Retour sur Belzagor – Tome 1

Album publié en 2017 aux éditions Les Humanoïdes Associés.
Résumé éditeur
D’après le roman « Les Profondeurs de la Terre » de Robert Silverberg publiée en février 1973.

Ancienne colonie, la planète Belzagor a été rendue à ses deux espèces intelligentes. Des scientifiques décident d’assister à leur rituel secret, la cérémonie de la renaissance…
L’ex-lieutenant Eddie Gundersen revient sur Belzagor où il a laissé naguère ses illusions de jeunesse, la femme de sa vie et un passé honteux de colonisateur.
Aujourd’hui la planète a été rendue à ses deux espèces intelligentes : les Nildoror et les Sulidoror.
Endossant le rôle de guide d’une expédition scientifique aux confins des terres indigènes, Gundersen va se confronter à ses démons et régler ses comptes avec une planète qui ne lui avait pas livré tous ses secrets.
La bd « Retour sur Belzagor – Tome 1 » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Retour sur Belzagor – Tome 1 »
L’adaptation de « Les Profondeurs de la Terre » par Philippe Thirault et Laura Zuccheri constitue une réussite de transposition littéraire en BD. Cette œuvre de Robert Silverberg, publié dans les années 70, trouve dans cette bande dessinée une nouvelle dimension visuelle qui sublime son propos anti-colonial originel.
Le récit suit Edmund Gundersen, ancien lieutenant revenu sur Belzagor dix-huit ans après la décolonisation. Sa mission : guider une expédition scientifique vers la mystérieuse « cérémonie de la renaissance » des espèces autochtones, les Nildoror et les Sulidoror. Philippe Thirault orchestre une narration alternée entre passé et présent, révélant progressivement les failles morales de ce protagoniste complexe en quête de rédemption.
Les thématiques abordées – colonialisme, racisme, tolérance écologique – résonnent avec une actualité troublante. Robert Silverberg avait conçu cette critique de l’impérialisme dans le contexte du Vietnam ; Philippe Thirault en préserve la portée universelle sans jamais tomber dans le didactisme.

Laura Zuccheri déploie ici tout son talent de dessinatrice réaliste. Ses paysages luxuriants et son bestiaire fascinant évoquent l’univers des « Mondes d’Aldébaran » de Léo. La précision de son trait, héritée de ses collaborations italiennes et perfectionnée dans « Les Épées de verre », sert magnifiquement cette nature exotique. Les Nildoror, créatures pachydermiques aux multiples défenses, et les Sulidoror, bipèdes imposants aux allures de primates, gagnent en crédibilité et en majesté sous son pinceau.
Sylvia Fabris complète cette réussite visuelle par une colorisation chatoyante qui évite l’écueil du numériquement froid. Cette collaboration artistique transforme chaque planche en invitation au voyage spatial.
Cette adaptation dépasse le simple divertissement pour devenir une réflexion sur l’altérité et la rédemption personnelle. Gundersen incarne parfaitement l’ancien colonisateur confronté à ses démons, tandis que les espèces indigènes rayonnent d’une sagesse qui contraste avec l’arrogance humaine.
« Retour sur Belzagor » s’impose comme une adaptation qui honore l’œuvre de Robert Silverberg tout en lui offrant une expressivité visuelle inédite. Cette bande dessinée s’adresse autant aux amateurs de science-fiction qu’aux lecteurs sensibles aux enjeux géopolitiques contemporains, confirmant le talent de ses créateurs dans l’art délicat de l’adaptation littéraire.