Mois : juin 2025

Après L’Orage

Album publié en 2021 aux Editions Pierre De Taillac.


couverture bd Après L'Orage

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle. »

Charles Péguy, 1913


Septembre 1914.
Henri de Maury est précipité au cœur de la bataille de la Marne. Ce jeune officier connaît à Vitry-le-François son baptême du feu. Si la France est sauvée par ce « miracle », Henri de Maury, lui, n’en sortira pas indemne.

Après l’orage, comment se remettre et survivre, lorsque l’on a été confronté à l’horreur ? Un récit poignant sur le patriotisme, l’aveuglement et les traumatismes nés de la Grande Guerre.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Après L’Orage »

Natif de la Marne, région marquée par les stigmates de 14-18, Victor Lepointe signe avec « Après l’Orage » une œuvre d’une rare sensibilité sur les traumatismes de la Grande Guerre. Publié en 2021 aux Éditions Pierre de Taillac, cet album de 128 pages plonge le lecteur dans la bataille de la Marne de septembre 1914, suivant Henri de Maury, jeune officier précipité dans son baptême du feu à Vitry-le-François.

Victor Lepointe privilégie une approche mémorielle plutôt que purement séquentielle. Son récit se développe avec une lenteur voulue, laissant une place considérable à la contemplation de l’horreur. Cette méthode narrative permet d’explorer avec finesse la psychologie d’un homme confronté aux limites de son humanité. Le patriotisme aveugle initial d’Henri de Maury se fissure progressivement face à la réalité du conflit.

Le style graphique est un atout majeur de la BD. Victor Lepointe maîtrise parfaitement le lavis réaliste, créant des planches « comme peintes à l’aquarelle ». Cette technique transforme chaque page en tableau contemplatif. Le trait, à la fois précis et poétique, sert magnifiquement le propos sur les traumatismes de guerre.

« Après l’Orage » s’impose comme un exercice mémoriel remarquable, destiné aux amateurs de bande dessinée historique exigeante. Une bande dessinée essentielle sur la première catastrophe du XXe siècle.

La mythologie en BD – Isis et Osiris

Album publié en 2019 aux éditions Casterman.


Résumé éditeur

Découvrez le couple fondateur de la mythologie égyptienne… tout en BD !

Né de le l’union du dieu de la Terre et de la déesse du Ciel, Osiris règne avec sagesse sur la riche vallée du Nil.
Sa sœur et épouse Isis l’aide, le conseille et surveille les manœuvres de Seth, leur propre frère qui, dévoré par la jalousie, veut s’emparer du trône.
Avec cette bande dessinée, partagez la vie des divinités et celle des humains aux temps les plus anciens de l’Égypte.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La mythologie en BD – Isis et Osiris »

Dans la collection « Tout en BD » chez Casterman, Viviane Koenig et Clémence Paldacci proposent une adaptation remarquable de la légende fondatrice d’Isis et Osiris, socle de toute la mythologie égyptienne. Cette bande dessinée documentaire transforme avec brio les récits millénaires en un récit accessible dès 8 ans.

La BD explore avec finesse les thèmes de la rivalité fraternelle, du pouvoir et de la jalousie à travers le conflit entre Osiris, roi sage de la vallée du Nil, et son frère Seth. Viviane Koenig, forte de son expertise d’historienne et de son expérience archéologique en Égypte, développe une narration qui entremêle habilement mythologie et psychologie humaine. Le découpage en chapitres facilite l’appropriation du récit parfois complexe.

extrait bd La mythologie en BD - Isis et Osiris

Clémence Paldacci, diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg, développe un style visuel équilibré entre authenticité égyptienne et codes de la bande dessinée jeunesse. Ses couleurs évoquent les représentations traditionnelles des divinités pharaoniques tout en conservant une lisibilité moderne. Un choix qui renforce l’immersion dans l’Égypte antique.

Cette adaptation constitue une vulgarisation intelligente, recommandée tant aux jeunes lecteurs qu’aux adultes souhaitant redécouvrir les origines de la civilisation égyptienne. Un ouvrage qui prouve que pédagogie et qualité artistique peuvent cohabiter harmonieusement.

Les Petits Mythos présentent : La mythologie égyptienne

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Bamboo.


Avec les Petits Mythos, on va rigoler de l’Olympe jusqu’aux bords du Nil. 
Tout comme ils l’avaient fait avec la mythologie nordique, dans Les Petits Mythos expliquent : La Mythologie égyptienne, Totor, Hercule, Ulysse et leurs copains vont aller sur les bords du Nil à la rencontre de Râ, Seth, Osiris et consorts.
Mais pas sûrs qu’à l’ombre des temples et des pyramides, les divinités supportent les (nombreuses) bêtises des Mythos.
Christophe Cazenove et l’égyptologue Amandine Marshall alternent gags et pages didactiques.
Et, grande nouvelle, c’est Bloz (Ping ! Les Dinosaures en BD, Le Zoo des animaux disparus) qui assure les dessins. Pas de soucis, il a reçu la bénédiction de Zeus (et de Larbier – mais on dit que les deux ne font qu’un) !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Petits Mythos présentent : La mythologie égyptienne »

La BD sortira en juillet 2025.

Déraciné – Un tirailleur en fuite

Album publié en 2025 aux Editions Familiar Eds.


couverture bd Déraciné - Un tirailleur en fuite

1916.
Comme des milliers d’autres Africains des colonies, Beckadou est enrôlé de force dans l’armée française.
À l’ombre de la dune du Pilat, dans le camp d’hivernage du Courneau, le déracinement et les horreurs de la guerre font vaciller les esprits des tirailleurs sénégalais.
Pour poursuivre ses rêves autant que fuir ses cauchemars, Beckadou s’évade.

DÉRACINÉ – Un tirailleur en fuite est la première œuvre de Thibault Rougès. Son dessin réaliste, magnifié par son traitement en Noir & Blanc, donne à son récit une puissance narrative immersive et bouleversante.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Déraciné – Un tirailleur en fuite »

La BD sortira en aout 2025.

extrait bd Déraciné - Un tirailleur en fuite

Les morts ont tous la même peau

Album publié en 2020 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Boris Vian publiée en février 1947.

couverture bd Les morts ont tous la même peau

« Entre donner les coups et les recevoir, je préférais les donner. »

Dan est un sang-mêlé. Autrement dit, un noir à peau blanche. Videur dans un bar de nuit à New York, il ne vit que pour Sheila, sa femme, et l’enfant qu’il a eu avec elle. Un enfant que la société acceptera parce que sa peau est blanche, contrairement à Dan, pour qui le secret de ses origines plane tel une épée de Damoclès.
Alors qu’il s’entiche subitement d’une prostituée noire et que l’irruption de son frère, Richard, menace de tout révéler, Dan voit sa vie basculer.
Lui qui, non sans remords, a tant voulu être un Blanc, ne serait-il au fond de lui-même qu’un « nègre » ?

À la manière de Chandler ou Hadley Chase, Boris Vian – alias Vernon Sullivan – donne libre cours à la violence et l’érotisme pour explorer la folie intérieure d’un homme qui ne se reconnaît plus.

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les morts ont tous la même peau »

Une Descente aux Enfers Saisissante dans l’Amérique Ségrégationniste.
« Les morts ont tous la même peau » nous plonge dans les abysses psychologiques d’un homme déchiré par ses origines. Cette adaptation du roman de Boris Vian, écrit sous le pseudonyme Vernon Sullivan en 1947, est magistralement orchestrée par Jean-David Morvan et mise en images par German Erramouspe et Mauro Vargas.

Dans le New York d’après-guerre, Dan Parker, videur dans un bar nocturne, vit dans la terreur que son secret soit révélé : sous sa peau blanche coule du sang noir. Lorsque son frère Richard menace de dévoiler ses origines, Dan s’engage dans une spirale autodestructrice où violence et pulsions sexuelles s’entremêlent. .

extrait bd Les morts ont tous la même peau

Le trait nerveux et réaliste de German Erramouspe et Mauro Vargas traduit parfaitement la tension permanente qui habite le protagoniste. Les visages expressifs, les scènes d’action percutantes et l’utilisation judicieuse de bichromies créent une ambiance suffocante qui colle parfaitement à l’univers de Boris Vian. La mise en page dynamique sert la narration, en particulier lors des passages les plus violents ou érotiques.

Cette adaptation réussit le pari audacieux de transposer en bande dessinée l’univers cru et sans concession de Vernon Sullivan/Boris Vian, tout en conservant son propos sur l’absurdité des préjugés raciaux. Un polar noir et intense, à recommander aux amateurs d’œuvres graphiques adultes qui ne reculent pas devant les représentations sans fard de la violence dans un contexte historique de ségrégation américaine.

L’homme qui plantait des arbres

Album publié aux éditions Bang en 2021.


Résumé éditeur


D’après la nouvelle de Jean Giono publiée pour la première fois le 15 mars 1954.

couverture bd L’homme qui plantait des arbres

En 1953, Jean Giono écrit L’homme qui plantait des arbres, une nouvelle qui deviendra très vite célèbre, et dont Giono cèdera les droits dans le but d’en faciliter la diffusion.

Le narrateur y raconte sa rencontre, en 1913, tout proche de Vergons, dans les Alpes de Haute-Provence, avec un berger, Elzéard Bouffier, qui consacre ses journées à la plantation de chênes, pour faire revivre cette terre désertique.
Cette histoire, fictive, a pourtant longtemps été considérée comme une histoire vraie. Ce qui prouve que ce que raconte Giono n’est pas une utopie, et que les événements retranscrits pourraient très bien se produire dans la réalité. Nous pouvons, toutes et tous, agir positivement sur le monde qui nous entoure, à condition d’en avoir le désir et la patience.

Sandra Hernández nous livre une magnifique adaptation de L’homme qui plantait des arbres, entre bande dessinée et album illustré, destinée aux enfants comme aux adultes et aux adolescents, à tous ceux qui rêvent parfois qu’on peut encore changer le monde.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’homme qui plantait des arbres »

Sandra Hernández livre une adaptation remarquable de la nouvelle de Jean Giono « L’homme qui plantait des arbres« , publiée chez Bang Ediciones en 2021. Cette illustratrice barcelonaise, diplômée de l’Escola Massana et lauréate du prix Junceda 2022 pour le meilleur cómic, transforme le récit écologiste de Jean Giono en une bande dessinée hybride, oscillant entre roman graphique et album illustré. L’œuvre raconte l’histoire d’Elzéard Bouffier, berger solitaire qui redonne vie aux terres arides de Haute-Provence en plantant inlassablement des arbres entre 1913 et 1947.

Sandra Hernández respecte l’esprit du texte original tout en exploitant pleinement les ressources narratives de la bande dessinée. Les thèmes centraux – l’écologie, la persévérance et la générosité désintéressée – trouvent une résonance particulière dans notre époque de crise climatique. L’autrice développe subtilement la psychologie d’Elzéard Bouffier, présentant un personnage dont la détermination silencieuse contraste avec l’agitation du monde extérieur. 
La représentation des deux guerres mondiales constitue un petit tour de force : Sandra Hernández synthétise ces tragédies en quelques case BD sombres qui contrastent avec le reste de la BD.

extrait bd L’homme qui plantait des arbres

Le style visuel de Sandra Hernández se distingue par son approche coloriste et sa technique proche du « style naïf », évoquant parfois le Douanier Rousseau. Cette esthétique simple soutient parfaitement le message universel de l’œuvre. La représentation de la nature évolue magistralement : des terres désolées initiales aux paysages luxuriants, chaque page témoigne de la transformation écologique. Les personnages acquièrent une dimension quasi-iconique qui renforce l’aspect fabuleux du récit.

Cette adaptation constitue un modèle du genre, démontrant comment une bande dessinée peut enrichir un texte littéraire sans le trahir. Sandra Hernández réussit le pari de s’adresser simultanément aux enfants et aux adultes, offrant une œuvre accessible mais jamais simpliste. Cette bande dessinée s’impose comme un manifeste écologique d’une actualité brûlante, porteur d’un message d’espoir indispensable.

Confidences à Allah

Album publié en 2015 aux éditions Futuropolis.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Saphia Azzeddine publiée pour la première fois le 4 janvier 2008.

couverture bd Confidences à Allah

Comment devenir libre quand tout vous prédestine à la soumission ?
Itinéraire d’une jeune fille musulmane d’aujourd’hui, Confidences à Allah est un témoignage direct, cru et cependant plein de poésie et d’humour, sur l’oppression des femmes.

Eddy Simon et Marie Avril adaptent le monologue fiévreux de Saphia Azzeddine, portrait sans concession d’une jeune femme qui rêve d’émancipation et refuse de se soumettre.

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Confidences à Allah »

Publié en 2015 chez Futuropolis, Confidences à Allah transpose avec justesse le roman éponyme de Saphia Azzeddine (2008) sous la plume du scénariste Eddy Simon et le pinceau de Marie Avril. Cette bande dessinée de 88 pages suit Jbara, jeune bergère de seize ans des montagnes du Maghreb, contrainte à l’exil après une grossesse qui la bannit de sa famille.

L’œuvre réussit le pari délicat de préserver l’intensité du monologue original tout en l’adaptant au langage séquentiel. Eddy Simon orchestre habilement la confidence permanente de Jbara à Allah, transformant ce dialogue intime en fil conducteur. La protagoniste traverse prostitution, prison et rédemption avec une lucidité désarmante, portée par une rage contenue et un humour grinçant qui rendent son parcours profondément humain.

Marie Avril déploie un style à la fois précis et vivant, aux couleurs méditerranéennes qui contrastent avec la dureté du propos. Ses cadrages quasi-cinématographiques et sa mise en couleurs nuancée amplifient les émotions, oscillant entre tendresse et violence. Le trait expressif de l’artiste lyonnaise, habitée par une sensibilité particulière pour les destins féminins, dépasse la simple illustration pour devenir véritable interprétation graphique.

Confidences à Allah s’impose comme un témoignage bouleversant sur la condition féminine, porté par un duo créatif. Rarement les adaptations de BD en romans sont aussi réussies.

Sherlock Holmes – L’Homme qui grimpait

Album publié en 2025 aux Editions Bang.


Adapté de la nouvelle de Arthur Conan Doyle (publié pour la première fois en mars 1923).

couverture bd Sherlock Holmes - L'Homme qui grimpait

Faut-il encore présenter Sherlock Holmes ? Incontestablement le détective le plus connu au monde, il est doté d’une logique implacable, d’une maîtrise de la science de la déduction et d’une observation quasi surnaturelle.
Cinquante-six histoires naîtront sous la plume de son créateur écossais, Conan Doyle, marquant à jamais le genre policier.

Dans L’homme qui grimpait (The Adventure of the Creeping Man), Sherlock Holmes et le Dr Watson enquêtent sur le comportement étrange d’un professeur renommé qui, malgré son âge avancé, s’adonne à certaines prouesses acrobatiques.
Les récents voyages en Bohême du professeur en seraient-ils la cause ?
Un sherlock Holmes peu connu et hilarant, surtout mis dans les mains d’Artur Laperla !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Sherlock Holmes – L’Homme qui grimpait »

L’Homme qui grimpait, publié chez Bang éditions dans la collection Bédéclassic en mai 2025, constitue l’adaptation en bande dessinée de « The Adventure of the Creeping Man » d’Arthur Conan Doyle par l’auteur barcelonais Artur Laperla. Cette nouvelle de 1923, l’une des moins connues de Sherlock Holmes, retrouve une seconde jeunesse sous le trait de cet artiste espagnol reconnu pour ses séries humoristiques comme Super Patate.

Artur Laperla démontre sa polyvalence en s’appropriant l’univers victorien de Sherlock Holmes avec une approche narrative équilibrée. L’intrigue, centrée sur les comportements étranges du professeur Presbury qui grimpe aux murs et provoque l’agressivité de son chien, conserve toute sa dimension psychologique originelle. L’auteur parvient à maintenir le suspense inhérent au texte d’Arthur Conan Doyle tout en insufflant une dimension visuelle dynamique qui revitalise cette enquête méconnue.

extrait bd Sherlock Holmes - L'Homme qui grimpait

Fort de sa formation en philosophie et en illustration à Barcelone, Artur Laperla développe un style graphique qui dépasse ses œuvres jeunesse habituelles. Son trait, habituellement coloré et fantaisiste dans Super Patate, s’adapte avec finesse à l’atmosphère plus sombre et contemplative de l’époque victorienne..

Cette adaptation de 72 pages est une réussite éditoriale qui séduira autant les néophytes du genre policier que les connaisseurs de l’œuvre d’Arthur Conan DoyleArtur Laperla offre une porte d’entrée accessible à l’univers de Sherlock Holmes tout en respectant l’esprit original de cette enquête atypique.

Et on tuera tous les affreux

Album publié en 2021 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Boris Vian publiée en juin 1948.

couverture bd Et on tuera tous les affreux

« Les gens sont tous très laids… Aussi je me suis construit une rue et j’ai fabriqué des jolis passants. Chez moi, c’est un slogan : on tuera tous les affreux. »

À Los Angeles, Rocky Bailey est un bellâtre, la coqueluche de ces demoiselles. Et pourtant, il se refuse obstinément à elles, désirant conserver sa virginité jusqu’à ses vingt ans.
Mais un soir, il est drogué et enlevé par le docteur Schutz qui tente de le forcer à réaliser une singulière expérience : faire l’amour à une magnifique jeune fille !
Incapable de s’y résoudre, Rocky décide ensuite de mener une enquête avec son nouvel ami Andy Sigman, chauffeur de taxi, sur le diabolique docteur Schutz et ses expériences suspectes…

À la différence des autres œuvres signées Vernon Sullivan, écrites dans le plus pur style des romans noirs américains de l’époque, Et on tuera tous les affreux est un pastiche burlesque, tour à tour angoissant et hilarant. Un cocktail détonnant de meurtres, de courses poursuites, d’expériences abominables et, au grand désespoir de Rocky, de filles…

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Et on tuera tous les affreux »

Quatrième adaptation des romans de Boris Vian signés Vernon Sullivan, « Et on tuera tous les affreux » (Glénat, 2021) nous plonge dans un Los Angeles fantasmé où Jean-David Morvan et Ignacio Noé transposent avec brio ce texte de 1948. Contrairement aux précédents opus davantage ancrés dans le noir américain classique, cette œuvre se distingue par son ton délicieusement burlesque.

Le récit suit Rocky Bailey, apollon refusant obstinément tout rapport charnel jusqu’à ses vingt ans, kidnappé par le docteur Schutz pour servir d’étalon dans son projet eugéniste visant à créer une société d’êtres parfaits. À travers cette intrigue déjantée mêlant courses-poursuites, expérimentations scientifiques douteuses et questionnements moraux, Boris Vian dénonçait avec prescience les dérives du culte de la beauté physique.

Le trait d’Ignacio Noé, maître argentin reconnu pour ses œuvres érotiques, apporte une dimension visuelle parfaitement adaptée à l’univers sulfureux de Vernon Sullivan. Son style sensuel magnifie les corps tout en servant brillamment la narration par des cadrages dynamiques et une mise en scène audacieuse qui n’édulcore jamais la dimension satirique du propos.

Cette adaptation réussie restitue l’esprit irrévérencieux et visionnaire de Boris Vian, transformant ce polar-fantastique en critique sociale jubilatoire. Une lecture recommandée aux amateurs de bandes dessinées adultes cherchant une œuvre à la fois intellectuellement stimulante et visuellement captivante.

1984 (Adapté par Frédéric Pontarolo)

Bande dessinée publiée en 2021 aux éditions Michel Lafon.


D’après le roman de George Orwell publié le 8 juin 1949.

L’adaptation en bande dessinée de 1984, le roman culte de George Orwell.

Londres, 1984, Winston Smith, employé au ministère de la Vérité, chargé de réécrire l’histoire afin qu’elle s’accorde avec la version offi cielle, tombe amoureux de Julia, rencontrée lors des Deux Minutes de la Haine.
Comment leur amour pourra-t-il exister dans un monde où les sentiments sont interdits et où les Télespions surveillent les individus sans relâche ?

Souriez Big Brother is watching you !



L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « 1984 »

Publiée en mai 2021 chez Michel Lafon, cette adaptation de 1984 par Frédéric Pontarolo profite de l’entrée du chef-d’œuvre de George Orwell dans le domaine public pour proposer une vision personnelle du roman dystopique. Diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg et lauréat de l’Alph’Art Graine de Pro en 1994, Frédéric Pontarolo s’empare du texte fondateur avec un scénario qui tranche avec les autres adaptations parues simultanément.

L’auteur fait le choix audacieux de présenter Winston Smith sous les traits d’un homme noir, décision originale qui s’inscrit logiquement dans un Londres futuriste cosmopolite. Cette adaptation se distingue par sa capacité à générer de l’émotion là où d’autres versions restent froides. Frédéric Pontarolo évite le « copier-coller » textuel en s’appropriant véritablement l’histoire d’Orwell, révélant progressivement l’univers totalitaire à travers le regard de Winston plutôt que par de longues descriptions liminaires. Le récit gagne ainsi en proximité psychologique, permettant au lecteur de s’attacher au protagoniste et de ressentir viscéralement l’oppression du régime de Big Brother.

Le trait de Frédéric Pontarolo, toujours sombre et linéaire, excelle dans la retranscription de la tension omniprésente qui caractérise l’univers de George Orwell . Sa palette chromatique, dominée par les nuances de gris et de marron avec de rares couleurs ternes, reflète parfaitement l’état psychologique de Winston et l’atmosphère désolante de cette société sous surveillance. Les choix esthétiques innovants enrichissent l’expérience : les maximes du Parti projetées par laser dans le ciel, la modernisation des hélicoptères de surveillance en « camespions »…

Cette version de 1984 réussit le pari difficile de surprendre même les lecteurs familiers du roman original. Frédéric Pontarolo livre une adaptation en 135 pages, complète et cohérente qui se suffit à elle-même, et qui respecte l’esprit du roman original. Recommandée aux lecteurs souhaitant redécouvrir 1984 sous un angle visuel contemporain.