Catégorie : Classique Du 20ème Siècle

Star Pilot

Album publié en 2025 aux éditions Les Humanoïdes Associés.


Résumé éditeur

D’après le roman Rhapsodie noire (série Grainger des étoiles) de Brian Stableford publié en novembre 1973.

Christophe Bec aux commandes d’un space opéra déjanté, d’après le roman du maître de la science-fiction Brian Stableford.

Grainger est pilote de spationef, l’un des meilleurs si l’on en croit la rumeur… sauf quand le rapatriement de sa dernière mission coûte une fortune !
La compagnie Caradoc lui demande une indemnité de sauvetage exorbitante pour l’avoir récupéré sur une planète éloignée : notre pilote est ruiné.
Pour s’en sortir, il accepte une mission qui l’envoie sur Rhapsodie, une planète termitière. Le cocasse mais intrépide héros, soutenu par un étrange compagnon, un parasite bavard que lui seul entend, découvre alors l’enchevêtrement de problèmes dans lequel il est tombé…

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Star Pilot »

Star Pilot est l’adaptation par Christophe Bec d’un roman classique méconnu de la science-fiction britannique. Tiré du roman Rhapsodie noire de Brian Stableford, second tome de la saga Grainger des étoiles publiée dans les années 1970, cette bande dessinée ressuscite l’esprit du space opera à l’ancienne tout en insufflant une modernité graphique.

L’intrigue suit Grainger, pilote de spationef désabusé et endetté, contraint d’accepter une mission périlleuse sur Rhapsodie, une planète termitière. Accompagné d’un parasite symbiotique bavard que lui seul peut entendre, ce personnage incarne parfaitement l’anti-héros cher à Brian Stableford : misanthrope, pacifiste par lâcheté plutôt que par conviction, il navigue dans un univers où l’humanité cohabite avec des hybrides anthropomorphes dans une galaxie post-apocalyptique. Cette relation unique entre Grainger et son compagnon invisible constitue le véritable moteur narratif de l’œuvre.

Graphiquement, Pedro Vigil livre son premier travail pour le marché français avec un style semi-réaliste teinté de naïveté assumée. Son trait numérique, particulièrement adapté au genre science-fiction, témoigne d’un travail documentaire approfondi sur l’imagerie pop culture SF
La colorisation d’Aretha Battistutta sublime ces planches en apportant une palette cohérente qui sert l’atmosphère souterraine et oppressante de Rhapsodie. Si certaines créatures anthropomorphes peuvent paraître issues d’un univers d’animation jeunesse, cette approche visuelle renforce paradoxalement l’esprit pulp originel de l’œuvre de Brian Stableford, auteur qui maniait volontiers le second degré et la parodie des codes du space opera.

Star Pilot est un hommage réussi au space opera des années 1970, époque où le genre connaissait un renouveau plus sombre et complexeChristophe Bec parvient à transposer l’univers foisonnant de Brian Stableford – récemment décédé en 2024 – en respectant son ADN tout en l’adaptant aux codes contemporains de la bande dessinée.

Ce one-shot de 112 pages aux Humanoïdes Associés ravira les amateurs de science-fiction classique en quête d’aventures spatiales empreintes d’un charme désuet mais efficace.

Elles se rendent pas compte

Album publié en 2020 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Boris Vian publiée en 1950.

couverture bd Elles se rendent pas compte

Quand Boris Vian signe un polar.

Ce soir, Francis Deacon enfile des collants, rehausse ses cils de mascara et souligne ses yeux de noir. Mais n’allez pas croire qu’il soit de ce bord-là !
C’est que ce soir, Gaya, son amie – et parfois amante – organise une soirée costumée. L’occasion pour elle de s’envoyer au 7e ciel à coup de piquouzes certainement pas fournies sur ordonnance. Francis, il déteste les drogués. Alors quand il découvre que sa Gaya elle a pris l’autoroute de la défonce sur conseil du futur mari (un futur mari ? Francis était pas au courant !) et que ce mari, il a pas l’air particulièrement tourné vers les charmes délicats de la féminité, il se dit qu’il y a quelque chose de l’espèce de l’anguille sous roche.
Quand il sort pas pour un bal costumé, il fait pas dans la dentelle Francis. Alors en démêlant le nœud de l’affaire Gaya, il se retrouve vite avec la gueule fracassée et 10 000 dollars de dettes.
Heureusement, il a son frangin Ritchie, médecin de métier. Avec lui, s’il s’agit de trancher entre le vice et le serment d’Hippocrate, il réfléchit pas. Surtout si c’est pour sortir le petit frère de la panade.

Déluge d’humour, d’hyper violence et de sexe dans Elles se rendent pas compte, troisième roman de la série des romans noirs de Boris Vian signés sous le pseudonyme Vernon Sullivan.

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Elles se rendent pas compte »

Dans cette adaptation audacieuse du troisième roman « noir » de Boris Vian (sous le pseudonyme Vernon Sullivan), Jean-David Morvan et Patricio Angel Delpeche livrent une bande dessinée qui capture parfaitement l’essence provocatrice de l’œuvre originale de 1950. L’intrigue nous plonge dans le Washington des années 50, où Francis Deacon découvre que son amie Gaya est prise dans un réseau de trafic de drogue et s’apprête à épouser Richard Walcott, homosexuel notoire et membre d’un dangereux gang.

La narration conserve brillamment la marque de fabrique de Boris Vian: une exploration sans concession de thèmes tabous mêlant violence crue, sexualité explicite et humour noir acide. Les personnages, notamment le duo formé par Francis et son frère médecin Ritchie, évoluent avec une complexité psychologique remarquable dans ce milieu interlope où les apparences sont trompeuses.

Le trait de Patricio Angel Delpeche, à la fois précis et nerveux, sert admirablement cette atmosphère trouble, tandis que sa palette chromatique dominée par des tons froids et sombres amplifie la violence sous-jacente qui traverse l’album. Sa mise en page dynamique accentue l’intensité des scènes d’action comme des moments d’intimité.

Cette œuvre s’adresse aux lecteurs matures appréciant les polars hardboiled et les adaptations fidèles à l’esprit de leur source littéraire. Un témoignage graphique saisissant d’une époque où la provocation littéraire était un art que Boris Vian maîtrisait à la perfection.

1984 (Adapté par Sybille Titeux de la Croix)

Bande dessinée publiée en 2021 aux éditions du Rocher.


D’après le roman de George Orwell publié le 8 juin 1949.

couverture bd 1984 (Adapté par Sybille Titeux de la Croix)

En 1984, alors que l’Océania est toujours en guerre contre l’Eurasia, Winston, dans un acte de désobéissance extrême, décide de tenir son journal…
Il lui faut, en plus, redoubler de prudence lorsque la fille aux cheveux noirs prend contact avec lui.
En Océania, les relations hors mariage sont proscrites, les amitiés doivent rester superficielles et il est interdit de se mélanger aux prolétaires.
La Police de la Pensée veille, et Big Brother ne vous lâche pas des yeux.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « 1984 »

L’entrée de l’œuvre de George Orwell dans le domaine public en 2021 a donné lieu à une véritable « Orwell Mania » avec pas moins de quatre adaptations en bande dessinée de 1984 publiées simultanément. Parmi celles-ci, la version de Sybille Titeux de la Croix et Amazing Ameziane, parue aux Éditions du Rocher, se distingue par sa fidélité remarquable au texte original et son approche visuelle particulièrement immersive.

Cette adaptation de 232 pages respecte scrupuleusement le roman d’Orwell. Sybille Titeux de la Croix, scénariste diplômée de l’École Supérieure Nationale des Arts Décoratifs et passionnée de littérature, fait un usage judicieux des récitatifs pour préserver la densité philosophique du texte original. 
L’évolution psychologique de Winston Smith, employé du ministère de la Vérité, est minutieusement retracée dans sa lente transformation face à l’oppression totalitaire. Les thèmes majeurs du roman – surveillance de masse, manipulation de l’information, destruction de l’individualité – sont traduits avec une fidélité remarquable.

extrait bd 1984 (Adapté par Sybille Titeux de la Croix)

Amazing Ameziane déploie une esthétique cinématographique puissante, influencée par sa culture comics et notamment par Frank Miller et Bill Sienkiewicz. Son parti pris chromatique – une palette restreinte dominée par les tons bleus et verts, ponctuée de rares éclats de rouge brutal – renforce l’atmosphère oppressante du récit. 
Les jeux d’ombre et de lumière, véritables clairs-obscurs expressionnistes, révèlent magistralement la psyché torturée des personnages. L’omniprésence du visage de Big Brother, travaillé pendant une semaine entière par l’artiste en s’inspirant des affiches de propagande britanniques de la Première Guerre mondiale, s’impose comme une réussite iconographique remarquable.

Cette adaptation constitue un exercice d’équilibre entre respect du texte original et création visuelle, offrant aux lecteurs une immersion totale dans l’univers dystopique d’Orwell. Elle s’adresse aux lecteurs souhaitant redécouvrir ce classique sous un nouveau jour.

Bilbo le Hobbit – Tome 2

Album publié en 2001 aux Editions Vent d’Ouest.


Adapté du roman de J. R. R. Tolkien (publié pour la première fois le 21 septembre 1937).

Lorsque le respectable Bilbo Sacquet entendit frapper à la porte de son confortable trou de hobbit, sous la colline, il ne se doutait pas qu’il allait ouvrir au magicien Gandalf, accompagné d’une ribambelle de nains barbus lancés sur les traces du trésor de leurs ancêtres.
Il n’imaginait pas non plus que son aventure allait constituer le prologue indissociable du  » Seigneur des Anneaux « , roman qui allait conquérir des dizaines de millions de lecteurs sur plusieurs générations.
Avec le second et dernier tome de cette adaptation en bande dessinée respectueuse du texte original, voici l’occasion de revisiter les Terres du Milieu, avec l’émerveillement d’un regard neuf…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Bilbo le Hobbit – Tome 2 »

Cette adaptation graphique du chef-d’œuvre de J.R.R. Tolkien, publiée originellement par Eclipse Comics en 1989 puis rééditée par Vents d’Ouest en 2001, constitue l’aboutissement d’un projet d’envergure mené par l’illustrateur David Wenzel et les scénaristes Charles Dixon et Sean Deming. Ce second tome clôt magistralement l’aventure de Bilbo Sacquet, depuis sa confrontation avec le dragon Smaug jusqu’à son retour paisible dans la Comté.

Ce second tome excelle dans sa représentation de la transformation profonde de Bilbo, personnage initialement timoré qui révèle progressivement ses ressources intérieures face aux épreuves. L’adaptation respecte scrupuleusement le scénario de J.R.R. Tolkien, préservant cette dimension initiatique où le hobbit découvre courage et ingéniosité. 

Le style de David Wenzel, caractérisé par sa technique à l’aquarelle aux couleurs pastel et ses formes arrondies, crée un univers graphique unique. Cette esthétique délibérément enfantine, parfois comparée à « Blanche-Neige et les Sept Nains », sert paradoxalement la dimension intemporelle du conte de J.R.R. Tolkien. Les illustrations pleine page révèlent un talent remarquable pour les compositions panoramiques, conférant une ampleur épique aux paysages de la Terre du Milieu.

Malgré un scénario parfois dense héritée de la fidélité au texte original, cette adaptation demeure une réussite qui mérite sa place parmi les adaptations littéraires en bande dessinée. Elle s’adressera particulièrement aux jeunes lecteurs.

Bilbo le Hobbit – Tome 1

Album publié en 2001 aux Editions Vent d’Ouest.


Adapté du roman de J. R. R. Tolkien (publié pour la première fois le 21 septembre 1937).

Lorsque le respectable Bilbo Sacquet entendit frapper à la porte de son confortable trou de hobbit, sous la colline, il ne se doutait pas qu’il allait ouvrir au magicien Gandalf, accompagné d’une ribambelle de nains barbus lancés sur les traces du trésor de leurs ancêtres.
Il n’imaginait pas non plus que son aventure allait constituer le prologue indissociable du  » Seigneur des Anneaux « , roman qui allait conquérir des dizaines de millions de lecteurs sur plusieurs générations.
Avec le premier tome de cette adaptation en bande dessinée respectueuse du texte original, voici l’occasion de revisiter les Terres du Milieu, avec l’émerveillement d’un regard neuf…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Bilbo le Hobbit – Tome 1 »

Publié initialement par Eclipse Comics en 1989, puis adapté en français chez Glénat en 1991 (republié en 2001), Bilbo le Hobbit – Tome 1 de David Wenzel constitue une œuvre pionnière dans l’adaptation graphique de la fantasy littéraire. Cette transposition du roman de J.R.R. Tolkien, scénarisée par Charles Dixon, s’inscrit dans l’ère du format « prestige » des comics américains, période d’expérimentation artistique particulièrement fertile.

L’adaptation respecte scrupuleusement la roman original, suivant Bilbo Sacquet dans sa transformation d’un hobbit casanier en héros malgré lui. Charles Dixon préserve les thématiques centrales de J.R.R. Tolkien. Cette approche permet de conserver l’essence psychologique des personnages, notamment l’évolution graduelle de Bilbo qui trouve beaucoup plus de ressources en lui qu’il ne l’imaginait.

Le style de David Wenzel , réalisé à l’aquarelle avec des couleurs pastel et des formes arrondies, crée un univers visuellement distinctif qui évoque délibérément l’illustration de conte pour enfants. Cette approche esthétique sert parfaitement la nature initiale du récit conçu pour un public jeune. Les nombreuses illustrations pleine page révèlent la maîtrise technique de David Wenzel , particulièrement dans le rendu des paysages et des créatures fantastiques.

Cette adaptation demeure l’une des rares transpositions graphiques respectueuses de l’univers de J.R.R. Tolkien avant les adaptations cinématographiques contemporaines. Recommandée aux lecteurs cherchant une alternative accessible au roman original, elle témoigne d’une époque où l’adaptation littéraire en bande dessinée privilégiait la fidélité artistique à l’efficacité commerciale.

Le joueur d’échecs

Album publié en 2015 aux Editions Sarbacane.


Adapté du roman de Stefan Zweig (publié pour la première fois le 7 décembre 1942).

couverture bd Le joueur d’échecs

Sur un paquebot reliant New York à Buenos Aires, deux joueurs d’échecs que tout sépare s’affrontent. Czentovic, orphelin taciturne, arrogant, et tacticien remarquable, devenu champion du monde, et Mr. B, un mystérieux et magnétique aristocrate autrichien rescapé des geôles nazies.

Cette histoire est écrite sur le principe du récit en abyme. Dans le huis clos sur le paquebot viennent s’intercaler deux récits. Le premier nous emmène dans une province russe reculée pour suivre l’ascension fulgurante du prodige Czentovic. Le second nous permet d’en apprendre plus sur le mystérieux Mr.B et l’enfer de son séjour dans la chambre d’hôtel autrichienne.

Deux personnages, deux destins, deux récits enchâssés… toujours d’actualité plu


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le joueur d’échecs »

Dans cette adaptation du chef-d’œuvre posthume de Stefan Zweig, Thomas Humeau nous plonge dans un huis clos fascinant à bord d’un paquebot reliant New York à Buenos Aires en 1947. Sur ce navire s’affrontent deux joueurs que tout oppose : Czentovic, champion du monde arrogant et taciturne, et Monsieur B., mystérieux aristocrate autrichien rescapé des geôles nazies.

L’œuvre explore brillamment les thèmes de la folie, de l’obsession et de la résistance intellectuelle face à l’oppression. Thomas Humeau enrichit le récit original en introduisant Emma, fille du commandant, qui apporte une touche de légèreté à cette histoire profondément névrotique. La scénario entrelace habilement trois récits : le voyage en paquebot, l’ascension fulgurante de Czentovic en Russie, et l’enfer vécu par Monsieur B. dans sa chambre d’hôtel autrichienne.

extrait bd Le joueur d’échecs

Le style graphique de Thomas Humeau, avec son trait sobre et son découpage original, traduit parfaitement les tourments psychologiques des protagonistes. Ses illustrations chaotiques et anguleuses reflètent la violence et la folie qui habitent les personnages. La palette chromatique, composée d’aplats de couleurs vives et de dégradés adaptés à chaque récit, renforce l’atmosphère oppressante tout en créant un contraste saisissant entre la vie ordinaire du bateau et la lutte mentale qui se joue sur l’échiquier.

Cette œuvre captivante séduira tant les amateurs de bandes dessinées que les passionnés de littérature classique. Thomas Humeau réussit le pari de transposer en images la profondeur psychologique du texte de Stefan Zweig, offrant une réflexion pertinente sur la façon dont les régimes totalitaires peuvent briser les esprits les plus brillants.

Le Comité

Album publié en 2016 aux éditions Cambourakis.


Résumé éditeur

Librement adapté du roman de Sonallah Ibrahim publié en 1981.

« Le Comité » est une organisation mystérieuse et insaisissable, qui agit dans l’ombre du pouvoir. Déterminé à le détruire, le narrateur choisit d’incarner sans retenue divers rôles (boulanger, couturier, etc.) qui lui permettent de se rapprocher de ce groupuscule.
Fasciné par le Docteur, figure emblématique du Comité, il choisit d’aller jusqu’au bout de sa démarche en prenant sa place et dénoncer ainsi la mascarade des jeux de pouvoir.
Tiraillé entre soumission et émancipation, opportunisme individuel et conscience collective, l’homme prend consciemment le chemin de l’autodestruction.
Inspiré du roman Le Comité de Sonallah Ibrahim, l’adaptation libre de Thomas Azuélos est fidèle à son sens profond et offre un écho très actuel au propos du romancier égyptien après le soulèvement de la place Tahrir en 2011 et les bouleversements qui s’en sont suivis.

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Comité »

Le Comité, librement adapté du roman de Sonallah Ibrahim, plonge le lecteur dans l’Égypte post-Sadate (1981) jusqu’à la révolution de la place Tahrir (2011), offrant une fable kafkaïenne sur les rouages du pouvoir.

L’intrigue suit Saïd, simple fonctionnaire zélé, qui accepte l’absurde invitation d’une organisation mystérieuse chargée de « valider » la réussite sociale. Par son personnage, Thomas Azuélos explore les thèmes de la soumission, de l’émancipation et de l’autodestruction, illustrant l’influence insidieuse et silencieuse des hiérarchies invisibles. Chaque séance auprès du Comité se révèle autant un rite initiatique qu’une mascarade, posant un regard critique et universel sur la manipulation des masses et la quête illusoire de reconnaissance.

Sur le plan graphique, le noir et blanc ciselé, rythmé de trames délicates et de contrastes puissants, confère à l’atmosphère une tension palpable. Les visages austères et les décors épurés soulignent la dimension théâtrale et claustrophobe de l’entretien, renforçant l’émotion par une économie de traits maîtrisée.

Le Comité se distingue par son propos engagé et son style visuel sobre et percutant. Cette fable politique, à la fois universelle et profondément ancrée dans l’histoire égyptienne, s’adresse à tout lecteur en quête d’une bande dessinée à la fois intellectuelle et sensorielle.

Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson

Album publié en 2017 aux Editions Nobi Nobi.


Adapté du conte de Selma Lagerlöf (publié pour la première fois le 29 novembre 1906).

couverture bd Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson

Nils est un vilain garnement qui préfère jouer des tours et embêter les animaux plutôt que d’étudier sagement.
Un jour qu’il s’en prend à un minuscule lutin vivant chez lui, le voilà réduit à la même taille que celui-ci !
Il ne peut alors pas empêcher Martin,  le jars de la ferme, de s’envoler avec les oies sauvages…
Le jeune garçon va donc l’accompagner malgré lui pour un fabuleux voyage à travers la Suède, à la découverte de la nature et de nouveaux amis.
Mais Nils pourra-t-il rentrer chez lui pour que tout redevienne comme avant ?


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson »

Cette adaptation manga du célèbre roman de Selma Lagerlöf réussit le pari délicat de transposer un classique de la littérature suédoise dans un format contemporain. 

Nori Ichikawa, l’auteur de ce manga, préserve l’essence narrative du voyage initiatique de Nils, ce garnement transformé en lutin qui découvre l’empathie à travers son périple aérien avec les oies sauvages. L’adaptation condense intelligemment les thèmes fondamentaux : la rédemption par l’épreuve, le respect de la nature et la découverte de soi. La transformation psychologique du protagoniste, d’enfant égoïste à être altruiste, conserve toute sa portée émotionnelle.

extrait bd Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson

Le style graphique de Ichikawa, un peu « rondouillard », s’avère parfaitement adapté au récit. Les personnages, qu’ils soient humains ou animaux, rayonnent d’expressivité et de charisme, créant une proximité immédiate avec le lecteur. Cette approche visuelle douce accompagne la dimension contemplative du voyage à travers les paysages suédois.

Publié chez Nobi Nobi dans la collection « Les classiques en manga », cet ouvrage réussit à rendre accessible un patrimoine littéraire nordique tout en préservant sa dimension éducative et poétique. Une lecture recommandée pour découvrir ou redécouvrir ce bijou de la littérature suèdoise.

La cavalière Elsa

Album publié en 2010 aux Editions Gallimard.


Adapté du roman de Pierre Mac Orlan (publié pour la première fois en mai 1921).

couverture bd La cavalière Elsa

Pierre Mac Orlan a près de quarante ans quand il écrit « La Cavalière Elsa ».
Dès sa sortie en 1921, ce roman est immédiatement reconnu et obtient le prix littéraire de la renaissance.
Renaissance, c’est aussi celle des hommes encore sous le choc de la grande tuerie de 14-18. Cette blessure se ressent dans l’écriture de la Cavalière Elsa.
Pierre Mac Orlan, ancien combattant puis reporter de la « der des ders », appréhende de façon prémonitoire des lendemains qui ne chanteront pas : l’ère des fascismes, qu’ils soient mussolinien, stalinien ou hitlérien.
La cavalière Elsa est avant tout égérie instrumentalisée, symbole magnifié, une femme manipulée à des fins idéologiques.

Afin de permettre à un large public d’accéder à cette œuvre littéraire, roman atypique de l’écrivain du « Quai des Brumes », l’Association TERROIRS, éditrice, a fait appel au trait affûté du dessinateur Jean CUBAUD qui a donné un visage à cette emblématique Cavalière.
L’introduction, les « bonus » et les diverses notes et quadrichromies expliquent le contexte artistique et historique de ce roman.
Cette édition, originale dans sa conception, devrait satisfaire aussi bien les amoureux de la littérature – l’adaptation reprend en grande partie le texte initial – que ceux de la bande dessinée.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La cavalière Elsa »

Jean Cubaud livre avec La Cavalière Elsa une adaptation du roman visionnaire de Pierre Mac Orlan (1921), Prix de la Renaissance 1922. Cette bande dessinée de 2010 transpose avec fidélité l’univers sombre de ce précurseur de la politique-fiction, anticipant de onze ans Le Meilleur des mondes d’Huxley.

La BD explore avec une acuité troublante les mécanismes totalitaires naissants de l’après-Première Guerre mondiale. Elsa, jeune juive de Cologne transformée en icône révolutionnaire malgré elle, incarne cette « inquiétude européenne » que Pierre Mac Orlan souhaitait capturer. La trajectoire du personnage, perdant progressivement son identité pour se conformer à une légende orchestrée par des manipulateurs cyniques, résonne avec une modernité saisissante.

Jean Cubaud , fort de son expérience dans l’animation (Alix, Barbe-Rouge, Histoires du Père Castor), déploie un trait en noir et blanc d’une sobriété parfaitement adaptée à la gravité du propos. Son style graphique, épuré mais non dénué d’émotion, sert l’ironie grinçante de Pierre Mac Orlan et la métaphore théâtrale qui traverse le récit.

Cette édition, enrichie d’annexes documentaires, constitue une redécouverte salutaire d’un texte prophétique. Une œuvre essentielle pour les amateurs de bande dessinée littéraire et d’anticipation politique, témoignant de la pertinence intemporelle des intuitions de Pierre Mac Orlan sur les dérives autoritaires.

A quatre mains – Tome 1

Album publié en 2006 aux éditions Emmanuel Proust.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Paco Ignacio Taibo II publiée en novembre 1992 en France.

couverture bd A quatre mains - Tome 1

L’espionnage élevé au rang des beaux-arts !

Ciudad Juarez, 1923.
L’acteur comique Stan Laurel assiste à l’assassinat de Pancho Villa.

New-York 1989.
Alex, chef du  » shit department  » de la CIA, prépare un nouveau coup tordu à destination du Nicaragua. Quels liens étranges unissent ces deux époques faites de sang, de révolutions et de contre-révolutions ?
Dans cet immense puzzle des manipulations humaines, deux journalistes, Greg et Julio, entrent en scène pour nous éclairer sur les dossiers secrets de l’Amérique latine.

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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « A quatre mains – Tome 1 »

Amazing Améziane s’attaque à l’adaptation d’un monument de la littérature policière latino-américaine avec À quatre mains, le roman de Paco Ignacio Taibo II lauréat du prix Dashiell Hammett 1991. Ce premier tome révèle l’ampleur d’un projet ambitieux : transformer en bande dessinée une fresque géopolitique complexe qui entremêle un siècle de révolutions et de manipulations.

L’intrigue déploie avec virtuosité trois trames temporelles distinctes : l’assassinat de Pancho Villa en 1923 dont Stan Laurel est témoin, les opérations de désinformation de la CIA dans les années 1980, et l’enquête de deux journalistes contemporains, Greg et Julio. Cette narration éclatée, à la manière d’un Pulp Fiction, dessine progressivement un immense puzzle des dossiers secrets de l’Amérique latine.

Le trait d’Améziane démontre une intelligence graphique en adoptant des codes visuels spécifiques à chaque époque : tons ocre pour les séquences mexicaines de 1923, esthétique comics flashy pour les journalistes, bichromie caricaturale pour les scènes de la CIA. Cette fragmentation stylistique renforce la cohérence narrative en guidant intuitivement le lecteur dans les différentes périodes temporelles.

À quatre mains  en BD : Une leçon de géopolitique servie par un dessinateur visionnaire qui ose surprendre.