Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

Le jour d’avant

Album publié en 2024 aux éditions Steinkis.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Sorj Chalandon publiée en 2017.

couverture bd Le jour d'avant

« Venge-nous de la mine, avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis.

À sa mort, mes poings menaçant le ciel. Je n’ai jamais cessé de le lui promettre.
J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte esseulée.
J’allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. »


Au-delà de leur travail d’adaptation, Romain et Simon enrichissent cet album d’un cahier documentaire, résultat d’un travail de terrain, à Liévin, au Musée de l’école de la Mine ou encore au Centre historique minier de Lewarde.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le jour d’avant »

La bd sortira le 16 mai 2024. Un avis sera posté quand la BD sera lue.

extrait bd Le jour d'avant

Les larmes de l’assassin

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Anne-Laure Bondoux publié en 2003.

couverture bd Les larmes de l'assassin

Avec plus de vingt récompenses et une quinzaine de traductions, Les Larmes de l’assassin est devenu un roman culte.


Thierry Murat réussit la gageure de l’adapter en bande dessinée, avec la force nécessaire aux terres hostiles de Patagonie et la délicatesse requise par les personnages à la sensibilité enfouie.


Un récit dense sur l’innocence et le mal, qui interroge la complexité des sentiments humains.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les larmes de l’assassin »


Dans la solitude oppressante de la Patagonie chilienne, « Les larmes de l’assassin » de Thierry Murat, adaptée du roman d’Anne-Laure Bondoux, déploie un récit de survie et d’émotions contradictoires qui interroge la nature humaine.

L’œuvre s’ancre dans un paysage à la fois aride et majestueux, capturé par un dessin où l’épure et la retenue amplifient la force du récit. Le choix de la palette de couleurs – ocres, sépias, bleus nocturnes – renforce cette impression d’un monde suspendu entre la dure réalité et le rêve, entre l’effroi et la beauté contemplative.

Murat dépasse la simple narration graphique pour instaurer une atmosphère où les silences et les regards portent autant de sens que les mots.

L’histoire, bien que cruelle, est narrée avec une telle sensibilité qu’elle semble presque douce, portée par les dessins qui invitent à une contemplation mélancolique.

Cette beauté formelle contraste parfois avec une narration qui, pour certains, peut sembler distante ou retenue, ne parvenant pas à saisir pleinement l’essence viscérale du roman original.

En définitive, « Les larmes de l’assassin » est une œuvre où le silence résonne avec autant de force que les cris, une bande dessinée où chaque trait de pinceau est un mot, chaque couleur une émotion.

L’obéissance

Bande dessinée publiée en 2009 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de François Sureau publié en 2007.

Après avoir magnifiquement adapté Aziyadé, le roman de Pierre Loti, Franck Bourgeron revient avec une nouvelle adaptation littéraire.

Tirée d’une histoire authentique, L’Obéissance, romancée par François Sureau, nous plonge au cœur de la Première Guerre mondiale et nous démontre qu’hélas, les États ennemis savent s’entendre en matière de tuerie, que ce soit en gros ou en détail…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’obéissance »

Dans les méandres de l’histoire gravés sur le papier glacé, « L’Obéissance » de Franck Bourgeron émerge comme une œuvre austère, plongeant le lecteur dans les abîmes de la Première Guerre mondiale. Cette bande dessinée n’est pas qu’un simple récit graphique ; c’est une incursion dans la psyché d’une époque où l’obéissance aveugle menait les hommes au-delà des frontières de l’humanité.

La narration, adaptée du roman de François Sureau, orchestre une symphonie de désolation où chaque personnage joue sa partition dans un monde où la mort est une compagne aussi familière que l’air qu’ils respirent. Bourgeron, avec un pinceau trempé dans une palette de désespoir, dépeint avec minutie la lourdeur de l’atmosphère et l’oppression d’une guerre qui dévore ses enfants.

Le trait est incisif, capturant l’essence d’une époque révolue dans des teintes de vert militaire et de terre humide, évoquant une pluie incessante, métaphore d’une tragédie qui ne cesse de s’abattre sur les hommes. Les visages, parfois indistincts, reflètent l’universalité de la souffrance, et le lecteur, tel un voyeur involontaire, se retrouve immergé dans cette mosaïque de douleur.

On pourrait arguer que le rythme lent et les dialogues chargés entravent le flot de la lecture, transformant ce qui aurait pu être une marche réfléchie en un chemin sinueux et ardu. Néanmoins, cette lenteur est à l’image de l’époque qu’elle représente : une période où chaque seconde était un fardeau, chaque décision une potentielle sentence de mort.

« L’Obéissance » est donc plus qu’une bande dessinée ; c’est une fresque historique et philosophique, un tableau sombre où chaque coup de crayon est un écho des questions éternelles sur le devoir, la moralité et le sacrifice.

Une œuvre exigeante, certes, mais dont la portée transcende le papier pour s’inscrire dans le panthéon des récits de guerre qui nous forcent à contempler les abysses de notre passé collectif.

Mise en bouche

Bande dessinée publiée en 2008 aux éditions Futuropolis.


D’après la nouvelle de Philippe Djian publiée en 2003.

couverture bd Mise en bouche

Mise en bouche est une nouvelle de Philippe Djian paru en 2003 en supplément d’un magazine culturel.

À sa lecture, Jean-Philippe Peyraud a tout de suite eu envie d’adapter cette fantaisie dramatique en bande dessinée.


Quelques années plus tard, contact est pris, et Philippe Djian, qui aime particulièrement ce texte, mais aussi la bande dessinée, et apprécie le travail de Jean-Philippe Peyraud, donne immédiatement son accord.

Jean-Philippe Peyraud adapte la nouvelle en bande dessinée, tandis que Djian peaufine les dialogues…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Mise en bouche »


Dans « Mise en bouche », le pinceau de Jean-Philippe Peyraud s’empare avec une subtilité remarquable de la nouvelle de Philippe Djian pour tisser une toile graphique qui, à l’instar de ses protagonistes, captive et retient.

En marge des faits divers, le récit épouse une tangente intimiste, où une situation extrême – la prise d’otages dans une école maternelle – devient l’écrin d’une romance naissante et improbable.

Peyraud ne se contente pas de transposer; il transcende la matière première pour la fondre dans le moule de la bande dessinée avec une maîtrise qui s’admire à chaque planche. Son trait, épuré mais expressif, épouse les émotions et les sous-entendus, tandis que les couleurs de Laurence Croix apportent la profondeur nécessaire à l’ambiance confinée de ce huis clos palpitant.

extrait bd Mise en bouche

L’originalité de l’œuvre réside dans sa capacité à détourner l’attention du sensationnalisme pour la focaliser sur l’humain, ses failles et ses aspirations.

Le dessin simple mais poignant accompagne une narration où les non-dits ont autant de poids que les dialogues finement ciselés par Djian. La gestion des silences, les regards échangés, tout concourt à rendre cette histoire d’amour aussi délicate que le contexte est brutal.

Cette BD confirme l’engagement de Futuropolis dans la publication d’œuvres qui interpellent, déstabilisent et restent en mémoire bien après avoir tourné la dernière page.

L’Or des marées – Tome 4

Album publié en 2024 aux éditions Glénat


Résumé éditeur

Une saga maritime, humaine et romanesque.

couverture bd L'Or des marées - Tome 4

Yves Kerléo a monté une belle affaire de goémonier en partenariat avec Eugène Lemarchand, industriel du Conquet.

Mais quand le fils de ce dernier revient d’exil et leur tend un piège, ils se retrouvent tous deux au bord de la ruine.

Leur salut réside dans le renflouement du Vesper, un cargo échoué sur les récifs au large de Bannalec, et dont on dit que les cales sont remplies de mille trésors. 

Mais ce projet supposera de former des équipes peu habituées aux risques de la mer, et ils apprendront ce qu’il en coûte de devenir des pilleurs d’épave… 

Les auteurs des Chasseurs d’écume nous proposent une nouvelle saga de l’océan au souffle romanesque, adaptée du roman best-seller de Joël RaguénèsLe Pain de la mer. 


L'Or des marées – Tome 04

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Or des marées – Tome 4 »

Dans le quatrième et dernier tome de « L’Or des marées« , François Debois nous invite à conclure la traversée de la Bretagne du 19ème siècle, un monde où la mer et l’homme se confrontent avec la même fureur que la tempête contre les falaises.

Serge Fino, par ses illustrations, peint ce drame humain avec une palette où le gris de la tourmente se mêle au vert de l’espoir.

extrait bd L'Or des marées - Tome 4

Yves Kerléo, le protagoniste, symbolise la lutte contre les vagues intransigeantes du destin. La chute de son entreprise de goémonier, orchestrée par la trahison et la cupidité, n’est pas simplement un récit d’adversité; c’est une métaphore de l’éternel combat de l’homme contre les forces qui cherchent à le submerger.

Son dernier espoir, le renflouement du Vesper, n’est pas qu’une quête de trésors, mais une quête de rédemption, de la fierté d’un homme, et de la survie d’une communauté.

Le tome 4 est, certes, une histoire de courage, mais également une réflexion sur la nature humaine et ses abysses.

Debois ne nous offre pas seulement une aventure maritime, mais un miroir des passions qui agitent le cœur des hommes. Le lecteur est emporté dans les flots tumultueux du récit, naviguant entre les récifs de l’ambition, de la trahison, et de la solidarité.


La route

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Dargaud.


D’après le roman de Cormac McCarthy publié en 2006.

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage.

Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité.

Survivront-ils à leur périple ?

Après « Le Rapport de Brodeck », Manu Larcenet adapte de nouveau une oeuvre majeure de la littérature.

Couronnée par le prix Pulitzer en 2007, « La Route » a connu un grand succès et a été adaptée au cinéma en 2009 avec Vigo Mortensen dans le rôle principal.

Avec cet album, Manu Larcenet réussit une adaptation d’une originalité absolue et pourtant d’une totale fidélité. En posant son trait sous les mots du romancier, en illustrant les silences du récit, l’artiste s’est approprié l’univers sombre et fascinant du roman de Cormac McCarthy.

D’un roman-culte il a fait un album d’une beauté saisissante, à la fois puissant et poignant.

Incontestablement un des chefs-d’oeuvre de la bande dessinée moderne.

Cormac McCarthy a signé plusieurs romans phares dont « La Route » mais aussi « No Country for old men », également adapté par les frères Coen au cinéma. Son oeuvre est essentiellement disponible aux éditions de L’Olivier (et Points), associées à Dargaud sur ce projet. L’écrivain est décédé le 13 juin 2023.

Son roman, publié aux Éditions de l’Olivier et chez Points pour la version poche, a été vendu à près de 800 000 exemplaires.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La route »

La bd sortira le 29 mars 2024.

Entrez dans la danse

Bande dessinée publiée en 2019 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2018.

Après sa magistrale adaptation de Charly 9, Richard Guérineau met à nouveau son talent au service de l’œuvre de Jean Teulé pour donner chair à cette incroyable épidémie de danse survenue il y a 500 ans à Strasbourg.

Strasbourg, juillet 1518. La ville est soumise depuis quatre ans aux pires calamités. La sécheresse, les grands froids, la famine, la maladie…

C’est ce qui explique pourquoi Enneline est allée précipiter son enfant depuis le pont au Corbeau. Ça et la folie de la danse qui s’est saisie d’elle tout de suite après. Nombreux furent ceux à entrer dans la danse à sa suite… certains jusqu’à la mort.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Entrez dans la danse »

Dans l’adaptation graphique de l’œuvre de Jean Teulé « Entrez dans la danse« , Richard Guérineau nous plonge dans une tranche d’histoire médiévale aussi sombre que fascinante, celle de la « danse de Saint-Guy » à Strasbourg en 1518. Par le prisme de son dessin fin et expressif, Guérineau transcende les anecdotes historiques et l’anti-cléricalisme teuléen pour créer une fresque vibrante où la détresse humaine danse avec la mort.

Le récit est ancré dans un réalisme poignant : une ville médiévale en proie aux fléaux naturels, une population affamée et désespérée. Dans ce contexte, la danse devient épidémique, un symptôme de misère plutôt qu’une célébration de la vie.

La BD navigue habilement entre l’horreur de l’événement et l’humour noir, offrant une distanciation qui ne minimise jamais la gravité de la situation, mais qui en fait plutôt une satire mordante des réponses humaines à la catastrophe.

Guérineau ne se contente pas de dépeindre un drame; il interroge aussi, à travers son art, les réponses des autorités civiles et ecclésiastiques, dévoilant leur impuissance et leur opportunisme face à l’inexplicable. L’écho contemporain est inévitable, les thèmes du pouvoir, de la superstition et de la crise sanitaire résonnant avec une pertinence troublante aujourd’hui.

La bande dessinée se révèle ainsi comme un miroir de l’histoire, où la danse devient une métaphore de l’irrationnel et du tragique, magnifiquement capturée par le talent de Guérineau pour le détail et la couleur.

Avec « Entrez dans la danse« , l’auteur offre un spectacle visuel où l’histoire et la légende se côtoient, et où le lecteur, comme les personnages, est invité à une réflexion sur la nature humaine et les réponses collectives aux crises.

Cette critique est une création originale basée sur les informations fournies par les ressources précédemment citées.

Je, François Villon – Tome 03

Bande dessinée publiée en 2016 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2006.

Je crie à toutes gens merci.

couverture bd Je, François Villon - Tome 03

Ce troisième volume de l’adaptation du texte de Jean Teulé par Luigi Critone conclut admirablement cette fresque médiévale, hommage à la mesure de François Villon, poète au destin et au talent incomparables.

François Villon aura tout expérimenté de l’art de la subversion.

Aucune règle ni aucun sentiment, même les plus naturels en apparence, n’auront pu éviter une remise en cause par son esprit fort et rebelle.

Aucune fréquentation enfin ne l’aura rebuté, quand bien même elle serait désastreuse pour sa réputation.

Il fut rejeté, banni, mais reste aujourd’hui encore l’un des plus grands poètes de notre histoire.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Je, François Villon – Tome 03 »

« Je, François Villon – Tome 3« , œuvre de Luigi Critone, se distingue comme une île mystérieuse et envoûtante. Inspiré par le texte de Jean Teulé, Critone nous livre un récit graphique qui est à la fois une plongée dans l’âme tourmentée d’un poète et un miroir de son temps, le XVe siècle français, une époque rude et sans pitié.

Ce dernier opus conclut la trilogie avec une maestria qui équilibre la noirceur des actes de Villon avec une introspection presque théâtrale, où le protagoniste se confronte à ses démons et à sa conscience, en une sorte de huis clos existentialiste. Les critiques ont salué la façon dont Critone manipule le rythme narratif, alternant entre les citations poétiques en ancien français et une linéarité qui facilite la digestion de ces textes anciens.

Le dessin de Critone est encensé pour sa finesse et son élégance, offrant un regard presque cinématographique sur l’époque. L’illustrateur ne se contente pas de dessiner une époque ; il la réanime, lui insuffle un souffle de vie qui permet au lecteur de sentir le froid des cachots et la dureté des pavés. La colorisation de Giorgia Casetti est également remarquée pour sa capacité à magnifier le travail de l’artiste, ajoutant une profondeur émotionnelle palpable à chaque planche.

extrait bd Je, François Villon - Tome 03

La caractérisation de François Villon est une réussite indéniable. Le lecteur suit avec fascination ce personnage historique, de ses débuts de jeune étudiant rebelle à son inéluctable chute, en passant par sa vie de bandit.

Ce troisième tome illustre sa repentance et sa confrontation avec les conséquences de ses actes, une démarche qui le mène à une certaine maturité. Cette évolution psychologique est un véritable tour de force, rendant Villon non seulement plus humain mais aussi profondément attachant, malgré ou à cause de ses nombreux défauts.

« Je, François Villon – Tome 3 » s’érige non seulement comme une bande dessinée historique de premier plan mais aussi comme une étude de caractère captivante. Ce volume est une invitation à redécouvrir Villon, à apprécier la richesse de son œuvre poétique et à méditer sur les ambivalences de la nature humaine.

Charly 9

Bande dessinée publiée en 2013 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publié en 2011.

couverture bd Charly 9

Charles IX fut de tous les rois de France l’un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint- Barthélemy qui épouvanta l’Europe entière.

Abasourdi par l’énormité de son crime, il sombra dans la folie.

Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous…

Pourtant, il avait un bon fond.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Charly 9 »

Dans les méandres de l’histoire française, il y a des figures tragiques que seul l’art peut réhabiliter, ou du moins, éclairer sous une lumière plus nuancée. La bande dessinée « Charly 9 » de Richard Guérineau, adaptation du roman éponyme de Jean Teulé, est une tentative réussie de peindre la tragédie d’un roi malgré lui, Charles IX, à travers les prismes colorés de la bande dessinée.

Guérineau, avec une palette où le rouge sang et le noir profond prédominent, nous plonge dans les tumultes d’une époque révolue mais dont les échos résonnent encore. Le traitement graphique, mélangeant habilement lavis traditionnel et retouches numériques, apporte une profondeur et une gravité à ce récit historique.

Chaque page est un contraste frappant entre la légèreté de l’existence et la lourdeur du destin, entre les clins d’œil humoristiques et la réalité macabre d’un règne marqué par le sang.

extrait bd Charly 9

« Charly 9 » ne se contente pas de retracer des événements ; il offre une introspection dans l’âme d’un roi jouet des volontés maternelles, un souverain tourmenté par la culpabilité et rongé par la folie.

La montée en puissance du rouge dans les pages est symptomatique de cette descente inexorable vers la démence. L’humour, parfois noir, parfois décalé, sert de soupape à la tension narrative, rendant l’œuvre d’autant plus poignante.

La BD de Guérineau est un véritable tour de force, qui allie recherche historique minutieuse et créativité artistique. Elle s’adresse non seulement aux passionnés d’histoire, mais aussi à ceux qui cherchent dans l’art une porte vers les complexités de l’âme humaine.

« Charly 9 » est une réflexion sur le pouvoir et la folie, un miroir tendu à notre époque qui, malgré les siècles, ne semble pas avoir fini de répéter les erreurs du passé.

Je, François Villon – Tome 02

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2006.

Bienvenue parmi les ignobles

couverture Bd Je, François Villon - Tome 02

François Villon fait la rencontre de Colin de Cayeux, chef des Coquillards, brigands pervers et sanguinaires.

Pour être initié, Villon doit réaliser trois chefs-d’oeuvre : un vol scandaleux, un crime écoeurant et un présent abominable.

Ainsi, il volera une femme qui enterre son enfant, égorgera une pauvre prostituée et, sur demande de Colin, il offrira sa femme… Bienvenue parmi les ignobles !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Je, François Villon – Tome 02 »

Au fil des pages du second tome de « Je, François Villon« , Luigi Critone plonge le lecteur dans les abysses d’une âme torturée, où la légende noire du poète maudit prend toute son ampleur. Loin de la verve légère et de l’esprit facétieux du premier volume, cette suite déroule le tapis de l’obscurité sous les pas d’un Villon plus sombre, dont la descente aux enfers est aussi irrésistible qu’effrayante.

La force de ce tome réside dans la capacité de Critone à saisir le paradoxe d’un Villon à la fois poète et scélérat. La plume se fait ici pinceau, dessinant les contours d’un homme écartelé entre la grandeur de son art et la bassesse de ses actes.

Les illustrations, bien que magnifiques, portent en elles la noirceur d’un récit qui ne fait pas l’économie de la violence. Les actes de Villon, peints avec une précision qui frôle parfois la caricature, sont un rappel glaçant que derrière la poésie se cache parfois la brutalité la plus crue.

extrait bd Bd Je, François Villon - Tome 02

Critone nous convie à une réflexion sur la nature humaine, où la noblesse de l’art de Villon se heurte à ses choix moralement discutables. Le lecteur se trouve alors dans l’inconfort de la dualité, à la fois captivé par le talent indéniable du poète et repoussé par ses actions répréhensibles. L’auteur questionne subtilement les limites de notre empathie, nous forçant à contempler l’homme dans toute sa complexité.

Cependant, cette noirceur omniprésente peut susciter une certaine lassitude. L’accumulation des scènes d’une violence graphique peut parfois sembler gratuite, éclipsant la subtilité que l’on attend d’une œuvre qui se veut aussi littéraire. Ce choix audacieux de Critone risque de diviser : est-ce un hommage appuyé à la légende de Villon ou une simplification excessive d’une figure historique complexe ?

« Je, François Villon – Tome 02 » est une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Critone y fait preuve d’une maîtrise artistique indéniable, mais le lecteur pourrait regretter que l’obscurité du récit prenne le pas sur la lumière de la poésie.

Une chose est certaine : ce Villon-là ne cessera de hanter ceux qui auront osé s’aventurer dans les méandres de son âme tourmentée.