Mazzeru
Album publié en 2017 aux éditions Casterman
Résumé éditeur
Huis clos fantastique et tragique dans un village corse du 19e.
En Corse, on nomme MAZZERU l’homme ou la femme qui part chasser dans son sommeil, l’arme à la main.
De ses songes, il rapporte une prédiction. Dans la gueule de la bête qu’il a tuée ou blessée, la mazzera ou le mazzeru reconnaît une personne de son entourage qui subira le même sort dans l’année.
Victimes de leur don, les mazzeri annoncent malgré eux un événement funeste contre lequel il est déconseillé d’agir…
La bd « Mazzeru » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Mazzeru »
Dans les pages sombres et captivantes de « Mazzeru« , Jules Stromboni transcende le médium de la bande dessinée traditionnelle. Ici, point de dialogue, chaque vignette est une invitation silencieuse à pénétrer dans un univers où l’image règne en maître.
L’auteur nous livre un récit où la Corse, terre de mythes et de beauté sauvage, devient le théâtre d’une histoire d’amour tragique, d’une fable sociale aux échos universels.
Stromboni use de contrastes tranchants, en noir et blanc, pour illustrer la dualité de la vie corse – entre la douceur des liens communautaires et la rudesse des traditions insulaires. Chaque trait semble imprégné de l’âme corse, chaque ombre révèle un pan de son folklore riche et souvent méconnu.
Dans « Mazzeru« , le protagoniste, à la fois ange et messager de la mort, porte le poids d’un monde où le destin individuel est inexorablement lié à la communauté.
Ce qui frappe dans cette œuvre, c’est son silence assourdissant. Un choix audacieux qui confère au lecteur le rôle actif de combler les interstices, de tisser les fils d’un scénario qui, tel un paysage corse, est à la fois rude et magnifique.
Stromboni ne raconte pas une histoire, il la peint, il la sculpte, permettant aux dessins de s’imprégner de la poésie des lieux, des légendes, des rêves et des cauchemars.
« Mazzeru » est plus qu’une bande dessinée, c’est une expérience sensorielle, une œuvre proche du livre d’art qui résonne bien après que la dernière page est tournée.
Ce récit, par son esthétique épurée et sa narration elliptique, invite à une méditation sur la nature humaine et sur la fine ligne qui sépare la vie de la mort, le rêve de la réalité. En définitive, Jules Stromboni nous offre un voyage envoûtant dans l’âme corse, une odyssée graphique d’une intensité rare.