un voyage émotionnel à travers les vies entrelacées de plusieurs générations de femmes espagnoles.

À travers les tiroirs d’une mystérieuse commode, l’héroïne découvre des fragments du passé, des objets qui, chacun, raconte une histoire. Ces récits sont autant de fenêtres ouvertes sur les tourments du XXe siècle, marqués par l’exil et les blessures laissées par la dictature franquiste. Le format graphique parvient à capter l’intensité des émotions grâce à des illustrations délicates, magnifiées par des couleurs qui évoquent la chaleur et la nostalgie.

extrait bd La Commode aux tiroirs de couleurs

On pourrait regretter un traitement un peu trop superficiel du contexte historique, qui est abordé par petites touches sans être pleinement exploré. Malgré cela, l’œuvre séduit par son humanité, offrant un regard tendre et empathique sur les drames personnels et collectifs qui ont façonné ces femmes.

« La Commode aux tiroirs de couleurs » est une réussite qui, sans être parfaite, émeut profondément.

L’Attentat

Album publié aux éditions Glénat en 2022.


Adapté du roman de Yasmina Khadra publié le 20 juillet 2005.

couverture bd L'Attentat

Au cœur du conflit israélo-palestinien.

Amine Jaafari, arabe et israélien, est un chirurgien reconnu à Tel Aviv où il vit avec son épouse.

Un jour, après un attentat meurtrier, la police israélienne l’informe que la kamikaze est… sa femme.

Brisé par cette révélation, Amine décide d’aller à la rencontre de ceux qui l’ont poussée à commettre le pire.

À la recherche de la vérité, il va devoir se confronter à une réalité qu’il a refusée de voir, lui, l’Arabe si bien intégré du bon côté du mur.

Loïc Dauvillier et Glen Chapron signaient en 2012 une adaptation vibrante du roman de Yasmina Khadra, vendu à plus d’un million d’exemplaires en France et traduit dans plus de 20 pays.

Dix ans plus tard, cette tragédie au cœur du conflit israélo-palestinien reste malheureusement aussi pertinente et utile à la réflexion et aux mémoires. Évitant l’écueil des jugements de valeur, l’œuvre suscite plus de questions qu’elle ne donne de réponses et confronte le lecteur avec la douleur de chaque camp…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Attentat »

« L’attentat« , une œuvre poignante de Loïc Dauvillier et Glen Chapron, transpose brillamment le roman de Yasmina Khadra en bande dessinée.

Ce récit puissant suit Amine Jaafari, un chirurgien arabe israélien dont la vie bascule lorsque sa femme est identifiée comme kamikaze. Ce bouleversement personnel entraîne le lecteur dans une quête déchirante de vérité et de compréhension.

Dauvillier parvient à capter l’essence du roman de Khadra, en mettant en lumière les dilemmes moraux et les tragédies humaines au cœur du conflit israélo-palestinien.

Les illustrations de Chapron, avec leur style à la fois sobre et expressif, renforcent l’impact émotionnel de l’histoire, offrant une dimension visuelle qui accentue la profondeur du récit.

On ne peut que saluer la fidélité de l’adaptation et la manière dont elle aborde des thèmes complexes tels que le terrorisme, l’identité et le deuil sans tomber dans le manichéisme. Cette bande dessinée est non seulement une adaptation réussie, mais aussi une œuvre autonome puissante, invitant le lecteur à une réflexion profonde sur les conséquences personnelles de la violence et du conflit.

« L’attentat » est une lecture incontournable pour ceux qui cherchent à comprendre les réalités humaines derrière les événements tragiques. Cette bande dessinée démontre avec brio le potentiel de la BD pour traiter des sujets sérieux et émouvants.

Par la force des arbres

Bande dessinée publiée en 2023 aux éditions Rue de Sèvres.


D’après le roman d’ Edouard Cortés publié le 21 octobre 2020.

couverture bd Par la force des arbres

Comment retrouver de l’air quand le quotidien et son rythme infernal nous étouffe ?
Edouard Cortès a choisi, pour se libérer du « monde d’en bas », d’aller vers celui « du haut » : au bord du gouffre, il va quitter femme et enfants pendant plusieurs mois pour vivre dans une cabane de sa propre construction, nichée dans un arbre en pleine forêt.
Loin des réseaux sociaux et du tumulte de la société, il trouve une échappatoire dans le silence et la contemplation solitaire, et redécouvre des sensations essentielles au bien-être de chacun.
Après avoir retranscrit son histoire en roman, il laisse à Dominique Mermoux le soin d’adapter avec justesse et sensibilité cet étonnant récit de vie.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Par la force des arbres »

L’adaptation en bande dessinée de Par la force des arbres par Dominique Mermoux, tirée du roman autobiographique d’Édouard Cortès, s’affirme comme une œuvre sensible et riche en enseignements. À travers le récit d’un homme qui se retire dans une cabane perchée sur un chêne pour se reconnecter à la nature et à lui-même, cet album explore des thématiques très contemporaines.

Édouard Cortès, écrasé par les contraintes administratives et les échecs de son activité d’éleveur, décide de fuir un monde qui l’a vidé de son sens et de sa vitalité. À six mètres du sol, au cœur d’un chêne choisi comme refuge, il entreprend un cheminement à la fois intérieur et environnemental.

Cet isolement temporaire ne représente pas un rejet des hommes, mais un besoin viscéral de se retrouver, de panser ses blessures et de redécouvrir la beauté simple mais puissante de la nature.

Le récit, profondément humain, dialogue avec les grandes questions écologiques et existentielles de notre époque : comment habiter le monde sans l’épuiser ? Comment se redécouvrir en harmonie avec son environnement ?

L’illustration de Dominique Mermoux est une véritable ode à la nature. Ses dessins, précis et délicats, exaltent la faune et la flore du Périgord noir, transformant chaque planche en une fresque vivante et immersive. La palette douce et lumineuse, proche de l’aquarelle, offre une lecture apaisante . Les pages muettes, où le visuel prend le pas sur le texte, traduisent avec poésie la symbiose entre l’homme et la forêt.

extrait bd Par la force des arbres

Le récit, ponctué de réflexions sur le bonheur, la solitude, le lien familial et la préservation de la nature, échappe à l’écueil de la moralisation. Édouard ne cherche pas à imposer un modèle de vie, mais partage son expérience comme une parenthèse salvatrice dans un quotidien oppressant.
Ses observations philosophiques – sur le cycle de l’eau, la résilience des arbres ou encore la vacuité des objets de consommation – invitent le lecteur à ralentir et à contempler le monde avec une attention renouvelée. Pourtant, cette retraite n’est pas idéalisée : elle reste ancrée dans la réalité, avec ses limites et ses paradoxes. Édouard reste un homme moderne, utilisant des outils contemporains et maintenant un lien ténu avec ses proches.

Par la force des arbres est une méditation sur notre rapport à la nature et à nous-mêmes, une mise en garde contre les dérives de la société de consommation, et une exploration des voies possibles pour retrouver une vie pleine de sens. À la fois inspirant et apaisant, cet album parvient à toucher les lecteurs dans leur intimité tout en leur offrant une « bulle d’oxygène » bienvenue.

Dominique Mermoux et Édouard Cortès réussissent une adaptation fidèle du roman, où texte et image dialoguent avec harmonie. Une lecture à recommander à tous ceux en quête de sens, de nature et de sérénité.


Le syndrome [E]

Album publié aux éditions Philéas en 2020.


Adapté du roman de Franck Thilliez publié le 14 octobre 2010.

couverture bd Le syndrome [E]

L’adaptation en bande dessinée du célèbre roman de Franck Thilliez !

Un film mystérieux et malsain qui rend aveugle. Voilà de quoi gâcher les vacances de Lucie Henebelle, lieutenant de police à Lille, et de ses jumelles.
Cinq cadavres retrouvés atrocement mutilés, le crâne scié… Il n’en fallait pas plus à la Criminelle pour rappeler le commissaire Franck Sharko, en congé forcé pour soigner ses crises de schizophrénie.
Très vite, ces deux affaires pourtant éloignées semblent étroitement liées. De la casbah d’Alger aux orphelinats du Canada, les deux nouveaux coéquipiers vont mettre le doigt sur un mal inconnu, d’une réalité effrayante.

Le Syndrome [E], ici adapté par Sylvain Runberg et Luc Brahy, réunit pour la première fois les deux personnages récurrents des romans de Franck Thilliez, Lucie Henebelle et Franck Sharko.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le syndrome [E] »

L’adaptation en bande dessinée du thriller Le Syndrome [E], signé Sylvain Runberg (scénario) et Luc Brahy (dessin), offre une relecture visuelle audacieuse du roman culte de Franck Thilliez. Bien que l’exercice d’adaptation présente des défis, cette œuvre réussit à maintenir une grande partie de l’essence du roman tout en y apportant les particularités du médium graphique.

Un thriller condensé mais fidèle

Le scénario, malgré son format contraint, reste fidèle aux grandes lignes du roman. L’intrigue complexe, où deux enquêtes distinctes convergent, est maintenue : Lucie Hennebelle, confrontée à une mystérieuse bobine de film aux effets terrifiants, croise la route de Franck Sharko, chargé d’une enquête macabre sur des cadavres mutilés. Le suspense oppressant et la noirceur du récit original se retrouvent ici, bien que le passage du roman à la bande dessinée impose une condensation parfois frustrante.

extrait bd Le syndrome [E]

La représentation des personnages

L’un des attraits majeurs de cette adaptation est la mise en image des personnages emblématiques de Franck Thilliez : Lucie Hennebelle et Franck Sharko. Le Sharko de la BD, bien que fidèle dans sa rugosité et ses démons, semble moins marqué par la vie que dans le roman, un effet peut-être dû aux contraintes du format. Lucie, quant à elle, conserve sa dualité entre sa carrière de policière et son rôle de mère, mais cet aspect est moins développé que dans le roman.

Une atmosphère visuelle réussie

Le dessin réaliste et détaillé de Luc Brahy sert parfaitement l’intrigue. Les scènes violentes et les ambiances oppressantes sont restituées avec un soin particulier, renforcé par le travail remarquable de colorisation de Hugo S. Facio. Les jeux de lumière et de tonalité capturent à merveille les émotions et les tensions du récit.

En conclusion

Le Syndrome [E] en bande dessinée est une adaptation ambitieuse, offrant une relecture visuelle efficace du roman de Franck Thilliez. Bien que la densité narrative du roman souffre de la transition au format BD, l’atmosphère, l’intrigue et les personnages principaux sont bien retranscrits. Une œuvre à découvrir pour les fans de Franck Thilliez, mais qui aurait gagné peut-être à être approfondie pour pleinement exploiter les possibilités du médium de la bande dessinée.

Wool – The Graphic Novel ( Silo )

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Jet City Comics.


D’après le livre de Hugh Howey publié le 27 janvier 2012.

couverture bd Wool - The Graphic Novel ( Silo )

Wool comme vous ne l’avez jamais lu auparavant : le roman best-seller du New York Times désormais adapté en roman graphique, avec des illustrations en couleur de l’artiste Jimmy Broxton, et adapté par les auteurs populaires Jimmy Palmiotti et Justin Gray.

Ce classique contemporain de la dystopie raconte l’histoire de l’humanité luttant pour sa survie.
Le monde extérieur est devenu hostile, sa vision limitée, et en parler est interdit. Mais il y a toujours ceux qui espèrent, qui rêvent.
Ces personnes sont dangereuses : ce sont les habitants qui contaminent les autres avec leur optimisme.
Leur punition est simple : on leur donne précisément ce qu’ils prétendent vouloir : on les autorise à sortir.

Désormais une série sur Apple TV+ : Silo


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Wool – The Graphic Novel ( Silo ) »

« Wool: The Graphic Novel » est une adaptation remarquable du roman de Hugh Howey, portée par le talent des scénaristes Justin Gray et Jimmy Palmiotti, et magnifiée par les illustrations saisissantes de Jimmy Broxton. Cette bande dessinée réussit à transposer l’univers sombre et claustrophobique du silo souterrain où l’humanité survit, offrant une nouvelle dimension visuelle à cette histoire captivante.

Le récit nous plonge dans une société souterraine régie par des lois strictes et des secrets profondément enfouis. Les personnages sont développés avec nuance, chacun apportant sa propre perspective sur les mystères qui entourent leur existence confinée. La tension narrative est habilement maintenue, tenant le lecteur en haleine à chaque page.

extrait bd Wool - The Graphic Novel ( Silo )

Les illustrations de Jimmy Broxton sont un véritable atout, utilisant une palette de couleurs sombres et des jeux d’ombres pour renforcer l’atmosphère oppressante du silo. Chaque case est détaillée avec soin, créant une immersion totale dans ce monde post-apocalyptique. Les expressions faciales et les décors contribuent à accentuer l’émotion et le suspense du récit.

« Wool: The Graphic Novel » est une réussite qui séduira autant les fans du roman original que les nouveaux lecteurs. Elle offre une expérience riche et intense, mariant à la perfection une narration solide et un art visuel impressionnant.

C’est une œuvre incontournable pour les amateurs de science-fiction et de bande dessinée.


La série Silo sur Apple TV+ :

Monsieur Le Commandant

Bande dessinée publiée en 2022 aux éditions Philéas.


D’après le livre de Romain Slocombe publié le 11 aout 2011.

couverture bd Monsieur Le Commandant

1942. Paul-Jean Husson est un écrivain bien né, grand bourgeois, éduqué, instruit, héros de la Première Guerre mondiale (il a même perdu un bras au front), auteur de livres loués par la critique et prisés du public, assez habile pour siéger à la fois à l’Académie française et à l’Académie Goncourt.
Son fils lui présente celle qui deviendra sa femme, Ilse : une jeune actrice de cinéma Allemande connue dans son pays sous le nom d’Elsie Berger.
Lorsque la guerre éclate, le fils Husson part pour Londres, laissant sa femme au côté de son père. Paul-Jean Husson en tombe éperdument amoureux, mais découvre rapidement que sa belle-fille est juive. Partagé entre son antisémitisme viscéral et cet amour interdit, Husson entreprend alors une invraisemblable virée en compagnie de celle qu’il ne cesse de désirer, à travers la France de l’exode.

Pétainiste convaincu, Paul-Jean Husson se livre à travers une lettre de délation qu’il adresse à  » Monsieur le Commandant  » et démontre que la part la plus vile de l’âme humaine ne trouve de meilleure place où se révéler que dans le genre épistolaire.

Terrifiant ! Dès les premières lignes, nous savons de quoi il est question. Les talents combinés du trio d’auteurs tiennent en haleine le lecteur sonné qui redoute une issue dont il a pourtant deviné qu’elle était fatale. Suivez les dérives, de 1932 à 1942, plus sentimentales qu’idéologiques d’un homme qui était tout sauf un sot.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Monsieur Le Commandant »

Adapté du roman de Romain Slocombe, Monsieur le Commandant de Xavier Bétaucourt et Étienne Oburie est une œuvre graphique d’une rare intensité. Cette bande dessinée plonge le lecteur dans la complexité de l’âme humaine, où idéologie, passion et déshumanisation se heurtent violemment.

Le personnage de Paul-Jean Husson, écrivain respecté et collaborateur fervent, fascine par ses contradictions. Xavier Bétaucourt réussit brillamment à transcrire les dilemmes moraux de cet homme, tiraillé entre son amour pour sa belle-fille juive, Ilse, et son antisémitisme viscéral. Cette dualité rend le récit aussi troublant que captivant.

extrait bd Monsieur Le Commandant

Le dessin sobre d’Étienne Oburie, voir brut, amplifie l’impact dramatique. Son trait capture l’atmosphère pesante de l’Occupation, et ses choix visuels servent habilement la narration, mettant en lumière la froideur des décisions prises par les personnages.

L’adaptation respecte avec fidélité l’ambiguïté morale du texte original. Le récit n’épargne ni son protagoniste ni le lecteur, forçant ce dernier à interroger ses propres certitudes face à un homme capable d’aimer et de trahir dans le même souffle.

En revisitant une période sombre de l’histoire, Monsieur le Commandant transcende le simple témoignage pour devenir une œuvre de réflexion profonde sur la nature humaine. Une lecture qui ne laissera personne indifférent.

La veuve – Le roman de Gil Adamson en BD

Album publié en 2025 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

Adapté de l’œuvre de Gil Adamson publiée le 2 avril 2009.

couverture bd La veuve

Le bonheur est dans la fuite

1903. Affamée, à bout de force, une jeune femme fuit à travers les Rocheuses canadiennes, sans regarder derrière elle. Que fuit-elle, ou plutôt qui ? À ses trousses, deux brutes déterminées à venger la mort de leur frère la traquent telle une bête sauvage.
À 19 ans, Mary est déjà veuve et meurtrière. Aussi seule que démunie, elle réussit pourtant à semer ses poursuivants au cours d’une cavale oppressante dans les montagnes, la nature suppléant les lois des hommes…
Déterminée, Mary, qui porte le secret d’une vie brisée, fait des rencontres fortuites, de celles qui changent une vie. Autant de confrontations étonnantes, révélatrices d’un passé mouvementé que l’on appréhende par petites touches…
Des personnages avides ou généreux, des débrouillards ou des ermites lui permettent de tenir la distance…
Malgré la peur au ventre, chevauchant à travers les sombres forêts escarpées, une furieuse envie de vivre permet à Mary de choisir son propre destin : celui d’une femme libre.

Glen Chapron révèle son style plein d’émotion et sa maîtrise du N&B à travers ce western littéraire au féminin. Tension, vengeance mais aussi poésie et émancipation rythment cette adaptation du beau roman de Gil Adamson que Glen fait reposer pour l’essentiel sur l’atmosphère et les relations humaines. Les rencontres de Mary avec des personnages forts et attachants nous rappellent le droit universel à la recherche du bonheur. Une fresque épique et sociale pour un roman graphique captivant et libérateur.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La veuve »

Avec La Veuve, Glen Chapron adapte avec brio le roman The Outlander de Gil Adamson, offrant une œuvre graphique d’une puissance narrative et visuelle remarquable.
Ce western littéraire, entièrement réalisé en noir et blanc, suit la fuite haletante de Mary Boulton, jeune veuve et meurtrière, à travers les Rocheuses canadiennes au début du XXe siècle. Poursuivie par les frères de son défunt mari, elle lutte pour sa survie dans un monde hostile, où la nature sauvage se fait tour à tour refuge et menace.

extrait bd La veuve

L’esthétique monochrome de l’album est un choix audacieux et parfaitement maîtrisé. Par ses contrastes puissants et ses lavis subtils, Glen Chapron magnifie les paysages grandioses tout en reflétant l’état émotionnel de son héroïne. Les traits expressifs et énergiques insufflent une tension constante aux scènes de fuite, tandis que les moments plus calmes révèlent une poésie poignante. Ce jeu d’ombres et de lumières sublime l’atmosphère mélancolique et oppressante du récit.

Sur le plan narratif, La Veuve mêle action haletante et introspection. Mary est un personnage profondément humain : fragile mais déterminée, elle incarne une quête d’émancipation dans un univers masculin et brutal. Les rencontres qu’elle fait au fil de son périple enrichissent le récit, apportant des touches d’humanité et d’espoir.

En mêlant thriller psychologique, drame féministe et ode à la nature sauvage, Glen Chapron signe une œuvre captivante et émouvante. La Veuve est une bande dessinée marquante qui résonne bien au-delà de ses 176 pages.

Enfant de salaud

Album publié aux éditions Futuropolis en 2025.


Adapté du roman de Sorj Chalandon publié le 18 aout 2021.

couverture bd Enfant de salaud

Le narrateur, Sorj Chalandon lui-même, est journaliste. En mai 1987, il est envoyé par son journal à Lyon pour suivre le procès du nazi Klaus Barbie, accusé de crimes contre l’humanité.
Peu de temps avant que ne débute le procès, il se rend à Izieu : le 6 avril 1944, quarante-quatre enfants et sept adultes, tous Juifs, furent arrachés de leur maison par Klaus Barbie et ses chiens.
Ils furent conduits dans le camp d’internement de Drancy, puis déportés à Auschwitz-Birkenau.

Le narrateur aurait voulu que son père soit avec lui à Izieu, pour l’aider à comprendre. À comprendre ce qui avait poussé son père, en novembre 1942, à rejoindre les Allemands plutôt que les combattre. À comprendre pourquoi il était devenu un traître… À comprendre pourquoi lui, son fils, était un « enfant de salaud »…

Parallèlement au procès Barbie, le narrateur cherche intensément la vérité sur son père. Il récupère le dossier pénal de celui-ci, et se met à l’éplucher. Dès lors, ce n’est pas un procès qui s’ouvre, mais deux. L’un intime, l’autre universel…
« Enfant de salaud n’est pas la suite de Profession du père, mais son prolongement. C’est en quelque sorte le dénouement de toute une vie : celle de l’enfant devenu journaliste pour comprendre, pour chercher la vérité. Pour qu’on arrête de me mentir. »
Le sens de la narration graphique de Sébastien Gnaedig s’allie aux couleurs magnifiques d’Isabelle Merlet. Un récit poignant qui croise la grande et la petite histoire.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Enfant de salaud »

Adaptée du roman de Sorj Chalandon, la bande dessinée Enfant de salaud réalisée par Sébastien Gnaedig, avec les couleurs d’Isabelle Merlet, offre une lecture à la fois puissante et troublante. Cet ouvrage réussit de 176 pages explore la quête d’identité d’un fils face à un père au passé trouble, sur fond du procès historique de Klaus Barbie.

Sébastien Gnaedig fait preuve d’une remarquable maîtrise du scénario. Le récit, mêlant dialogues percutants et silences chargés d’émotion, capte sans détour les questionnements complexes d’un homme confronté à la part obscure de son héritage.

extrait bd Enfant de salaud

Le dessin, d’une précision émotive, rend chaque regard, chaque posture, profondément évocateur, amplifiant l’intensité dramatique de l’histoire.

La mise en couleurs par Isabelle Merlet transcende le récit. Par des teintes parfois douces, parfois oppressantes, elle insuffle une dimension visuelle qui ancre le lecteur dans l’atmosphère tourmentée des années d’après-guerre. Les couleurs évoquent une atmosphère mélancolique et chargée d’émotions, qui convient parfaitement à la gravité du sujet abordé.

Enfant de salaud est une réflexion sur la transmission, les mensonges et la rédemption. Une œuvre mémorable qui confirme que les récits de Sorj Chalandon trouvent dans le neuvième art un écrin à leur hauteur (déjà 6 romans adaptés en BD).