Étiquette : Auteur bd : Cyril Bonin

La Poursuite du bonheur

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Philéas.


D’après le roman de Douglas Kennedy publié le 29 aout 2001.

couverture bd La Poursuite du bonheur

Manhattan, Thanksgiving 1945.
Artistes, écrivains, musiciens… tout Greenwich Village se presse à la fête organisée par Eric Smythe, dandy et dramaturge engagé. Ce soir-là, sa soeur Sara, fraîchement débarquée à New York, croise le regard de Jack Malone, journaliste de l’armée américaine en permission.
Sara tombe amoureuse de Jack au premier regard, et ce sera l’amour de sa vie. Mais, rien n’est simple…
Amour d’une nuit, passion d’une vie, l’histoire de Sara et Jack va bouleverser plusieurs générations.

L’autre homme dans la vie de Sara, c’est son frère Éric, un artiste qui s’est laissé tenter par le Communisme qu’il percevait comme porteur de plus de justice sociale. Il a même adhéré au parti pendant quelques années, avant de prendre ses distances…
Mais en plein Maccarthysme, les autorités chassent les communistes et les homosexuels qui seraient susceptibles de nuire à la patrie.

À l’origine, un copieux roman de plus de 700 pages divisé en deux période, les dix années narrant l’histoire d’amour de Sara et Jack, puis la relation des années plus tard entre Kate, la fille de Jack, et Sara….
Cyril Bonin a su se faire remarquer pour la qualité des adaptations parsemant sa bibliographie : La Belle image, La Délicatesse, Le Dames de Kimoto
Il reprend ici à son compte le récit en se concentrant sur la relation passionnée de Sara et Jack en assumant une unité d’époque pour être au plus près des sentiments contrastés du couple, mais aussi pour illustrer le tragique destin d’Eric, victime de l’intolérance et de la paranoïa d’une Amérique livrée à ses démons intérieurs.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Poursuite du bonheur »

La bande dessinée La Poursuite du bonheur de Cyril Bonin, inspirée du roman de Douglas Kennedy, s’impose comme une œuvre à la fois riche et émouvante, un véritable hommage au New York des années 1940 et 1950. Dans cette adaptation ambitieuse, Cyril Bonin réussit à capter l’âme d’une époque où l’amour et la politique s’entrechoquent violemment.

L’histoire suit Sara Smythe, une journaliste dont la rencontre avec Jack Malone bouleverse l’équilibre fragile de sa vie. Leur relation devient le théâtre d’une lutte entre passion et devoir, où chaque choix laisse des traces indélébiles. Le talent de Cyril Bonin réside dans sa capacité à condenser une intrigue dense en une narration visuelle fluide, soutenue par un dessin précis et empreint de poésie.

extrait bd La Poursuite du bonheur

Les tons pastel et l’élégance des lignes évoquent le charme des films classiques, tandis que le découpage des cases guide le lecteur avec une aisance remarquable. Chaque personnage est doté d’une profondeur psychologique palpable, et leurs dilemmes trouvent une résonance universelle.

Ce qui frappe, c’est la manière dont l’auteur traduit la tension sociale et intime d’une époque révolue tout en la rendant incroyablement actuelle. En combinant l’introspection des sentiments humains à une critique subtile des dérives politiques, Cyril Bonin livre une œuvre qui, bien qu’épurée dans sa forme, est d’une densité impressionnante.

La Poursuite du bonheur est un voyage graphique et narratif d’une rare justesse, un album qui laisse une empreinte durable dans l’esprit du lecteur.

La délicatesse

Album publié en 2016 aux éditions Futuropolis


D’après le roman de David Foenkinos paru le 20 aout 2009.

Chaque soir, Markus rentrait chez lui à sept heures quinze.


Il connaissait les horaires du RER par cœur et avait parfois l’impression d’être ami avec ces inconnus qu’il croisait chaque jour.


Il n’était pas malheureux de ce quotidien huilé mais ce soir-là, il avait envie de crier, de raconter sa vie à tout le monde.


Sa vie avec les lèvres de Nathalie sur les siennes. Il voulait être fou…

Source :



Dans « La Délicatesse », Cyril Bonin s’empare du roman éponyme de David Foenkinos pour le transposer en bande dessinée avec une sensibilité remarquable.

Si l’œuvre originelle séduisait déjà par sa finesse narrative et son empathie pour les personnages, la déclinaison graphique de Bonin y apporte une dimension visuelle poétique, grâce à son choix de couleurs pastel et sa représentation épurée des émotions.

Le dessinateur fait preuve d’une grande maîtrise dans la retranscription des subtilités du texte, privilégiant l’implicite et l’émotion au détriment d’un réalisme graphique détaillé. Cette approche laisse place à l’interprétation et invite le lecteur à s’immerger pleinement dans les non-dits et les regards qui portent l’intrigue.

Il est vrai que la singularité du trait, notamment dans la représentation des yeux, a pu dérouter certains lecteurs. Pourtant, ces choix esthétiques semblent intentionnels, soulignant ainsi le thème de la délicatesse par des moyens graphiques.

L’album ne tombe jamais dans le piège de la redite par rapport au roman ou au film, mais offre plutôt une expérience complémentaire. Bonin distille l’essence de l’histoire originale tout en imprimant sa propre vision artistique, donnant aux personnages et aux situations une autre forme de vie.

« La Délicatesse » en tant que bande dessinée se lit comme un écho visuel au roman de Foenkinos, une œuvre qui, tout en captant l’esprit de la source, évoque ses thèmes avec une grâce visuelle qui lui est propre.

La belle image

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Marcel Aymé publié en 1941.

couverture bd La belle image

En l’espace d’un instant, la vie d’un homme ordinaire bascule. Les passantes le suivent du regard, leurs yeux brillent, elles lui sourient… Il a changé de visage.


Mieux encore, ses traits se sont affinés, il paraît plus jeune et surtout, plus séduisant. Mais s’il gagne au change, il est devenu par la même occasion un parfait étranger pour tous ses proches. Plus personne ne le reconnaît et c’est toute sa vie qui se dérobe et qu’il doit réinventer.


Entre le charme de son épouse et celui de l’envoûtante Sarrazine, c’est aussi l’heure des choix et il va découvrir que cette «belle image» peut s’avérer difficile à porter…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La belle image »

Dans « La Belle Image« , Cyril Bonin s’empare avec audace du roman de Marcel Aymé pour le métamorphoser en une bande dessinée d’une finesse psychologique remarquable.

L’histoire de Raoul Cérusier, homme ordinaire doté d’un nouveau visage par un sortilège du quotidien, interroge profondément sur la notion d’identité et le poids de l’apparence dans nos sociétés.

Le dessin de Bonin, avec ses traits expressifs et ses couleurs empreintes de nostalgie, donne corps aux tourments intérieurs du protagoniste et à ce Paris aux allures intemporelles. La transformation de Raoul ne se limite pas à un changement esthétique ; elle conduit à une cascade de remises en question sur sa vie, ses choix et ses relations, dessinant une chronique sociale captivante.

extrait bd La belle image

Si le rythme de la narration peut sembler lent, il n’en demeure pas moins que cette lenteur semble volontaire, épousant le pas hésitant d’un homme qui redécouvre le monde à travers un regard neuf. Cette lenteur est aussi le reflet d’une certaine monochromie des teintes utilisées, renforçant la sensation d’étrangeté qui s’empare du lecteur.

« La Belle Image » est plus qu’une simple adaptation. Bonin réussit à capturer l’esprit d’Aymé tout en offrant une perspective neuve, faisant de cette bande dessinée une lecture réfléchie et mélancolique sur la quête de soi et les illusions de la superficialité