Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

Retour à Killybegs

Album publié en 2019 aux éditions Rue de Sèvres.


Résumé éditeur

Adapté du roman de Sorj Chalandon publiée en 2011.

Tyrone Meehan figure mythique de l’IRA et traître à la cause nationaliste irlandaise pendant une vingtaine d’années a été dénoncé par les Anglais.

« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L’IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n’ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j’en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j’enrage. N’écoutez rien de ce qu’ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m’avoir connu. Personne n’a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu’après moi, j’espère le silence. »

Tyrone Meehan raconte sa vie gâchée, la violence familiale, sa confusion jusqu’à sa trahison. Retour à Killybegs respire la passion et le désespoir d’un homme qui, un jour, n’a pas eu le choix et s’est enfoncé dans la nuit et dans la honte.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Retour à Killybegs »

« Retour à Killybegs » est une adaptation en bande dessinée du roman éponyme de Sorj Chalandon, superbement réalisée par Pierre Alary.

Le récit explore la vie tumultueuse de Tyrone Meehan, figure légendaire de l’IRA devenue traître à sa cause. Par ses souvenirs, Tyrone nous plonge dans son enfance, marquée par un père alcoolique et violent, son engagement dans la lutte pour l’indépendance irlandaise, et sa descente inexorable vers la trahison.

L’œuvre se distingue par sa profondeur émotionnelle et sa richesse historique. Les dialogues introspectifs de Tyrone, confronté aux fantômes de son passé, permettent de comprendre les motivations complexes derrière ses actions. L’auteur ne se contente pas de relater les événements; il les contextualise, offrant un aperçu nuancé des conflits internes et externes qui ont façonné le parcours de Tyrone.

Les illustrations de Pierre Alary sont à la hauteur de la narration. Les planches, aux tons monochromes oscillant entre le vert et l’ocre, capturent parfaitement l’atmosphère sombre et mélancolique du récit. La précision du trait et l’élégance de la mise en page renforcent l’immersion du lecteur, rendant palpable la tension et le désarroi du protagoniste.

Ce roman graphique va au-delà de la simple adaptation; il devient une œuvre à part entière, enrichissant le matériau original de Chalandon. Les choix esthétiques et narratifs d’Alary apportent une dimension supplémentaire à l’histoire, permettant une immersion totale dans les tourments de Tyrone.

« Retour à Killybegs » est une exploration poignante de la trahison, du désespoir et de la quête de rédemption. Il nous rappelle que la frontière entre héros et traître est souvent floue et que derrière chaque acte de trahison se cache une histoire humaine complexe et déchirante.

Un must-read pour les amateurs de bandes dessinées et d’histoire contemporaine.

Retour à Lemberg

Album publié en 2024 aux éditions Delcourt.


Résumé éditeur

Adapté de l’œuvre de Philippe Sands publiée en 2016.

couverture bd Retour à Lemberg

D’où viennent les termes « génocide » et « crimes contre l’humanité » nés au procès de Nuremberg ?

Dans ce témoignage extraordinaire s’entrecroisent enquête palpitante et réflexion profonde sur le pouvoir de la mémoire.

C’est à Lemberg que le grand-père de Philippe Sands passe son enfance avant d’échapper à l’Holocauste qui décima sa famille.

C’est là que deux juristes juifs, Lauterpacht et Lemkin, étudient le droit et jouent un rôle déterminant au procès de Nuremberg.

C’est là que Hans Frank, haut dignitaire nazi, annonce, en 1942, la mise en place de la « Solution finale » qui condamna des millions de Juifs.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Retour à Lemberg »

« Retour à Lemberg« , scénarisée par Jean-Christophe Camus et magnifiquement illustrée par Christophe Picaud, est une adaptation poignante du livre éponyme de Philippe Sands.

Cette bande dessinée de 300 pages plonge le lecteur dans une enquête personnelle et historique captivante, explorant les origines des concepts juridiques de « génocide » et de « crimes contre l’humanité », forgés au procès de Nuremberg.

L’histoire débute en 2010, lorsque Sands, invité à Lviv pour une conférence, saisit l’opportunité de retracer le passé de sa famille. Il nous emmène à travers les ruelles de Lemberg, autrefois théâtre de tragédies incommensurables. Lieu de naissance de son grand-père et d’éminents juristes tels que Hersh Lauterpacht et Raphael Lemkin, Lemberg devient le point de convergence de destins individuels et de bouleversements historiques majeurs.

Le récit de Sands est une mosaïque d’histoires entrelacées, où les vies de sa famille et celles de Lauterpacht et Lemkin s’entremêlent. La BD excelle à montrer comment ces deux juristes, eux-mêmes victimes de la barbarie nazie, ont conceptualisé des notions juridiques essentielles pour juger les crimes les plus atroces de l’humanité. Cette exploration est menée avec rigueur, chaque détail étant soigneusement restitué.

extrait bd Retour à Lemberg

Les illustrations en noir et blanc de Picaud apportent une profondeur et une intensité émotionnelle qui résonnent avec le sujet. Les dessins sont précis, les expressions des personnages poignantes, et les décors historiques fidèlement reproduits. Le cahier final, rempli de photographies et de documents d’époque, ancre encore davantage le récit dans la réalité historique.

« Retour à Lemberg » est une œuvre essentielle qui rappelle la nécessité de la mémoire et de la justice. Elle se révèle non seulement comme un outil pédagogique, mais aussi comme une méditation sur les conséquences des tragédies du passé et leur résonance contemporaine.

Une lecture indispensable pour ceux qui s’intéressent à l’histoire, au droit international et aux droits de l’homme.

Les Morsures de l’ombre

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Phileas.


D’après le roman de Karine Giebel publié en 8 novembre 2007.

couverture bd Les Morsures de l'ombre

Séquestré dans une cave, le commandant Benoît Lorand est à la merci de Lydia, belle femme au comportement hiératique et tortionnaire.
Il lui faudra fouiller dans son passé pour comprendre les motivations de sa geôlière…

Une femme rousse, plutôt charmante. Oui, il se souvient. Un peu…
Il l’a suivie chez elle… Ils ont partagé un verre, il l’a prise dans ses bras… Ensuite, c’est le trou noir.
Quand le commandant Benoît Lorand se réveille dans cette cave, derrière ces barreaux, il comprend que sa vie vient de basculer dans l’horreur. Lydia le retient prisonnier. L’observe, le provoque, lui fait mal.
Rituel barbare, vengeance, dessein meurtrier, pure folie?
Une seule certitude : un compte à rebours terrifiant s’est déclenché.
Combien de temps résistera-t-il à ces morsures de l’ombre, infligées par cette femme assoiffée de vengeance ?

Un récit noir magistral et tendu à l’extrême, où les auteurs nous entraînent dans un huis clos glaçant au cœur de la folie d’après le bestseller multiprimé de Karine Giébel.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Morsures de l’ombre »

Une plongée captivante dans les ténèbres de l’âme humaine

Adaptée du roman de Karine Giébel, Les Morsures de l’ombre se transforme en une bande dessinée saisissante sous la plume de Miceal Beausang-O’Griafa et le trait de Xavier Delaporte. Ce thriller psychologique intense nous enferme dans un huis clos oppressant, où chaque page resserre l’étau autour du lecteur.

Le scénario, brillamment conçu, nous entraîne dans le duel mental entre Benoît Lorand, un commandant séquestré, et Lydia, une femme torturée par ses propres démons. La tension, omniprésente, ne laisse aucun répit, et le dévoilement progressif des motivations de Lydia maintient une intrigue haletante. Miceal Beausang-O’Griafa réussit à retranscrire la noirceur et la complexité du récit original, tout en y injectant un souffle visuel nouveau.

extrait bd Les Morsures de l'ombre

Le dessin de Xavier Delaporte sublime le texte par sa précision et son jeu de lumière, qui accentuent l’atmosphère claustrophobique et l’intensité émotionnelle. Les expressions des personnages, d’un réalisme troublant, traduisent à la perfection les tourments intérieurs de chacun, rendant leur confrontation encore plus marquante.

Avec cette adaptation, les auteurs signent une œuvre à la fois fidèle et audacieuse. Les Morsures de l’ombre est une exploration troublante de l’âme humaine, servie par une maîtrise narrative et visuelle exceptionnelle. Une réussite à découvrir absolument.

À la ligne – feuillets d’usine

Album publié en 2024 aux éditions Sarbacane.


Résumé éditeur

Adaptation du roman de Joseph Ponthus parue le 3 janvier 2019.

couverture bd À la ligne - feuillets d'usine

C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire, Joseph Ponthus, qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons.

Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet.

C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.

Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « À la ligne – feuillets d’usine »

Julien Martinière, par son adaptation de « À la ligne – feuillets d’usine » de Joseph Ponthus, offre une bande dessinée à la fois captivante et bouleversante. Ce témoignage graphique sur le travail ouvrier, adapté d’un récit autobiographique en vers libres, plonge le lecteur dans une réalité brutale, parfois répétitive, mais profondément humaine.

extrait bd À la ligne - feuillets d'usine

Les illustrations en noir et blanc de Julien Martinière frappent par leur précision. Elles parviennent à transcrire le rythme des tâches quotidiennes et l’âpreté des conditions de travail avec une justesse remarquable. Chaque trait révèle une atmosphère lourde et oppressante, où la fatigue des corps se mêle à l’anonymat des visages dans les ateliers. La monotonie du travail est contrebalancée par des métaphores visuelles puissantes, où l’usine devient un théâtre d’efforts incessants, parfois absurde, souvent poignant.

Si la narration peut paraître linéaire, elle reflète habilement la répétition écrasante du quotidien ouvrier, rendant l’expérience encore plus immersive. Le choix de maintenir une grande fidélité au texte original renforce l’authenticité et le caractère poétique de l’œuvre, tout en exploitant le potentiel émotionnel des images.

Cette bande dessinée dépasse le simple reportage pour offrir une réflexion visuelle et littéraire sur la dignité humaine. Une œuvre qui allie sensibilité et force, et qui restera sans doute dans les mémoires comme un hommage vibrant au monde ouvrier.


Lieu visité par la bd en Bretagne

Lorient

Le Mystère Henri Pick

Album publié en 2024 aux éditions La boîte à bulles.


Résumé éditeur

Adapté de l’œuvre de David Foenkinos publiée en 2016.

Quand elle publie le roman de Henri Pick, un mystérieux pizzaiolo décédé, Delphine Despero est loin d’imaginer la frénésie générale que le livre s’apprête à déclencher.

Delphine Despero est une jeune éditrice prometteuse. En visite à Crozon, elle découvre une bibliothèque pour le moins insolite puisqu’elle possède un rayon unique en son genre où les auteurs peuvent déposer leurs manuscrits de romans refusés…

C’est en fouillant ses étagères que Delphine met la main sur un chef d’oeuvre d’une rare virtuosité. Son titre : Les Dernières heures d’une histoire d’amour. Son auteur : un certain Henri Pick, pizzaiolo de son état.

Sitôt publié, le roman rencontre un vif succès. Mais son auteur étant décédé depuis quelques années déjà, de nombreuses zones d’ombre demeurent : qui était ce mystérieux Henri Pick ? Quelles étaient ses motivations ? Cet ouvrage est-il la révélation d’un génie inconnu ou une supercherie absolue ?

Très vite, le livre devient un véritable phénomène littéraire. Les théories les plus fantasques vont bon train et journalistes, éditeurs et badauds se ruent dans le restaurant du plus célèbre des écrivains-pizzaiolos.

Une adaptation réussie du best-seller de David Foenkinos.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Mystère Henri Pick »

Adaptée avec brio par Pascal Bresson et magnifiquement illustrée par Ilaria Tebaldini, la bande dessinée « Le Mystère Henri Pick » offre une nouvelle vision de l’univers fascinant créé par David Foenkinos. Avec une grande fidélité au roman original, Pascal Bresson parvient à capter la subtilité de l’histoire et à la traduire dans un format graphique qui enrichit l’expérience des lecteurs.

L’intrigue tourne autour de la découverte par Delphine Despero, jeune éditrice ambitieuse, d’un manuscrit exceptionnel dans une petite bibliothèque de Crozon. Ce roman, soi-disant écrit par Henri Pick, un pizzaiolo décédé et sans aucun lien présumé avec la littérature, devient un phénomène éditorial et soulève de nombreuses interrogations. C’est cette mystérieuse rencontre entre l’ordinaire et l’extraordinaire qui donne toute sa force à l’histoire, révélant à quel point le monde littéraire est un univers de possibles.

Les illustrations de Ilaria Tebaldini ajoutent une vraie dimension poétique au récit. Les couleurs choisies et le coup de crayon subtil contribuent à créer une atmosphère douce et énigmatique, plongeant le lecteur dans une Bretagne évoquée avec charme. Le travail sur les expressions des personnages renforce l’attachement à ces derniers, en particulier le journaliste tenace et la jeune éditrice, tous deux en quête de vérité.

« Le Mystère Henri Pick » est une bande dessinée réussie qui allie le meilleur du roman avec la puissance du langage visuel, offrant ainsi une lecture immersive qui ne manquera pas de captiver les amateurs de mystères littéraires.


Lieu visité par la bd en Bretagne

Crozon

Nos âmes oubliées

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Le Lombard.


D’après le roman de Stéphane Allix publié le 2 juin 2021.

couverture bd Nos âmes oubliées

Librement inspirée du roman éponyme autobiographique de Stéphane Allix, Grégory Panaccione nous plonge dans la vie d’un homme qui n’a aucun souvenir de son enfance.

Quand se développe une maladie auto-immune, il se rend vite compte que la médecine classique ne peut rien pour lui et il se tourne vers les neurosciences, libérant peu à peu son esprit jusqu’à une découverte fatidique : un traumatisme profond lors de son enfance, entraînant une amnésie traumatique.

La confrontation avec son agresseur et la remise en question de ses propres souvenirs l’amènent à un voyage intérieur poignant en quête de l’apaisement émotionnel, offrant une leçon sur la résilience et la reconstruction de soi après des traumatismes profonds.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Nos âmes oubliées »

Grégory Panaccione s’aventure dans un territoire inédit avec cette adaptation du récit autobiographique de Stéphane Allix, ancien reporter de guerre hanté par une amnésie traumatique. Cette première adaptation d’un témoignage personnel pour l’auteur représente un défi artistique remarquablement relevé.

L’histoire suit un homme privé de ses souvenirs d’enfance, dont la maladie auto-immune le pousse vers les thérapies psychédéliques pour dénouer un traumatisme enfoui. Grégory Panaccione transcende la complexité du sujet en explorant avec finesse les thèmes de la mémoire fragmentée, de la résilience et de la quête identitaire. Le récit interroge intelligemment la nature même de la conscience, questionnant la correspondance systématique établie entre cerveau et psyché.

extrait bd Nos âmes oubliées

Graphiquement, l’artiste déploie un onirisme poétique saisissant. Son trait aquarellé crée des lumières évanescentes qui épousent parfaitement l’univers mental du protagoniste. Chaque visage révèle une expressivité , traduisant les tourments intérieurs avec une précision bouleversante. Cette esthétique accompagne magistralement les séquences hallucinatoires, estompant les frontières entre réel et imaginaire.

Grégory Panaccione réussit le tour de force de rendre lisible un parcours thérapeutique complexe tout en préservant la profondeur philosophique du propos. Une œuvre mature qui invite à repenser notre rapport à la mémoire et à la guérison..

Grossir le ciel

Album publié aux éditions Delcourt en 2024.


Adapté du roman de Franck Bouysse publié en 2014.

Un récit noir et poignant adapté du roman à succès de Franck Bouysse, par Borris, le dessinateur de Charogne, récompensé par le prix Quai du polar en 2019.

Gus, éleveur dans les Cévennes, mène une vie solitaire avec son chien Mars comme seul réconfort et son voisin Abel, devenu ami de circonstance.

Un quotidien bien rythmé qui se trouve bouleversé quand des visiteurs inopportuns arrivent au village et que Gus découvre des traces de sang menant à la ferme d’Abel…

Un huis clos rural saisissant sur l’isolement, la folie et le besoin de rédemption.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Grossir le ciel »

Avec Grossir le ciel, Borris offre une adaptation saisissante du roman éponyme de Franck Bouysse, plongeant le lecteur dans les recoins sombres et solitaires des Cévennes. À travers cette bande dessinée, l’isolement et les non-dits prennent une dimension visuelle puissante, rendant le récit encore plus immersif.

L’histoire, centrée sur Gus, un éleveur vivant en retrait du monde, commence par une découverte troublante : des traces de sang près de la ferme de son voisin Abel. Peu à peu, le lecteur est aspiré dans une intrigue où le quotidien le plus banal s’entrelace avec une tension presque palpable, jusqu’à l’explosion finale.

L’atout majeur de cette adaptation réside dans le travail graphique de Borris. À l’aide d’un jeu subtil de nuances de gris, ponctué de touches de couleurs stratégiques – rouge pour la violence et le sang, bleu pour les moments fantasmés – il parvient à transmettre l’oppression et l’intensité des émotions. Cette sobriété visuelle permet d’amplifier le poids des silences et des regards, éléments cruciaux du récit.

La narration conserve la profondeur psychologique des personnages imaginés par Franck Bouysse. Gus, dans toute sa rudesse et son humanité, devient encore plus tangible sous le trait de Borris, tandis que les paysages ruraux, à la fois majestueux et hostiles, servent de toile de fond parfaite à cette tragédie.

Grossir le ciel est une bande dessinée remarquable, un polar rural visuellement et scénaristiquement abouti, qui comblera les amateurs d’histoires sombres et les passionnés de récits graphiques de qualité. Une réussite indéniable.

Une rose seule

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Rue de Sèvres.


D’après le roman de Muriel Barbery publié le 19 aout 2020.

couverture bd Une rose seule

Rose arrive au Japon pour la première fois de sa vie, sur les traces d’un père qu’elle n’a jamais connu.

Celui-ci, décédé depuis peu, lui avait laissé une lettre à son intention, l’invitant à se rendre dans ce pays si lointain qui est en partie le sien.

Accueillie à Kyoto, elle est guidée par Paul, l’assistant de son père, à travers un itinéraire imaginé par le défunt, semé de temples et de jardins, d’émotions et de rencontres, qui va lui permettre dépasser l’amertume et la colère liées à l’absence pour se laisser emporter par le tourbillon de ses origines enfin retrouvées.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Une rose seule »

Une Rose Seule, adapté par Kan Takahama du roman de Muriel Barbery, est une œuvre délicate et introspective qui plonge le lecteur dans un voyage au cœur du Japon, à la fois géographique et émotionnel.

L’histoire suit Rose, une botaniste française, qui arrive à Kyoto pour découvrir les racines de son père qu’elle n’a jamais connu. Guidée par Paul, l’assistant de son père, elle parcourt un itinéraire marqué par des temples, des jardins et des rencontres qui lui permettent de se reconnecter avec elle-même et ses origines.

L’intérêt de cet album ne réside pas tant dans une intrigue surprenante, mais plutôt dans l’expérience immersive qu’il propose. Le récit se développe lentement, au rythme des pas de Rose à travers Kyoto, avec une atmosphère contemplative accentuée par les illustrations sensibles et détaillées de Kan Takahama.

extrait bd Une rose seule

Les thèmes de la quête identitaire, de la réconciliation avec le passé, et du deuil sont abordés avec une grande finesse. La relation entre Rose et Paul, subtilement tissée, sert de fil conducteur à cette exploration intérieure.

Une Rose Seule est une bande dessinée introspective qui offre une expérience riche et émouvante, magnifiquement illustrée et imprégnée de la sérénité des paysages japonais.

Le prix à payer

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Leduc.


D’après le roman de Lucile Quillet publié en 6 octobre 2021.

couverture bd Le prix à payer

Quel est le point commun entre celles qui rêvent du prince charmant, les féministes fières de faire 50/50, les femmes au foyer, les mères célibataires, les veuves, en bref, toutes les femmes ?

Avant, pendant et après le couple, elles en paient le prix : épilation, contraception, répartition des dépenses, ajustements de carrière, charge parentale…

L’addition est longue, mais invisible ! Pourquoi l’idéal du couple – avec sa répartition des rôles très genrée – coûte-t-il si cher ? Et si Cupidon s’était planté ?

Pour le comprendre, Lucile Quillet et Tiffany Cooper nous emmènent dans un univers délirant et pop, où femmes et hommes, libéré·e·s des attentes et normes, peuvent s’aimer dans l’égalité, la joie et la liberté.

La BD qui lève le voile sur le tabou de l’argent dans le couple, pour en finir avec les inégalités derrière le mythe rose bonbon.

Lucile Quillet est journaliste, autrice, coach et conférencière. Elle dédie son travail à la condition féminine et à l’égalité, dans la sphère privée comme au travail, dans ELLE, sur Welcome to the Jungle et au sein de l’Observatoire de l’émancipation économique de la Fondation des femmes. Elle est l’autrice de l’essai Le Prix à payer, ce que le couple hétéro coûte aux femmes, qui a trouvé un grand écho auprès des médias et des lectrices.

Tiffany Cooper est autrice et illustratrice. Elle s’est fait connaître en collaborant avec Karl Lagerfeld en 2015. Elle est l’autrice de plusieurs romans graphiques et albums jeunesse, dans lesquels elle aborde des thèmes comme l’amour, le patriarcat et les inégalités dans l’espace domestique.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le prix à payer »

Avec « Le Prix à Payer », Tiffany Cooper et Lucile Quillet signent une bande dessinée aussi percutante qu’instructive, adaptant avec brio l’essai éponyme de Lucile Quillet.
À travers une combinaison astucieuse d’humour, de réflexion critique et d’illustrations vibrantes, les autrices exposent les déséquilibres souvent invisibles qui façonnent les relations hétérosexuelles.

Une mise en lumière des inégalités

Divisée en trois sections – avant, pendant, et après le couple –, l’œuvre dissèque les étapes d’une relation sous l’angle de la charge mentale, financière et émotionnelle. Elle met en évidence des thématiques cruciales comme la répartition des dépenses, la gestion domestique, le coût de la contraception ou encore les sacrifices professionnels imposés aux femmes. La BD dépeint des situations familières, parfois caricaturées, mais toujours ancrées dans une réalité systémique.

Un ton à la fois léger et percutant

Ce qui distingue véritablement « Le Prix à Payer« , c’est son usage de l’humour pour faire passer des messages complexes. Tiffany Cooper, avec son style visuel coloré et accessible, introduit des personnages et des situations comiques – notamment un Cupidon décalé – qui allègent un sujet potentiellement lourd. Derrière ces moments de légèreté se cache une réflexion sérieuse et sans compromis sur le poids du patriarcat dans le couple contemporain.

Un succès artistique et narratif

Le style graphique de Tiffany Cooper mérite également d’être salué. Ses illustrations dynamiques capturent parfaitement les émotions des personnages et ajoutent une couche supplémentaire d’accessibilité. Chaque scène est visuellement mémorable, ce qui permet aux lecteurs d’entrer facilement dans des discussions sur des sujets encore trop souvent tabous, comme l’argent dans le couple ou les sacrifices de carrière.

extrait bd Le prix à payer

En conclusion

« Le Prix à Payer » est une œuvre à la fois divertissante et nécessaire. En dénonçant les inégalités économiques et mentales dans le couple hétérosexuel, cette bande dessinée donne à réfléchir, mais aussi à rire. Cette BD agit avant tout comme un cri d’alarme, invitant chacun à repenser les normes et à envisager des relations plus justes.

À mettre entre toutes les mains, et pas seulement celles des femmes. Cette BD pourrait bien révolutionner votre vision du couple et des dynamiques qui le sous-tendent.

La Poursuite du bonheur

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Philéas.


D’après le roman de Douglas Kennedy publié le 29 aout 2001.

couverture bd La Poursuite du bonheur

Manhattan, Thanksgiving 1945.
Artistes, écrivains, musiciens… tout Greenwich Village se presse à la fête organisée par Eric Smythe, dandy et dramaturge engagé. Ce soir-là, sa soeur Sara, fraîchement débarquée à New York, croise le regard de Jack Malone, journaliste de l’armée américaine en permission.
Sara tombe amoureuse de Jack au premier regard, et ce sera l’amour de sa vie. Mais, rien n’est simple…
Amour d’une nuit, passion d’une vie, l’histoire de Sara et Jack va bouleverser plusieurs générations.

L’autre homme dans la vie de Sara, c’est son frère Éric, un artiste qui s’est laissé tenter par le Communisme qu’il percevait comme porteur de plus de justice sociale. Il a même adhéré au parti pendant quelques années, avant de prendre ses distances…
Mais en plein Maccarthysme, les autorités chassent les communistes et les homosexuels qui seraient susceptibles de nuire à la patrie.

À l’origine, un copieux roman de plus de 700 pages divisé en deux période, les dix années narrant l’histoire d’amour de Sara et Jack, puis la relation des années plus tard entre Kate, la fille de Jack, et Sara….
Cyril Bonin a su se faire remarquer pour la qualité des adaptations parsemant sa bibliographie : La Belle image, La Délicatesse, Le Dames de Kimoto
Il reprend ici à son compte le récit en se concentrant sur la relation passionnée de Sara et Jack en assumant une unité d’époque pour être au plus près des sentiments contrastés du couple, mais aussi pour illustrer le tragique destin d’Eric, victime de l’intolérance et de la paranoïa d’une Amérique livrée à ses démons intérieurs.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Poursuite du bonheur »

La bande dessinée La Poursuite du bonheur de Cyril Bonin, inspirée du roman de Douglas Kennedy, s’impose comme une œuvre à la fois riche et émouvante, un véritable hommage au New York des années 1940 et 1950. Dans cette adaptation ambitieuse, Cyril Bonin réussit à capter l’âme d’une époque où l’amour et la politique s’entrechoquent violemment.

L’histoire suit Sara Smythe, une journaliste dont la rencontre avec Jack Malone bouleverse l’équilibre fragile de sa vie. Leur relation devient le théâtre d’une lutte entre passion et devoir, où chaque choix laisse des traces indélébiles. Le talent de Cyril Bonin réside dans sa capacité à condenser une intrigue dense en une narration visuelle fluide, soutenue par un dessin précis et empreint de poésie.

extrait bd La Poursuite du bonheur

Les tons pastel et l’élégance des lignes évoquent le charme des films classiques, tandis que le découpage des cases guide le lecteur avec une aisance remarquable. Chaque personnage est doté d’une profondeur psychologique palpable, et leurs dilemmes trouvent une résonance universelle.

Ce qui frappe, c’est la manière dont l’auteur traduit la tension sociale et intime d’une époque révolue tout en la rendant incroyablement actuelle. En combinant l’introspection des sentiments humains à une critique subtile des dérives politiques, Cyril Bonin livre une œuvre qui, bien qu’épurée dans sa forme, est d’une densité impressionnante.

La Poursuite du bonheur est un voyage graphique et narratif d’une rare justesse, un album qui laisse une empreinte durable dans l’esprit du lecteur.