1984 (Adapté par Xavier Coste)

Bande dessinée publiée en 2021 aux éditions du Sarbacane.
Résumé éditeur
D’après le roman de George Orwell publié le 8 juin 1949.

Une adaptation à la puissance évocatrice terrifiante dans laquelle Xavier Coste parvient à donner à un monument de la littérature, des images aussi fortes que les mots d’Orwell.
Dans une Angleterre uchronique issue de la Guerre Froide, Winston est un employé ordinaire. Surveillé à chaque instant par des caméras, des espions, des voisins, il travaille à la réécriture de l’Histoire. Il sent confusément que quelque chose ne va pas dans le monde tel qu’il le connaît. Qu’il doit bien exister du sens, quelque part. Un secret. C’est alors qu’il rencontre Julia…
Sous la plume de Xavier Coste, l’intemporelle dystopie Orwellienne, plus glaçante que jamais. Dans un bouquet final saisissant, un superbe pop-up donne vie à ce monde désincarné !
La bd « 1984 » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « 1984 »
Publié en 2021 aux éditions Sarbacane, l’adaptation de 1984 par Xavier Coste s’impose comme l’une des versions les plus réussies du chef-d’œuvre dystopique de George Orwell. Né en 1989 en Normandie, Xavier Coste avait découvert le roman à 14 ans grâce à sa professeure d’arts plastiques et portait depuis lors le projet d’en proposer une adaptation visuelle. L’entrée de l’œuvre d’Orwell dans le domaine public en 2021 lui a enfin permis de concrétiser cette ambition de longue date.
Xavier Coste opère des choix audacieux en adoptant le « je » là où Orwell privilégiait une narration omnisciente, plaçant ainsi le lecteur directement dans la conscience de Winston Smith. L’auteur épure et réécrit le texte original, s’appuyant davantage sur son trait que sur les mots pour retranscrire l’oppression psychologique. Les thèmes majeurs du roman – surveillance généralisée, manipulation de l’histoire, novlangue – sont préservés avec fidélité tout en bénéficiant d’une actualisation contemporaine.
Le génie de Xavier Coste réside dans ses choix esthétiques radicaux qui transforment l’adaptation en véritable œuvre d’art. Son inspiration puise dans l’architecture brutaliste, notamment les constructions de Marcel Breuer et William Pereira, ainsi que dans des lieux réels comme les « Espaces d’Abraxas » de Ricardo Bofill à Noisy-le-Grand. Ces références créent des structures monumentales qui écrasent littéralement les silhouettes humaines, matérialisant visuellement l’oppression du régime de Big Brother.

Le format carré choisi par l’auteur, inhabituel en bande dessinée, participe à cette esthétique claustrophobe. La palette chromatique codifiée renforce l’immersion : le bleu évoque la prison, le jaune l’administration, le rouge bordeaux l’intimité, tandis que les scènes d’adoration de Big Brother explosent en rouge vif. Cette trichromie, associée aux dominantes de gris et blanc, crée une ambiance glaçante qui sert le propos dystopique.
Les personnages secondaires sont volontairement traités comme des silhouettes anonymes, privées de visages définis, symbolisant leur déshumanisation sous le régime totalitaire.
Cette adaptation a obtenu une reconnaissance exceptionnelle avec le Prix Uderzo de la meilleure contribution au 9e art en 2021 et le Prix BD Fnac France Inter en 2022. Plusieurs critiques pour dire que c’est « la plus belle, la plus réfléchie, la plus originale » des adaptations du roman d’Orwell.
Xavier Coste signe ici une adaptation qui transcende son modèle : le roman original. Si vous vous devez lire qu’une seule adaptation en BD de 1984, c’est celle là.