L’été des charognes

Album publié en 2023 aux Editions Gallimard.
Résumé éditeur
Adapté du roman de Simon Johannin publié pour la première fois le 5 janvier 2017.

Ici, c’est le « village de nulle part ». Là où l’on vit retiré et un peu hors la loi. Là où les enfants slaloment entre les pères ivres et les chiens errants, où l’été on apprend à dépecer les agneaux…
Où trop souvent la misère vous mord les lèvres et la puanteur vous empoigne la gorge. Là où l’amitié reste la grande affaire.
Un jour pourtant, il faut partir, affronter le monde pour tenter d’échapper à cette enfance pleine de terre et de sang qui vous colle à la peau.
La bd « L’été des charognes » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’été des charognes »
L’été des charognes, premier roman graphique de Sylvain Bordesoules, adapte avec une intensité rare le texte coup-de-poing de Simon Johannin, chroniqueur d’une France rurale âpre et oubliée. Plongeant le lecteur dans un hameau perdu de l’Hérault, l’album donne voix à une jeunesse livrée à elle-même, ballottée entre violence ordinaire, amitiés rugueuses et un quotidien saturé d’ennui, de misère et de rêves d’ailleurs.
La narration, à la première personne, épouse le regard d’un adolescent dont l’innocence se heurte à la brutalité du monde adulte. Sylvain Bordesoules parvient à restituer la profondeur psychologique des personnages, fracassés mais debout, toujours sur le fil entre résignation et désir d’émancipation. La chronique sociale se double d’une quête identitaire, où chaque désillusion façonne une humanité cabossée, jamais caricaturale.

Graphiquement, l’album impressionne par un réalisme pictural saisissant, réalisé aux marqueurs à alcool et à l’aquarelle. Les plans serrés, les couleurs directes et les textures presque organiques traduisent la suffocation, la rudesse et la poésie paradoxale de cette campagne. Les visages, les mains, les objets du quotidien deviennent des vecteurs d’émotion brute, tandis que les paysages oscillent entre documentaire et abstraction, renforçant la tension du récit.
L’été des charognes s’impose ainsi comme une œuvre forte, bouleversante et nécessaire, à recommander à tous ceux qui s’intéressent à la bande dessinée sociale, à la littérature du réel et aux portraits sans fard de la jeunesse périphérique. Une révélation graphique et narrative, à la hauteur de son modèle littéraire.