Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

La Vieille Anglaise et le Continent

Album publié en 2023 aux éditions Drakoo.


Résumé éditeur

D’après le roman de Jeanne-A Debats publiée le 5 juin 2008.

couverture bd La Vieille Anglaise et le Continent

Un thriller abyssal !

Des scientifiques ont mis au point la transmnèse : le transfert de l’esprit dans un nouveau corps. Lorsque Ann Kelvin, mourante, se voit proposer la possibilité de migrer dans un grand cachalot, elle n’hésite pas longtemps.
Cette éco-activiste qui place ses idéaux au-delà de sa propre vie espère ainsi sauver des espèces maritimes menacées par la pêche et la chasse en inoculant un virus hautement transmissible aux cétacés.
Épidémie bénigne pour les baleines, mais pandémie aux effets secondaires délétères pour l’espèce humaine qui continuerait d’en consommer.

Des profondeurs abyssales à l’immensité spectaculaire des eaux glacées de l’Antarctique, Ann va faire de nombreuses et dangereuses rencontres. Mais le plus redoutable des prédateurs reste l’Homme : des privilégiés ont détourné la transmnèse à leur profit…

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Vieille Anglaise et le Continent »

Adaptée du roman primé de Jeanne-A Debats, qui avait reçu quatre prestigieux prix de science-fiction français en 2008 (Prix Julia Verlanger, Prix Rosny Aîné, Grand Prix de l’Imaginaire et Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française), cette bande dessinée de Valérie Mangin et Stefano Martino constitue une réussite dans l’adaptation de romans en BD. 
Publié chez Drakoo en 2023, cet album de 80 pages explore les thèmes du transhumanisme et de l’engagement écologique radical à travers l’histoire d’Ann Kelvin, une biologiste mourante qui accepte le transfert de sa conscience dans le corps d’un cachalot.

Le récit déploie avec intelligence plusieurs thématiques contemporaines : l’éco-terrorisme, la transmnèse (transfert d’esprit entre corps), le féminisme et l’identité de genre. Ann Kelvin, campée comme une « vieille eco-warrior acariâtre » au franc-parler réjouissant, incarne parfaitement ce personnage principal. Sa mission secrète – inoculer un virus bénin aux cétacés mais dangereux pour leurs consommateurs humains – révèle les dérives d’un activisme désespéré face à l’urgence climatique.

La structure scénaristique alterne habilement entre séquences sous-marines immersives et flashbacks terrestres, créant une tension dramatique qui culmine dans la découverte du mystérieux « continent cétacé ».

extrait bd La Vieille Anglaise et le Continent

Stefano Martino, dessinateur italien reconnu pour son réalisme précis sur des séries comme Les Forêts d’Opale, déploie ici toute sa maîtrise technique. Son trait minutieux excelle dans la représentation des environnements marins, jouant subtilement sur les nuances de bleu et de mauve pour créer une profondeur de champ saisissante. Les textures encrées sur la peau du cachalot et le rendu des courants océaniques témoignent d’un travail documentaire rigoureux.

Cette collaboration entre la scénariste Valérie Mangin, spécialiste des adaptations historiques et de science-fiction (Alix Senator…), et Stefano Martino produit une œuvre captivante qui dépasse les codes traditionnels de la BD d’anticipation.

La Vieille Anglaise et le Continent s’impose comme une adaptation fidèle et ambitieuse, destinée aux lecteurs en quête de science-fiction réflexive. Le roman a reçu de nombreux prix, la BD aurait également méritée d’être primé plusieurs fois.

Les gens heureux lisent et boivent du café

Album publié en 2019 aux éditions Michel Lafon.


Résumé éditeur

D’après le roman d’ Agnès Martin-Lugand publiée le 25 décembre 2012.

couverture bd Les gens heureux lisent et boivent du café

Un roman graphique poignant sur le thème de la résilience adapté du roman d’Agnès Agnès Martin-Lugand par Véronique Grisseaux et Cécile Bidault.


Diane a perdu brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur qui continue de battre. Obstinément, douloureusement, Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. Afin d’échapper à son entourage qui l’enjoint de reprendre pied, elle décide de s’exiler en Irlande, seule.

Mais à fuir avec acharnement la vie, celle-ci finit par vous rattraper…

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les gens heureux lisent et boivent du café »

Adaptée du roman à succès d’Agnès Martin-Lugand paru en 2012, cette bande dessinée signée par la scénariste Véronique Grisseaux et la dessinatrice Cécile Bidault transforme avec justesse un récit littéraire en roman graphique. Publié aux éditions Michel Lafon en 2019, cet album de 126 pages explore avec délicatesse le parcours de Diane, jeune femme anéantie par la perte tragique de son mari et de sa fille dans un accident de voiture.

L’adaptation dépasse le simple résumé pour sonder la profondeur du processus de deuil et de reconstruction. Le choix de situer l’action entre Paris et l’Irlande, particulièrement dans le village de Mulranny, crée un contraste géographique et émotionnel qui souligne la quête identitaire de l’héroïne. 

extrait bd Les gens heureux lisent et boivent du café

Cécile Bidault, lauréate du Prix Artémisia Avenir 2018 pour « L’Écorce des choses », déploie un style artistique particulièrement adapté au récit. Ses illustrations montrent avec justesse le chagrin de la jeune femme et l’enthousiasme de ses nouveaux amis irlandais, créant un équilibre visuel entre mélancolie et espoir. La technique de l’artiste, formée à l’ENSAD en animation, apporte une fluidité cinématographique aux séquences.

Cette adaptation réussit le pari délicat de rendre accessible un roman intimiste tout en préservant sa dimension émotionnelle. Une réussite.

Le Livre sans nom

Album publié en 2025 aux éditions Sonatine.


Résumé éditeur

D’après le roman de Anonyme publié le 8 juillet 2006.

couverture bd Le Livre sans nom

La saga romanesque la plus barrée de tous les temps, enfin en BD !

Santa Mondega, une ville oubliée du reste du monde, où sommeillent de terribles secrets.
Un mystérieux tueur en série, qui assassine ceux qui ont eu la malchance de lire un énigmatique livre sans nom.
Un type sanguinaire, surnommé le Bourbon Kid, qui a commis cinq ans plus tôt un massacre dont les murs tremblent encore.
Une seule rescapée, qui vient de se réveiller, amnésique.
Mais aussi deux flics très spéciaux, un tueur à gages sosie d’Elvis Presley, des barons du crime, des moines férus d’arts martiaux, une pierre précieuse à la valeur inestimable, un carnage dans un monastère isolé.
Posez vos valises à Santa Mondega, vous n’êtes pas près de repartir !

À tous ceux qui suivent fidèlement la saga du Bourbon Kid depuis Le Livre sans nom : vous rêviez d’une adaptation graphique de la saga la plus plus tarée de la littérature ? Nous aussi ! Et on est plus qu’heureux de vous annoncer que ce jour est enfin arrivé.
À tous ceux qui ne comprennent absolument pas de quoi on parle : ouvrez cette BD. Laissez-vous happer par son récit rock’n’roll, sa galerie de personnages tous plus jubilatoires les uns que les autres, et son univers visuel absolument génial.
Faites-nous confiance : c’est un voyage dont on ne revient pas indemne.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Livre sans nom »

La BD sortira en aout 2025.

How I live Now – Maintenant, c’est ma vie

Bande dessinée publiée en 2021 aux éditions Glénat.


D’après le roman de Meg Rosoff  publié le 4 aout 2004.

couverture bd How I live Now

Hors du temps, loin du monde.

Elisabeth préfère qu’on l’appelle Daisy. Au prétexte de la guerre qui s’annonce, cette new-yorkaise de 15 ans en conflit avec son père et sa nouvelle compagne est envoyée au fin fond de la campagne anglaise, chez une tante et des cousins qu’elle ne connait pas. Edmond, Piper, Tante Penn, Isaac et Osbert l’accueillent avec une gentillesse désarmante et ce nouveau cadre familial déstabilise Daisy avant de la charmer, lui faisant presque oublier la mort de sa mère…
Et, surtout, il y a l’amour naissant entre elle et Edmond. Cette bulle presque rêvée prend fin brutalement à l’apparition d’une guerre que l’on ne voit pas, mais dont l’écho transforme leur vie en chaos. Daisy n’aura alors de cesse de retrouver sa nouvelle famille, et son Edmond.

Récit transpirant la tendresse et l’affection portée à cette période qu’est l’adolescence, How I live Now est une aventure sensible et humaine. Adaptation du livre éponyme de Meg Rosoff déjà transposé au cinéma, elle évoque en bande dessinée le travail de Charles Forsman (The End of the F***ing World ou I am not okay with this) et s’habille d’une douce mélancolie qui provoque autant l’apaisement que le désarroi.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « How I live Now »

Adaptation sensible du roman de Meg Rosoff, « How I Live Now » nous plonge dans l’univers de Daisy, une adolescente new-yorkaise de 15 ans envoyée en Angleterre chez une tante et des cousins qu’elle ne connaît pas, alors qu’une guerre mondiale menace.

Lylian signe un scénario d’une remarquable justesse psychologique, capturant le passage brutal de l’adolescence à l’âge adulte dans un contexte apocalyptique. Le récit oscille habilement entre la douceur des premiers émois amoureux de Daisy pour son cousin Edmond et l’horreur d’un monde qui s’effondre autour d’eux. Cette tension narrative confère à l’œuvre une profondeur rare.

extrait bd How I live Now

Le trait délicat de Christine Circosta s’avère parfaitement adapté à cette histoire sensible. Sa palette chromatique évolue subtilement, passant des teintes lumineuses et chaleureuses du cocon familial aux tons plus sombres quand la réalité de la guerre s’impose. Chaque planche respire cette « douce mélancolie » qui caractérise l’ensemble de l’album.

Cette bande dessinée touchante séduira les lecteurs en quête d’émotions authentiques, notamment les adolescents et jeunes adultes sensibles aux récits initiatiques. Une réussite qui parvient à parler de guerre et d’amour avec la même intensité.

Un travail comme un autre

Bande dessinée publiée en 2020 aux éditions Sarbacane.


D’après le roman de Virginia Reeves  publié le 24 aout 2016.

couverture bd Un travail comme un autre

Le retour d’Alex W. Inker pour un roman graphique époustouflant dans l’Amérique de Steinbeck !

Alabama, 1920, Roscoe T Martin est fasciné par cette force plus vaste que tout qui se propage avec le nouveau siècle : l’électricité.
Il s’y consacre, en fait son métier. Un travail auquel il doit pourtant renoncer lorsque Marie, sa femme, hérite de l’exploitation familiale.
Année après année, la terre les trahit.
Pour éviter la faillite, Roscoe a soudain l’idée de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. L’escroquerie fonctionne à merveille, jusqu’au jour où son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la compagnie…
La cellule d’un pénitencier, la décomposition d’un mariage, la terre impitoyable…
Une fable humaniste en résonance avec les questions économiques et sociaux actuels.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Un travail comme un autre »

Adaptant le roman de Virginia Reeves, Alex W. Inker transpose l’action dans l’Alabama des années 1930 pour amplifier la portée dramatique de cette fable humaniste. L’auteur dépeint la chute tragique de Roscoe T. Martin, électricien contraint de devenir fermier, dont l’ingénieux détournement d’une ligne électrique se transforme en cauchemar judiciaire.

Alex W. Inker maîtrise parfaitement l’art de l’ellipse narrative, structurant son récit autour de dialogues minimalistes mais d’une authenticité saisissante. Le personnage de Roscoe, loin du héros traditionnel, révèle toute sa complexité humaine face aux épreuves : un anti-héros attachant broyé par un système impitoyable.

extrait bd Un travail comme un autre

L’auteur abandonne le sépia convenu des années 1930 pour une palette quasi orange fluo et bleu, inspirée des illustrés européens d’époque comme « Zig & Puce ». Cette bichromie surprenante, renforcée par un style semi-réaliste aux accents burlesques, crée une esthétique rétro singulière qui évoque subtilement l’uniforme carcéral américain.

Les cadrages variés et l’utilisation magistrale de pages muettes confèrent une dimension quasi cinématographique au récit. Cette adaptation constitue un roman graphique abouti, critique sociale percutante autant que BD visuellement remarquable.

Les Années Douces

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Casterman.


D’après le roman de Hiromi Kawakami  publié le 1 juin 2001.

couverture bd Les Années Douces

 » Siroter du saké, l’un à côté de l’autre, dans notre habituel troquet… C’est plutôt cela, notre style de rencontre.  »

Tsukiko est une jeune célibataire attachée à son indépendance. Un soir, dans un petit restaurant où elle a ses habitudes, elle retrouve celui qui fut autrefois son professeur de lycée. Tacitement, les rencontres fortuites deviennent des rendez-vous réguliers avec celui qu’elle continue d’appeler respectueusement  » Maître « .
Au fil des repas et des confidence, la tendre complicité qui s’établit laisse peu à peu la place à une véritable affection…

Avec cette adaptation de la romancière Hiromi Kawakami, Jirô Taniguchi place pour la première fois la rencontre amoureuse au coeur de son oeuvre.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Années Douces »

La BD sortira en juin 2025.

extrait bd Les Années Douces

Libres d’obéir

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Casterman.


D’après l’essai Libres d’obéir – Le management, du nazisme à aujourd’hui de Johann Chapoutot  publié le 9 janvier 2020.

couverture bd Libres d'obéir

Libres d’obéir ou comment le management moderne trouve certaines de ses racines dans l’organisation nazie.
Les auteurs racontent comment Reinhard Höhn, ancien juriste du IIIᵉ Reich, a influencé la pensée managériale en prônant l’autonomie sous contrôle, de l’après-guerre jusqu’à nos jours.
Dans cette adaptation, a été ajouté le récit de deux femmes cadres, soumises à la pression managériale, mettant en scène les conséquences concrètes de cette idéologie dans le monde professionnel actuel.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Libres d’obéir »

La BD sortira en aout 2025.

extrait bd Libres d'obéir

Derrière la Haine

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Philéas.


D’après le roman Mothers’ Instinct de Barbara Abel  publié le 12 avril 2012.

couverture bd Derriere la Haine

Voisins du même âge, Tiphaine, Sylvain, Lætitia et David partagent les mêmes passions et la même conception de la vie.
Les deux couples sont devenus inséparables et, malgré la mince cloison qui les sépare, on peut dire qu’ils vivent joyeusement les uns avec les autres.
Une amitié fusionnelle tout naturellement renforcée quand deux petits garçons viennent au monde pour enchanter les maisons.
Maxime et Milo naissent la même année, grandissent ensemble, comme deux jumeaux qui le soir venu rentreraient dormir chez leurs parents respectifs.
Mais ce tableau idyllique éclate violemment le jour où Lætitia est témoin d’un tragique accident qui coûtera la vie au petit Maxime, le garçon de ses voisins.
Hantée par la culpabilité de n’avoir pas pu aider l’enfant et par la douleur d’avoir perdu un être qu’elle aimait comme un fils, Lætitia commence à s’inventer des histoires, aveuglée par la douleur.
Tiphaine lui en veut, elle va se venger, elle projette de tuer Milo qui lui rappelle chaque jour l’enfant qu’elle a perdu. Lætitia a tellement peur de perdre son enfant, de vivre ce qu’à vécu Tiphaine
La paranoïa l’isole du reste du monde et elle ne comprend pas que c’est peut-être elle qui est en train de tuer son fils, à petit feu…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Derriere la Haine »

La BD sortira en juin 2025.

Drôles de rêvolutions

Album publié en 2023 aux éditions Alifbata.


Résumé éditeur

D’après le roman Drôle de Printemps de Youssouf Amine Elalamy publié le 21 mars 2015.

couverture bd Drôles de rêvolutions

Dans un style plein d’humour et de dérision, Drôles de rêvolutions met en scène les soulèvements populaires qui ont bouleversé le monde arabe à travers des personnages loufoques, un brin schizos, empêtrés dans leurs angoisses, leurs fantasmes et leurs frustrations.

De la manifestante enragée à l’impitoyable dictateur, en passant par le flic repenti, le vendeur de chawarma ou le jeune accro aux jeux vidéo reconverti au jihad, ce livre raconte, de manière singulière et originale, ce que l’on a communément qualifié de « Printemps arabe ».

Au fil de ces pages au rythme serré, où les gags s’enchaînent en cascade et les personnages défilent d’une case à l’autre tel un jeu de domino, se dessine une véritable frise de la vie quotidienne des femmes et des hommes qui vivent dans des sociétés dominées par la violence et la frustration, dans un climat d’asphyxie politique et morale, et qui rêvent de changement.
Car, qu’elle soit politique, spirituelle, personnelle, intime ou sexuelle, à chacun sa rêvolution.

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Drôles de rêvolutions »

Adapté du roman Drôle de printemps de Youssouf Amine ElalamyDrôles de rêvolutions constitue une approche singulière des soulèvements arabes des années 2010. Cette collaboration entre l’écrivain marocain et le dessinateur franco-marocain Yassine Hejjamy propose une radiographie humoristique et désabusée des révolutions qui ont bouleversé le monde arabe.

L’album excelle dans sa capacité à dépeindre la complexité humaine derrière les mouvements collectifs. À travers dix-huit personnages archétypaux – de la manifestante enragée au dictateur stalinien, en passant par le vendeur de chawarma et le gamer radicalisé – les auteurs explorent les motivations intimes qui poussent à la révolte. Cette approche révèle que les révolutions naissent autant de frustrations personnelles que d’idéaux politiques.

Yassine Hejjamy déploie un trait incisif qui soutient parfaitement le propos satirique de Youssouf Amine Elalamy,. Son style graphique, maîtrisé lors de sa formation à l’École Saint-Luc de Liège, traduit avec justesse l’effet domino révolutionnaire où chaque case influence la suivante. Cette construction visuelle en cascade reflète brillamment la contagion sociale des soulèvements.

Drôles de rêvolutions s’impose comme une BD mature qui interroge la nature profonde des révolutions contemporaines. Bande dessinée intéressante et distrayante.

L’été des charognes

Album publié en 2023 aux Editions Gallimard.


Adapté du roman de Simon Johannin publié pour la première fois le 5 janvier 2017.

couverture bd L'été des charognes

Ici, c’est le « village de nulle part ». Là où l’on vit retiré et un peu hors la loi. Là où les enfants slaloment entre les pères ivres et les chiens errants, où l’été on apprend à dépecer les agneaux…
Où trop souvent la misère vous mord les lèvres et la puanteur vous empoigne la gorge. Là où l’amitié reste la grande affaire.
Un jour pourtant, il faut partir, affronter le monde pour tenter d’échapper à cette enfance pleine de terre et de sang qui vous colle à la peau.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’été des charognes »

L’été des charognes, premier roman graphique de Sylvain Bordesoules, adapte avec une intensité rare le texte coup-de-poing de Simon Johannin, chroniqueur d’une France rurale âpre et oubliée. Plongeant le lecteur dans un hameau perdu de l’Hérault, l’album donne voix à une jeunesse livrée à elle-même, ballottée entre violence ordinaire, amitiés rugueuses et un quotidien saturé d’ennui, de misère et de rêves d’ailleurs.

La narration, à la première personne, épouse le regard d’un adolescent dont l’innocence se heurte à la brutalité du monde adulte. Sylvain Bordesoules parvient à restituer la profondeur psychologique des personnages, fracassés mais debout, toujours sur le fil entre résignation et désir d’émancipation. La chronique sociale se double d’une quête identitaire, où chaque désillusion façonne une humanité cabossée, jamais caricaturale.

extrait bd L'été des charognes

Graphiquement, l’album impressionne par un réalisme pictural saisissant, réalisé aux marqueurs à alcool et à l’aquarelle. Les plans serrés, les couleurs directes et les textures presque organiques traduisent la suffocation, la rudesse et la poésie paradoxale de cette campagne. Les visages, les mains, les objets du quotidien deviennent des vecteurs d’émotion brute, tandis que les paysages oscillent entre documentaire et abstraction, renforçant la tension du récit.

L’été des charognes s’impose ainsi comme une œuvre forte, bouleversante et nécessaire, à recommander à tous ceux qui s’intéressent à la bande dessinée sociale, à la littérature du réel et aux portraits sans fard de la jeunesse périphérique. Une révélation graphique et narrative, à la hauteur de son modèle littéraire.