Morpheus

Album publié en 2024 aux éditions Les Humanoïdes Associés.
Résumé éditeur
D’après le roman de Yann Bécu Les Bras de Morphée publiée le 28 mars 2019.

Depuis l’apparition du virus Morpheus, l’humanité est condamnée au sommeil vingt heures par jour. Pour tenter de survivre à ce chaos, les principales capitales ont déclaré leur indépendance dans une Europe au bord de l’implosion.
A Prague, la mercenaire Juliette tente d’offrir une vie décente à sa fille en multipliant les missions périlleuses et en prenant des drogues pour rester éveillée. Sa rencontre avec le professeur Ivanov lui redonne l’espoir d’éradiquer le virus et de sauver sa fille.
Commence alors pour eux une course frénétique à travers le no-man’s land européen, avec plusieurs groupes armés à leurs trousses…
La bd « Morpheus » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Morpheus »
Comment un monde assoupi peut-il révéler l’urgence de vivre ? Voilà le paradoxe fascinant que propose « Morpheus« , adaptation BD du roman « Les bras de Morphée » par Yann Bécu, magnifiée par le trait de Francesco Trifogli. Dans une Europe futuriste, ravagée par un virus condamnant l’humanité à vingt heures de sommeil quotidien, la mercenaire Juliette s’accroche à l’espoir fragile d’un remède pour sa fille, portée par une course haletante de Prague à Berlin.
Le scénario, dense et nerveux, tisse une toile où chaque personnage lutte contre la torpeur autant que contre ses propres failles. Juliette, figure maternelle écorchée, évoque la résilience d’une Ellen Ripley de « Alien » plongée dans un cauchemar éveillé. Ivanov, le généticien, n’est pas sans rappeler un Guts de Berserk, traînant ses cicatrices dans un monde brisé. Mais au fond, qui veille vraiment sur qui ? La BD interroge subtilement notre rapport à l’automatisation, à la surveillance et à la fuite en avant technologique, écho direct aux débats contemporains sur l’intelligence artificielle et la déshumanisation.

Graphiquement, Francesco Trifogli livre des planches où la froideur métallique des cités contraste avec la chaleur des visages, qui palpite sous la colorisation glacée d’Axel Gonzalbo. J’ai ressenti, en tournant la page où Juliette serre sa fille, une odeur de fer et de sueur, comme si la bande dessinée transpirait l’effort. Les graphismes frankensteinisés oscillent entre réalisme clinique et éclats sensoriels, à la manière d’un Blutch cybernétique.
« Morpheus » : à offrir aux ados insomniaques… et à cacher à leurs parents trop éveillés. Car, pour paraphraser la BD, « dormir n’est plus un luxe, c’est une résistance ».