Le chœur des sardinières

Album publié en 2025 aux éditions Steinkis.


Résumé éditeur

Pemp real a vo !

1924, Mona est ouvrière dans l’une des usines de sardines de Douarnenez.

Elle vit au rythme de la cloche et de l’arrivée des bateaux de pêche. Face à un quotidien de plus en plus difficile, son mari pense qu’il est temps que leur fille rejoigne aussi l’usine.

Mais en novembre, une poignée de sardinières se soulève contre les conditions de travail et déclare la grève.

Mona commence à rêver d’un autre avenir et rejoint les rangs des manifestantes, contre l’avis de sa famille.

Dans la rue, toutes s’élancent : les cantiques bretons qui rythmaient le travail sont remplacés par le chant des Penn-Sardin en lutte.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le chœur des sardinières »

Léah Touitou et Max Lewko livrent avec Le Chœur des sardinières un récit graphique retraçant la grève historique des ouvrières de Douarnenez en novembre 1924. Cette bande dessinée documentaire nous plonge au cœur d’un épisode fondateur des luttes sociales féminines, transformant un événement historique majeur en une BD accessible et profondément humaine.

L’album s’ancre solidement dans la réalité de l’époque, restituant avec minutie l’univers des conserveries douarnenistes  où travaillaient plus de 2 000 ouvrières, surnommées les « Penn Sardin » – littéralement « têtes de sardines » en breton.
Léah Touitou et Max Lewko n’épargnent aucun détail : les cadences infernales, les journées de 15 heures, les salaires dérisoires de 0,80 franc de l’heure quand le kilo de beurre coûtait 15 francs. Cette documentation rigoureuse révèle un véritable travail journalistique, où chaque élément narratif s’appuie sur des sources historiques vérifiées.

L’authenticité du récit se manifeste particulièrement dans l’usage des expressions bretonnes, notamment le célèbre cri de ralliement « Pemp real a vo ! » (Cinq réaux ce sera !), qui rythmait les manifestations.

Le choix narratif de suivre trois générations de femmes – Mona, sa mère Mamm-Gozh et sa fille Soazig – permet d’incarner magistralement les transformations sociales de l’époque. Cette approche transgénérationnelle révèle l’évolution des mentalités et des prises de conscience, depuis la résignation des anciennes jusqu’à l’éveil révolutionnaire des plus jeunes.

Mona, personnage central, incarne parfaitement cette tension entre tradition et émancipation. Sa lutte intérieure face aux attentes patriarcales et son aspiration à un avenir différent pour sa fille traduisent avec finesse la complexité psychologique de ces femmes prises entre soumission sociale et désir de liberté.

Le chœur des sardinières

Max Lewko déploie une approche visuelle particulièrement appropriée, alternant entre trait rond et reconstitution soignée. Son style conjugue expressivité des visages marqués par l’épuisement et représentation authentique des foules en mouvement. Les dessins au trait et à l’aquarelle, aux couleurs froides, traduisent parfaitement l’atmosphère de la petite ville bretonne et la dureté des conditions de travail.

Au-delà de son aspect documentaire, Le Chœur des sardinières résonne puissamment avec les enjeux contemporains. La victoire finale des grévistes, qui obtiennent leur augmentation salariale et la reconnaissance de leurs droits, offre une note d’espoir particulièrement bienvenue dans le contexte actuel des luttes sociales.

Le Chœur des sardinières s’impose comme une BD conjuguant rigueur historique et puissance du scénario pour offrir un hommage vibrant à ces pionnières de l’émancipation féminine.
Un roman graphique indispensable qui rappelle que les conquêtes sociales ne s’obtiennent jamais sans lutte, mais que la solidarité peut faire tomber les murs les plus épais.


Reportage de France 2


Lieu visité par la bd en Bretagne

Douarnenez

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