Pereira prétend

Album publié en 2016 aux éditions Sarbacane.
Résumé éditeur
D’après le roman d’ Antonio Tabucchi (Sostiene Pereira en italien) publiée en janvier 1994.

Après Les Nuits de Saturne, Pierre-Henry Gomont nous emmène dans le Portugal de Salazar.
Lisbonne, Portugal, en pleine dictature salazariste, fin juillet 1938.
Dans une ville enveloppée d’un « suaire de chaleur », un journaliste vieillissant, le doutor Pereira, veuf, obèse, cardiaque et tourmenté, rédige chaque jour depuis plus de trente ans la page culturelle du quotidien très conservateur, le Lisboa.
Dans cette vie endormie, déboule un certain Francesco Monteiro Rossi… et, de façon tout à fait inattendue, Pereira l’engage. Mais le jeune pigiste, au lieu d’écrire les sages nécrologies que Pereira lui a commandées, lui remet des éloges aussi sulfureux qu’impubliables de Lorca et autres Maïakovski, ennemis avérés du régime fasciste.
Et là encore, au lieu de congédier ce dangereux collaborateur, le doutor Pereira le garde, se prend peu à peu d’amitié pour lui, puis pour sa mystérieuse et belle compagne, qui se révèle être une fervente combattante révolutionnaire, au service des républicains espagnols.
Devenue une œuvre emblématique de la résistance au totalitarisme et à la censure, Pereira prétend raconte la prise de conscience d’un homme confronté à la dictature. Ou quand un homme décide de se battre la plume au poing !
La bd « Pereira prétend » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Pereira prétend »
Pierre-Henry Gomont signe avec Pereira prétend une adaptation du roman éponyme d’Antonio Tabucchi publié en 1994. Cette bande dessinée transpose avec fidélité l’atmosphère oppressante du Portugal de Salazar de juillet 1938, où le doutor Pereira, journaliste veuf et obèse responsable de la page culturelle du quotidien conservateur Lisboa, voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec le jeune Francesco Monteiro Rossi.
La BD excelle dans sa exploration de la prise de conscience politique progressive. Pierre-Henry Gomont matérialise les tourments intérieurs de Pereira en donnant vie à ses différentes « âmes » sous forme de petits personnages qui l’accompagnent, incarnation visuelle de la théorie de la « Confédération des âmes » évoquée dans le récit. Cette trouvaille graphique traduit avec le combat entre conformisme et résistance qui déchire le protagoniste face aux exactions du régime.

Le trait de Pierre-Henry Gomont , vif et expressif, s’apparente aux peintures d’André Derain par sa spontanéité. Ses couleurs fortes et tranchées évoquent la chaleur lisboète avec leurs ciels azuréens et façades ocre ». La technique du halo blanc entourant chaque silhouette insuffle une énergie particulière. Cette esthétique transcrit parfaitement l’évolution du personnage, les décors se faisant plus flous dans la seconde partie pour accompagner ses transformations mentales.
Pereira prétend constitue un exemple parfait d’adaptation réussie, préservant la dimension anti-totalitaire du roman original tout en exploitant pleinement les ressources expressives du neuvième art.