Catégorie : Classique Du 19ème Siècle

Les Misérables

Bande dessinée publiée en 2023 aux éditions Paquet.


D’après le roman de Victor Hugo paru en 1862.

couverture bd Les Misérables

Roman épique, Les Misérables dépeint de 1815, la fin de l’époque napoléonienne, à juin 1832, la Commune et les émeutes de Paris, une grande fresque basée sur la vie de pauvres gens dans Paris et la France provinciale.

Victor Hugo s’attachant plus particulièrement au destin du bagnard Jean Valjean. 

Outre le récit souvent dramatique des péripéties de vie des personnages, Victor Hugo expose ses idées sur l’Histoire, la société ou la religion.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Misérables »

Avec « Les Misérables« , Chaiko relève le défi d’adapter en bande dessinée le célèbre roman de Victor Hugo, et le résultat est à la hauteur des attentes. Les dessins, d’une grande finesse, restituent avec justesse l’atmosphère sombre et miséreuse de l’époque. Les personnages, quant à eux, sont parfaitement incarnés, de Jean Valjean à Fantine en passant par Gavroche.

Chaiko parvient à condenser l’intrigue complexe du roman tout en conservant les thèmes forts qui en font sa richesse. La rédemption, la lutte des classes et l’amour sont autant de sujets qui résonnent encore aujourd’hui et qui sont ici traités avec subtilité et profondeur.

extrait bd Les Misérables

Cependant, cette adaptation en bande dessinée peut parfois sembler trop dense et rapide, au détriment de certains développements.

« Les Misérables » de Chaiko reste une réussite, qui saura séduire les amateurs de bande dessinée comme les amoureux du roman de Victor Hugo. Les planches sont magnifiques, l’émotion est palpable et les personnages sont forts et touchants.

Une adaptation inspirée et réussie.

Aziyadé

Bande dessinée publiée en 2007 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Pierre Loti publié en 1879.

couverture Aziyadé

«Il y a quelques années, j’ai entendu à la radio une lecture d’Aziyadé par Daniel Mermet. J’ai vraiment été charmé par la langue de Pierre Loti, son côté répétitif, morbide et romantique.
C’est une belle histoire d’amour dans un contexte historique intéressant.

C’est la fin de l’empire ottoman. Mais ce qui me plaisait, c’était de raconter comment un officier anglais (rappelons qu’à cette époque, l’empire britannique est le « maître du monde ») peut tout lâcher pour prendre la nationalité turque et devenir simple batelier sur la mer Noire.


Curieusement, Loti, dont c’est l’un des premiers romans, et qui s’inspire de sa véritable histoire, a choisi d’appeler son personnage Loti, mais il en a fait un offcier anglais. Le livre comporte une sorte de dilettantisme dans sa construction. Des personnages apparaissant dans une scène peuvent très bien disparaître à tout jamais. Mais, je le répète, quel beau texte !
»

Franck Bourgeron.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Aziyadé »


Dans les méandres de la nostalgie et du désir, « Aziyadé » de Franck Bourgeron nous invite à traverser l’écran du temps pour retrouver l’essence d’une passion qui défie les époques.

C’est avec une plume empreinte d’un romantisme teinté de désespoir que Pierre Loti a jadis narré son amour impossible avec Aziyadé, et Bourgeron nous en livre une interprétation graphique qui se veut tout aussi poignante et délicate.

Le graphisme, loué pour sa capacité à capturer l’intensité d’un regard ou la douceur d’un geste, porte l’empreinte indélébile de l’artiste.

Bourgeron traduit la complexité des sentiments avec des traits qui semblent danser entre ombre et lumière, donnant vie à des personnages aux expressions vibrantes de réalité. Les couleurs, utilisées avec parcimonie mais d’une justesse éloquente, accentuent le drame latent de chaque scène, conférant à l’ensemble une atmosphère à la fois onirique et douloureusement réelle.

extrait bd Aziyadé

« Aziyadé » s’offre comme une fenêtre ouverte sur les tourments d’un amour figé dans le temps, mais vibrant d’une éternité d’émotions. Bourgeron réussit là où les mots seuls peuvent échouer : il invite le lecteur à ressentir plutôt qu’à comprendre, à se perdre dans la contemplation d’un amour qui, bien que perdu dans les méandres de l’histoire, résonne avec une intensité sans époque.

Le Père Goriot – Tome 2

Album publié en 2010 aux Editions Delcourt.


Adapté de l’œuvre d’Honoré De Balzac publiée en février 1835.

Après ses vaines tentatives pour s’imposer dans la haute société parisienne, Rastignac décide d’apporter son soutien au père Goriot.

Ce dernier, mourant, souhaite voir ses filles, désespérément absentes.

Finalement, seul le jeune homme assistera à l’enterrement. Du haut du cimetière de Paris, surplombant ce monde dans lequel il a voulu pénétrer, il lancera ces mots : – À nous deux maintenant !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Père Goriot – Tome 2 »

Thierry Lamy et son équipe saisissent avec acuité l’esprit de l’œuvre balzacienne, transportant le lecteur dans les méandres d’une société parisienne où le lustre des apparences masque souvent la rouille des âmes.

Ce deuxième tome continue à tisser le récit de Rastignac, jeune ambitieux dans la jungle aristocratique, où chaque relation est une échelle vers l’ascension ou la chute sociale.

Sa quête est mise en images avec une palette de couleurs et des traits qui expriment le contraste saisissant entre la richesse extérieure et la misère intérieure des personnages.

C’est une danse macabre de vanités, une sarabande où l’on court après le vent de la reconnaissance et de l’amour filial piétiné par l’égoïsme et l’ambition.

Les frivolités de l’époque de Balzac trouvent un écho dans notre ère numérique, où les réseaux sociaux sont les nouveaux salons de conversation et de séduction.

On notera la fidélité de l’adaptation, mais également la capacité de la bande dessinée à capturer la critique sociale aiguisée de Balzac.

Le dessin et la mise en couleurs de Bruno Duhamel viennent appuyer ce propos, offrant une immersion complète dans l’univers du XIXe siècle.

« Le Père Goriot – Tome 2 » est un hommage habilement réalisé à l’un des plus grands romans du canon littéraire français, un travail d’adaptation qui offre à la fois un rappel des classiques et une fenêtre sur notre propre société.


Le Père Goriot – Tome 1

Pêcheur D’Islande – Tome 2

Albums publiés en 2023 aux éditions Ouest-France


Résumé éditeur

D’après le roman Pêcheur d’Islande de Pierre Loti paru 1886.

couverture bd Pêcheur d'Islande tome 2

Le second tome se concentre sur le point de vue de Gaud, la fiancée de Yann, qui vit dans l’attente de nouvelles ou d’un retour.

« La lumière matinale, la lumière vraie, avait fini par venir en y voyant si clair, on s’apercevait bien à présent qu’on sortait de la nuit que cette lueur d’avant avait été vague et étrange comme celle des rêves peu à peu, on vit s’éclairer très loin une chimère : une sorte de découpure rosée très haute un promontoire de la sombre Islande. »
Pierre Loti

La bd « Pêcheur d’Islande – Tome 2 » disponible ici


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Pêcheur d’Islande »

Dans le sillage du premier tome, « Pêcheur d’Islande Tome 2 » d’Alexandre Noyer imprime une suite marquée par une narration plus ancrée, s’éloignant légèrement du lyrisme visuel de son prédécesseur pour se focaliser sur la saga humaine à terre.

Ce changement de cap ne diminue en rien la force de l’œuvre; au contraire, il enrichit la toile de fond maritime d’un supplément d’âme.

Noyer, habilement, troque une partie du lyrisme graphique contre une exploration plus profonde des états d’âme de Gaud.

C’est un pari risqué qui s’avère payant, donnant corps aux attentes et angoisses de ceux qui veillent sur le rivage. Les critiques soulignent l’habileté avec laquelle le dessinateur intègre le texte de Loti, évoquant une histoire d’amour contrariée par le poids des traditions et l’implacabilité de la mer.

Si le tome précédent était un hommage au combat de l’Homme contre la nature, ce second volume est un poème dédié à la patience et à la résilience, chantant la douleur de l’attente et la poésie des retours. Les noirs et blancs, toujours aussi expressifs, portent cette fois un récit plus intime, tout en préservant la majesté des éléments naturels qui font la signature de la série.

Noyer confirme son talent de narrateur graphique, capable de transcender le support pour inviter le lecteur à une expérience immersive.

« Pêcheur d’Islande Tome 2 » s’inscrit ainsi dans la continuité d’une œuvre respectueuse de son matériau d’origine tout en s’affirmant dans son identité propre. Une réussite qui conforte la place de cette adaptation dans le paysage de la bande dessinée contemporaine.


Lieu visité par la bd en Bretagne

Paimpol

Poil de Carotte (Glénat)

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Vent d’Ouest (Glénat).


D’après le roman de Jules Renard publié en 1894.

« Tout le monde ne peut pas être orphelin… »

François est le petit dernier de la famille Lepic. Mais tout le monde l’appelle « Poil de carotte » à cause de ses cheveux roux et de ses taches de rousseur.

Mal-aimé, il subit sans arrêt les reproches de sa mère et l’indifférence de son père et de ses frères et sœurs.

On lui confie toujours les tâches les plus ingrates : aller fermer la porte du poulailler en pleine nuit ou encore achever les perdrix que son père a chassées.

Pour lutter contre les humiliations du quotidien et braver le monde injuste des adultes, notre brave Poil de carotte va devoir se montrer rusé.

Christophe Lemoine s’allie au trait léger et sensible de Cécile pour adapter en bande dessinée le chef-d’œuvre de Jules Renard, l’occasion pour les plus jeunes de découvrir ce classique de la littérature pétri d’humanité.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Poil de Carotte »

La bande dessinée « Poil de Carotte« , adaptation par Christophe Lemoine et Cécile du roman de Jules Renard, se dresse comme un pont audacieux entre classicisme et modernité, entre fidélité et innovation. La tâche n’était pas aisée : transposer en dessins un récit dont la puissance réside dans l’acuité des mots, dans la peinture sans concession d’une enfance meurtrie par l’incompréhension et la cruauté maternelle.

Lemoine, par son scénario, et Cécile, par son trait, ne se contentent pas de raconter : ils réinventent. Leur « Poil de Carotte » est une œuvre qui, en dépit de quelques libertés prises avec la lettre du texte source, reste profondément fidèle à son esprit. Les nuances de la souffrance de François, surnommé Poil de Carotte pour sa chevelure flamboyante et sa différence flagrante, sont esquissées avec une sensibilité qui rend hommage au matériau d’origine tout en le rendant accessible à un public contemporain, peut-être moins enclin à la lecture d’un classique du XIXe siècle.

Le dessin, à la fois léger et expressif, souligne avec justesse la dichotomie entre la légèreté apparente de l’enfance et le poids écrasant du rejet. La critique pourrait néanmoins émerger de certains choix artistiques : la représentation de la mère, moins sévère et acérée que celle dépeinte par Renard, ou encore une ambiance estivale qui semble par moments édulcorer les épreuves de notre jeune héros.

Il est vrai que l’adaptation d’une œuvre littéraire en bande dessinée est un exercice de funambule, oscillant entre deux mondes : celui de la fidélité absolue au texte et celui de la liberté créatrice. Dans ce cas précis, il est à noter que si l’essence tragique de l’œuvre de Renard est par moments atténuée, l’esprit de résilience et d’ingéniosité de Poil de Carotte est magnifié.

Cette bande dessinée est un hommage qui sait se tenir à la croisée des chemins : respectueux sans être servile, créatif sans être traître. C’est une invitation à redécouvrir Renard à travers une perspective nouvelle, à voir au-delà de la tristesse de Poil de Carotte, la beauté d’une histoire intemporelle sur la différence, l’adversité et la force indomptable de l’esprit humain.

Cyrano de Bergerac en bandes dessinées

Album publié une première fois en 2016 aux Editions Petit à Petit.


Adapté de la pièce de théâtre d’ Edmond Rostand (28 décembre 1897)

Le texte intégral d’Edmond Rostand est superbement mis en valeur dans cette bande dessinée réjouissante.

Tout y est fait pour rendre la lecture aussi agréable et animée qu’une représentation sur scène. Le dessin est la clé de l’accessibilité : il offre des repères visuels évidents, complète à merveille ce texte exceptionnel et aide à la compréhension des enjeux et des aspirations de chacun.

La bande dessinée apporte une mise en scène intuitive, et une immédiate plongée dans l’action.

Elle ravira autant les amoureux de Cyrano que les jeunes aventuriers qui découvrent ce classique avec plaisir pour la première fois.

Une préface signée Philippe Torreton !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Cyrano de Bergerac en bandes dessinées »

L’adaptation de « Cyrano de Bergerac » par Fanch Juteau se dresse comme une vigoureuse évocation de l’esprit littéraire d’Edmond Rostand. Avec une audace graphique mesurée, Juteau capture le lyrisme et la bravoure de Cyrano, ce mousquetaire dont le nez proéminent n’a d’égal que son esprit affûté.

Cette édition en noir et blanc se distingue par la délicatesse de son coup de crayon qui, loin de trahir les vers classiques, les enchâsse dans un écrin visuel où chaque trait semble rythmer la cadence des alexandrins. Le choix de la fidélité textuelle est un hommage respectueux, transformant la pièce en une expérience immersive, où la langue de Rostand résonne avec une modernité surprenante.

Le travail de Juteau n’est pas seulement une prouesse artistique, mais aussi un vecteur pédagogique. Les annotations discrètes et éclairantes qui bordent les pages sont des lanternes qui guident le lecteur à travers les subtilités de la langue du XVIIe siècle, rendant l’œuvre originale non seulement accessible mais profondément humaine.

C’est une traversée du temps que propose Juteau, où l’on redécouvre les sentiments inaltérables de Cyrano, l’ardeur des passions et l’universalité de l’amour. La BD devient un pont entre le passé et le présent, capturant l’esprit de la comédie héroïque tout en offrant une porte d’entrée à ceux qui n’auraient jamais osé franchir le seuil du théâtre classique.

Cette bande dessinée est une révérence faite à Rostand, un périple où le trait de Juteau se fait poésie, et où la poésie se fait image. Une œuvre qui, telle une épée levée au clair de lune, défend la pertinence du classique et invite à la redécouverte passionnée d’un monument de la littérature française.

L’Homme qui rit – Tome 4

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

En ruine !

couverture bd L Homme qui rit - Tome 2

Gwynplaine découvre les origines de sa naissance.

Il est le fils légitime de Lord Clancharlie, un pair d’Angleterre, et a été vendu aux Comprachicos à la suite de la déchéance de son père.

Un moment enivré par cette révélation, il entend retrouver son rang.

Mais après avoir goûté aux fastes, il décide de retourner vers ses vrais amis…

Arrivera-t-il à temps pour les sauver d’un funeste épilogue ?


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 4 »

Dans le quatrième et dernier opus de l’adaptation graphique de « L’Homme qui rit » par Jean David Morvan et Nicolas Delestret, le roman de Victor Hugo est sublimé en images puissantes qui transcendent les mots pour parler directement à l’âme.

La conclusion de ce périple graphique, « En ruine !« , n’est pas qu’un simple épilogue mais une apothéose qui canalise toute la force émotionnelle du récit original.

Morvan, en fidèle scénariste, a su distiller l’essence du message d’Hugo, tandis que Delestret, à travers son pinceau, rend visible l’invisible douleur de Gwynplaine, ce personnage défiguré par la cruauté du sort mais noblement sculpté par la compassion de l’auteur.

La symbiose entre le texte et l’image atteint son apogée lors du discours de Gwynplaine à la Chambre des Lords, moment où le protagoniste dévoile sa vérité déchirante face à une aristocratie muette.

La descente aux enfers de Gwynplaine, après la révélation de ses origines et la confrontation avec son nouveau statut de pair d’Angleterre, est une métaphore de la quête d’identité et de la lutte contre les préjugés.

Ce tome est une réussite non seulement narrative mais aussi graphique. Le dessin de Delestret est une fenêtre ouverte sur l’époque, ses décors et ses costumes, mais surtout sur l’âme tourmentée des personnages. L’adaptation parvient à être fidèle tout en se réappropriant l’histoire pour la rendre accessible et vibrante pour un public moderne.

Morvan et Delestret offrent une œuvre qui, bien que s’inscrivant dans une tradition littéraire classique, s’affirme comme une création contemporaine forte et résonnante.

L’Homme qui rit – Tome 3

Bande dessinée publiée en 2009 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

La Tentation de saint Gwynplaine.

couverture bd L Homme qui rit - Tome 3

Angleterre, XVIIe siècle.

Ursus pleure Gwynplaine, celui que l’on nommait l’homme qui rit.

Il le croit mort et enterré alors que repose dans le cercueil le cadavre d’un autre…

Ce dernier, avant d’être tué, aurait fait une troublante révélation : il y a de nombreuses années, lui et ses comprachicos auraient été payés pour déformer le visage d’un enfant qui se trouvait être le fils de Lord Clancharlie !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 3 »

Dans « La Tentation de saint Gwynplaine« , troisième acte graphique d’une série inspirée du roman de Victor Hugo, Jean David Morvan et Nicolas Delestret tissent une toile sombre où s’entremêlent destin et défiguration.

C’est un Gwynplaine arraché à sa troupe de saltimbanques et propulsé dans les hautes sphères de l’aristocratie anglaise que nous retrouvons, déchiré entre son identité grotesque de scène et sa noblesse d’héritage révélée.

Le récit, qui a emprunté la voie de la bande dessinée pour se réinventer, s’efforce de garder l’âme hugolienne, tout en y ajoutant des nuances propres au neuvième art. L’illustration n’est pas en reste, capturant avec une précision déconcertante la complexité des émotions qui traversent notre héros.

« La Tentation de saint Gwynplaine » est une œuvre qui se balance entre l’hommage fidèle et l’interprétation audacieuse, un funambule graphique sur la corde raide de l’adaptation littéraire.

Elle s’adresse à ceux qui cherchent à voir un classique sous un nouveau jour, tout en restant ancrée dans le paradoxe de son double héritage, celui d’une histoire intemporelle et d’une forme artistique en constante évolution.

L’Homme qui rit – Tome 2

Bande dessinée publiée en 2008 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

Chaos vaincu.

couverture bd L Homme qui rit - Tome 2

Les années ont passé depuis que Gwynplaine, un garçon marqué d’une profonde cicatrice au visage, et Déa, un nourrisson endormi au pied d’un gibet, ont été recueillis par le vieil Ursus.

Désormais, ils connaissent le bonheur d’une vraie famille et partagent le succès de leur pièce de théâtre « Chaos vaincu ».

Mais la vie réserve aussi ses coups du sort…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 2 »

Dans « L’homme qui rit – tome 2« , Jean David Morvan et Nicolas Delestret s’attaquent avec audace à l’adaptation d’une œuvre monumentale de Victor Hugo, un défi aussi périlleux que fascinant.

Là où la prose hugolienne tisse un drame social et humain dense, la bande dessinée doit transmuter la richesse textuelle en un langage visuel captivant.

Ce second tome s’inscrit dans la continuité du premier, explorant les conséquences d’une société clivée par les inégalités, à travers le prisme déformant de la difformité de Gwynplaine.

Le dessin de Delestret offre une interprétation graphique qui oscille entre fidélité à l’époque et modernité stylistique, une balance qui par moments enchante et, à d’autres, laisse une impression de discordance. L’illustrateur parvient néanmoins à capturer l’atmosphère sombre et la complexité des émotions, un exploit non négligeable.

Morvan, quant à lui, se heurte à l’immense tâche de condenser et de dialoguer un texte classique sans en perdre la substantifique moelle. Si parfois la narration s’avère dense, voire précipitée, elle demeure respectueuse de l’esprit hugolien, entre dénonciation sociale et quête identitaire.

Le récit se tisse autour de la troupe ambulante, devenue phare de la culture populaire londonienne, et des intrigues aristocratiques, où la jalousie et les complots mènent la danse. Les personnages, si vivement dessinés par Hugo, retrouvent une seconde vie sous le crayon de Delestret, et bien que le format séquentiel puisse limiter leur profondeur, leur essence tragique et leur lutte intérieure sont palpables.

« L’homme qui rit – tome 2 » est une œuvre de contrastes, où la réussite côtoie la limite des possibles de l’adaptation graphique. Si elle ne saurait égaler la puissance de l’original, elle demeure une porte d’entrée visuellement engageante vers l’univers de Hugo

L’Homme qui rit – Tome 1

Bande dessinée publiée en 2007 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

La Mer et la Nuit.

couverture bd L Homme qui rit - Tome 1

Suite à une altercation avec les habitants d’une cité, des gitans prennent la fuite sur leur navire, abandonnant un des leurs.

Lorsqu’une tempête les surprend et les pousse vers les récifs, ils décident de sauver un jeune garçon et le rebaptisent « son of the mauvais sort »… puis périssent dans le naufrage !

L’enfant, seul rescapé du drame, erre sur une route, épuisé, lorsqu’il découvre un nourrisson sur le corps d’une femme…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 1 »

Dans la tentative audacieuse de Jean David Morvan et Nicolas Delestret de donner vie graphique à « L’Homme qui rit » de Victor Hugo, le premier tome de cette bande dessinée se débat entre l’innovation et la tradition.

L’approche steampunk érige un pont entre le passé et une vision presque futuriste, faisant écho aux thèmes atemporels de l’œuvre originelle. Cependant, cette liberté créative se confronte à l’épreuve du goût des lecteurs…

La palette de couleurs sombres et un graphisme qui divise reflètent les profondeurs et la complexité du texte hugolien, mais aussi le risque d’éloigner ceux en quête de clarté et de fidélité au classicisme.

La narration, si elle cherche à respecter l’essence du récit original, semble comme éparpillée, un écueil peut-être inhérent à l’exercice de condensation d’un roman si riche en une série limitée de planches. En même temps, ce format offre une densité qui peut être appréciée en tant qu’hommage à la prose luxuriante de Hugo.

Ce tome laisse donc le lecteur dans un entre-deux intrigant, entre l’hommage et la re-création, entre l’ombre et la lumière, entre le passé et une vision revisitée.