Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

À la ligne – feuillets d’usine

Album publié en 2024 aux éditions Sarbacane.


Résumé éditeur

Adaptation du roman de Joseph Ponthus parue le 3 janvier 2019.

couverture bd À la ligne - feuillets d'usine

C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire, Joseph Ponthus, qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons.

Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet.

C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.

Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « À la ligne – feuillets d’usine »

Julien Martinière, par son adaptation de « À la ligne – feuillets d’usine » de Joseph Ponthus, offre une bande dessinée à la fois captivante et bouleversante. Ce témoignage graphique sur le travail ouvrier, adapté d’un récit autobiographique en vers libres, plonge le lecteur dans une réalité brutale, parfois répétitive, mais profondément humaine.

extrait bd À la ligne - feuillets d'usine

Les illustrations en noir et blanc de Julien Martinière frappent par leur précision. Elles parviennent à transcrire le rythme des tâches quotidiennes et l’âpreté des conditions de travail avec une justesse remarquable. Chaque trait révèle une atmosphère lourde et oppressante, où la fatigue des corps se mêle à l’anonymat des visages dans les ateliers. La monotonie du travail est contrebalancée par des métaphores visuelles puissantes, où l’usine devient un théâtre d’efforts incessants, parfois absurde, souvent poignant.

Si la narration peut paraître linéaire, elle reflète habilement la répétition écrasante du quotidien ouvrier, rendant l’expérience encore plus immersive. Le choix de maintenir une grande fidélité au texte original renforce l’authenticité et le caractère poétique de l’œuvre, tout en exploitant le potentiel émotionnel des images.

Cette bande dessinée dépasse le simple reportage pour offrir une réflexion visuelle et littéraire sur la dignité humaine. Une œuvre qui allie sensibilité et force, et qui restera sans doute dans les mémoires comme un hommage vibrant au monde ouvrier.


Lieu visité par la bd en Bretagne

Lorient

Le Mystère Henri Pick

Album publié en 2024 aux éditions La boîte à bulles.


Résumé éditeur

Adapté de l’œuvre de David Foenkinos publiée en 2016.

Quand elle publie le roman de Henri Pick, un mystérieux pizzaiolo décédé, Delphine Despero est loin d’imaginer la frénésie générale que le livre s’apprête à déclencher.

Delphine Despero est une jeune éditrice prometteuse. En visite à Crozon, elle découvre une bibliothèque pour le moins insolite puisqu’elle possède un rayon unique en son genre où les auteurs peuvent déposer leurs manuscrits de romans refusés…

C’est en fouillant ses étagères que Delphine met la main sur un chef d’oeuvre d’une rare virtuosité. Son titre : Les Dernières heures d’une histoire d’amour. Son auteur : un certain Henri Pick, pizzaiolo de son état.

Sitôt publié, le roman rencontre un vif succès. Mais son auteur étant décédé depuis quelques années déjà, de nombreuses zones d’ombre demeurent : qui était ce mystérieux Henri Pick ? Quelles étaient ses motivations ? Cet ouvrage est-il la révélation d’un génie inconnu ou une supercherie absolue ?

Très vite, le livre devient un véritable phénomène littéraire. Les théories les plus fantasques vont bon train et journalistes, éditeurs et badauds se ruent dans le restaurant du plus célèbre des écrivains-pizzaiolos.

Une adaptation réussie du best-seller de David Foenkinos.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Mystère Henri Pick »

Adaptée avec brio par Pascal Bresson et magnifiquement illustrée par Ilaria Tebaldini, la bande dessinée « Le Mystère Henri Pick » offre une nouvelle vision de l’univers fascinant créé par David Foenkinos. Avec une grande fidélité au roman original, Pascal Bresson parvient à capter la subtilité de l’histoire et à la traduire dans un format graphique qui enrichit l’expérience des lecteurs.

L’intrigue tourne autour de la découverte par Delphine Despero, jeune éditrice ambitieuse, d’un manuscrit exceptionnel dans une petite bibliothèque de Crozon. Ce roman, soi-disant écrit par Henri Pick, un pizzaiolo décédé et sans aucun lien présumé avec la littérature, devient un phénomène éditorial et soulève de nombreuses interrogations. C’est cette mystérieuse rencontre entre l’ordinaire et l’extraordinaire qui donne toute sa force à l’histoire, révélant à quel point le monde littéraire est un univers de possibles.

Les illustrations de Ilaria Tebaldini ajoutent une vraie dimension poétique au récit. Les couleurs choisies et le coup de crayon subtil contribuent à créer une atmosphère douce et énigmatique, plongeant le lecteur dans une Bretagne évoquée avec charme. Le travail sur les expressions des personnages renforce l’attachement à ces derniers, en particulier le journaliste tenace et la jeune éditrice, tous deux en quête de vérité.

« Le Mystère Henri Pick » est une bande dessinée réussie qui allie le meilleur du roman avec la puissance du langage visuel, offrant ainsi une lecture immersive qui ne manquera pas de captiver les amateurs de mystères littéraires.


Lieu visité par la bd en Bretagne

Crozon

Nos âmes oubliées

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Le Lombard.


D’après le roman de Stéphane Allix publié le 2 juin 2021.

couverture bd Nos âmes oubliées

Librement inspirée du roman éponyme autobiographique de Stéphane Allix, Grégory Panaccione nous plonge dans la vie d’un homme qui n’a aucun souvenir de son enfance.

Quand se développe une maladie auto-immune, il se rend vite compte que la médecine classique ne peut rien pour lui et il se tourne vers les neurosciences, libérant peu à peu son esprit jusqu’à une découverte fatidique : un traumatisme profond lors de son enfance, entraînant une amnésie traumatique.

La confrontation avec son agresseur et la remise en question de ses propres souvenirs l’amènent à un voyage intérieur poignant en quête de l’apaisement émotionnel, offrant une leçon sur la résilience et la reconstruction de soi après des traumatismes profonds.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Nos âmes oubliées »

Grégory Panaccione s’aventure dans un territoire inédit avec cette adaptation du récit autobiographique de Stéphane Allix, ancien reporter de guerre hanté par une amnésie traumatique. Cette première adaptation d’un témoignage personnel pour l’auteur représente un défi artistique remarquablement relevé.

L’histoire suit un homme privé de ses souvenirs d’enfance, dont la maladie auto-immune le pousse vers les thérapies psychédéliques pour dénouer un traumatisme enfoui. Grégory Panaccione transcende la complexité du sujet en explorant avec finesse les thèmes de la mémoire fragmentée, de la résilience et de la quête identitaire. Le récit interroge intelligemment la nature même de la conscience, questionnant la correspondance systématique établie entre cerveau et psyché.

extrait bd Nos âmes oubliées

Graphiquement, l’artiste déploie un onirisme poétique saisissant. Son trait aquarellé crée des lumières évanescentes qui épousent parfaitement l’univers mental du protagoniste. Chaque visage révèle une expressivité , traduisant les tourments intérieurs avec une précision bouleversante. Cette esthétique accompagne magistralement les séquences hallucinatoires, estompant les frontières entre réel et imaginaire.

Grégory Panaccione réussit le tour de force de rendre lisible un parcours thérapeutique complexe tout en préservant la profondeur philosophique du propos. Une œuvre mature qui invite à repenser notre rapport à la mémoire et à la guérison..

Grossir le ciel

Album publié aux éditions Delcourt en 2024.


Adapté du roman de Franck Bouysse publié en 2014.

Un récit noir et poignant adapté du roman à succès de Franck Bouysse, par Borris, le dessinateur de Charogne, récompensé par le prix Quai du polar en 2019.

Gus, éleveur dans les Cévennes, mène une vie solitaire avec son chien Mars comme seul réconfort et son voisin Abel, devenu ami de circonstance.

Un quotidien bien rythmé qui se trouve bouleversé quand des visiteurs inopportuns arrivent au village et que Gus découvre des traces de sang menant à la ferme d’Abel…

Un huis clos rural saisissant sur l’isolement, la folie et le besoin de rédemption.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Grossir le ciel »

Avec Grossir le ciel, Borris offre une adaptation saisissante du roman éponyme de Franck Bouysse, plongeant le lecteur dans les recoins sombres et solitaires des Cévennes. À travers cette bande dessinée, l’isolement et les non-dits prennent une dimension visuelle puissante, rendant le récit encore plus immersif.

L’histoire, centrée sur Gus, un éleveur vivant en retrait du monde, commence par une découverte troublante : des traces de sang près de la ferme de son voisin Abel. Peu à peu, le lecteur est aspiré dans une intrigue où le quotidien le plus banal s’entrelace avec une tension presque palpable, jusqu’à l’explosion finale.

L’atout majeur de cette adaptation réside dans le travail graphique de Borris. À l’aide d’un jeu subtil de nuances de gris, ponctué de touches de couleurs stratégiques – rouge pour la violence et le sang, bleu pour les moments fantasmés – il parvient à transmettre l’oppression et l’intensité des émotions. Cette sobriété visuelle permet d’amplifier le poids des silences et des regards, éléments cruciaux du récit.

La narration conserve la profondeur psychologique des personnages imaginés par Franck Bouysse. Gus, dans toute sa rudesse et son humanité, devient encore plus tangible sous le trait de Borris, tandis que les paysages ruraux, à la fois majestueux et hostiles, servent de toile de fond parfaite à cette tragédie.

Grossir le ciel est une bande dessinée remarquable, un polar rural visuellement et scénaristiquement abouti, qui comblera les amateurs d’histoires sombres et les passionnés de récits graphiques de qualité. Une réussite indéniable.

Une rose seule

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Rue de Sèvres.


D’après le roman de Muriel Barbery publié le 19 aout 2020.

couverture bd Une rose seule

Rose arrive au Japon pour la première fois de sa vie, sur les traces d’un père qu’elle n’a jamais connu.

Celui-ci, décédé depuis peu, lui avait laissé une lettre à son intention, l’invitant à se rendre dans ce pays si lointain qui est en partie le sien.

Accueillie à Kyoto, elle est guidée par Paul, l’assistant de son père, à travers un itinéraire imaginé par le défunt, semé de temples et de jardins, d’émotions et de rencontres, qui va lui permettre dépasser l’amertume et la colère liées à l’absence pour se laisser emporter par le tourbillon de ses origines enfin retrouvées.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Une rose seule »

Une Rose Seule, adapté par Kan Takahama du roman de Muriel Barbery, est une œuvre délicate et introspective qui plonge le lecteur dans un voyage au cœur du Japon, à la fois géographique et émotionnel.

L’histoire suit Rose, une botaniste française, qui arrive à Kyoto pour découvrir les racines de son père qu’elle n’a jamais connu. Guidée par Paul, l’assistant de son père, elle parcourt un itinéraire marqué par des temples, des jardins et des rencontres qui lui permettent de se reconnecter avec elle-même et ses origines.

L’intérêt de cet album ne réside pas tant dans une intrigue surprenante, mais plutôt dans l’expérience immersive qu’il propose. Le récit se développe lentement, au rythme des pas de Rose à travers Kyoto, avec une atmosphère contemplative accentuée par les illustrations sensibles et détaillées de Kan Takahama.

extrait bd Une rose seule

Les thèmes de la quête identitaire, de la réconciliation avec le passé, et du deuil sont abordés avec une grande finesse. La relation entre Rose et Paul, subtilement tissée, sert de fil conducteur à cette exploration intérieure.

Une Rose Seule est une bande dessinée introspective qui offre une expérience riche et émouvante, magnifiquement illustrée et imprégnée de la sérénité des paysages japonais.

Le prix à payer

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Leduc.


D’après le roman de Lucile Quillet publié en 6 octobre 2021.

couverture bd Le prix à payer

Quel est le point commun entre celles qui rêvent du prince charmant, les féministes fières de faire 50/50, les femmes au foyer, les mères célibataires, les veuves, en bref, toutes les femmes ?

Avant, pendant et après le couple, elles en paient le prix : épilation, contraception, répartition des dépenses, ajustements de carrière, charge parentale…

L’addition est longue, mais invisible ! Pourquoi l’idéal du couple – avec sa répartition des rôles très genrée – coûte-t-il si cher ? Et si Cupidon s’était planté ?

Pour le comprendre, Lucile Quillet et Tiffany Cooper nous emmènent dans un univers délirant et pop, où femmes et hommes, libéré·e·s des attentes et normes, peuvent s’aimer dans l’égalité, la joie et la liberté.

La BD qui lève le voile sur le tabou de l’argent dans le couple, pour en finir avec les inégalités derrière le mythe rose bonbon.

Lucile Quillet est journaliste, autrice, coach et conférencière. Elle dédie son travail à la condition féminine et à l’égalité, dans la sphère privée comme au travail, dans ELLE, sur Welcome to the Jungle et au sein de l’Observatoire de l’émancipation économique de la Fondation des femmes. Elle est l’autrice de l’essai Le Prix à payer, ce que le couple hétéro coûte aux femmes, qui a trouvé un grand écho auprès des médias et des lectrices.

Tiffany Cooper est autrice et illustratrice. Elle s’est fait connaître en collaborant avec Karl Lagerfeld en 2015. Elle est l’autrice de plusieurs romans graphiques et albums jeunesse, dans lesquels elle aborde des thèmes comme l’amour, le patriarcat et les inégalités dans l’espace domestique.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le prix à payer »

Avec « Le Prix à Payer », Tiffany Cooper et Lucile Quillet signent une bande dessinée aussi percutante qu’instructive, adaptant avec brio l’essai éponyme de Lucile Quillet.
À travers une combinaison astucieuse d’humour, de réflexion critique et d’illustrations vibrantes, les autrices exposent les déséquilibres souvent invisibles qui façonnent les relations hétérosexuelles.

Une mise en lumière des inégalités

Divisée en trois sections – avant, pendant, et après le couple –, l’œuvre dissèque les étapes d’une relation sous l’angle de la charge mentale, financière et émotionnelle. Elle met en évidence des thématiques cruciales comme la répartition des dépenses, la gestion domestique, le coût de la contraception ou encore les sacrifices professionnels imposés aux femmes. La BD dépeint des situations familières, parfois caricaturées, mais toujours ancrées dans une réalité systémique.

Un ton à la fois léger et percutant

Ce qui distingue véritablement « Le Prix à Payer« , c’est son usage de l’humour pour faire passer des messages complexes. Tiffany Cooper, avec son style visuel coloré et accessible, introduit des personnages et des situations comiques – notamment un Cupidon décalé – qui allègent un sujet potentiellement lourd. Derrière ces moments de légèreté se cache une réflexion sérieuse et sans compromis sur le poids du patriarcat dans le couple contemporain.

Un succès artistique et narratif

Le style graphique de Tiffany Cooper mérite également d’être salué. Ses illustrations dynamiques capturent parfaitement les émotions des personnages et ajoutent une couche supplémentaire d’accessibilité. Chaque scène est visuellement mémorable, ce qui permet aux lecteurs d’entrer facilement dans des discussions sur des sujets encore trop souvent tabous, comme l’argent dans le couple ou les sacrifices de carrière.

extrait bd Le prix à payer

En conclusion

« Le Prix à Payer » est une œuvre à la fois divertissante et nécessaire. En dénonçant les inégalités économiques et mentales dans le couple hétérosexuel, cette bande dessinée donne à réfléchir, mais aussi à rire. Cette BD agit avant tout comme un cri d’alarme, invitant chacun à repenser les normes et à envisager des relations plus justes.

À mettre entre toutes les mains, et pas seulement celles des femmes. Cette BD pourrait bien révolutionner votre vision du couple et des dynamiques qui le sous-tendent.

La Poursuite du bonheur

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Philéas.


D’après le roman de Douglas Kennedy publié le 29 aout 2001.

couverture bd La Poursuite du bonheur

Manhattan, Thanksgiving 1945.
Artistes, écrivains, musiciens… tout Greenwich Village se presse à la fête organisée par Eric Smythe, dandy et dramaturge engagé. Ce soir-là, sa soeur Sara, fraîchement débarquée à New York, croise le regard de Jack Malone, journaliste de l’armée américaine en permission.
Sara tombe amoureuse de Jack au premier regard, et ce sera l’amour de sa vie. Mais, rien n’est simple…
Amour d’une nuit, passion d’une vie, l’histoire de Sara et Jack va bouleverser plusieurs générations.

L’autre homme dans la vie de Sara, c’est son frère Éric, un artiste qui s’est laissé tenter par le Communisme qu’il percevait comme porteur de plus de justice sociale. Il a même adhéré au parti pendant quelques années, avant de prendre ses distances…
Mais en plein Maccarthysme, les autorités chassent les communistes et les homosexuels qui seraient susceptibles de nuire à la patrie.

À l’origine, un copieux roman de plus de 700 pages divisé en deux période, les dix années narrant l’histoire d’amour de Sara et Jack, puis la relation des années plus tard entre Kate, la fille de Jack, et Sara….
Cyril Bonin a su se faire remarquer pour la qualité des adaptations parsemant sa bibliographie : La Belle image, La Délicatesse, Le Dames de Kimoto
Il reprend ici à son compte le récit en se concentrant sur la relation passionnée de Sara et Jack en assumant une unité d’époque pour être au plus près des sentiments contrastés du couple, mais aussi pour illustrer le tragique destin d’Eric, victime de l’intolérance et de la paranoïa d’une Amérique livrée à ses démons intérieurs.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Poursuite du bonheur »

La bande dessinée La Poursuite du bonheur de Cyril Bonin, inspirée du roman de Douglas Kennedy, s’impose comme une œuvre à la fois riche et émouvante, un véritable hommage au New York des années 1940 et 1950. Dans cette adaptation ambitieuse, Cyril Bonin réussit à capter l’âme d’une époque où l’amour et la politique s’entrechoquent violemment.

L’histoire suit Sara Smythe, une journaliste dont la rencontre avec Jack Malone bouleverse l’équilibre fragile de sa vie. Leur relation devient le théâtre d’une lutte entre passion et devoir, où chaque choix laisse des traces indélébiles. Le talent de Cyril Bonin réside dans sa capacité à condenser une intrigue dense en une narration visuelle fluide, soutenue par un dessin précis et empreint de poésie.

extrait bd La Poursuite du bonheur

Les tons pastel et l’élégance des lignes évoquent le charme des films classiques, tandis que le découpage des cases guide le lecteur avec une aisance remarquable. Chaque personnage est doté d’une profondeur psychologique palpable, et leurs dilemmes trouvent une résonance universelle.

Ce qui frappe, c’est la manière dont l’auteur traduit la tension sociale et intime d’une époque révolue tout en la rendant incroyablement actuelle. En combinant l’introspection des sentiments humains à une critique subtile des dérives politiques, Cyril Bonin livre une œuvre qui, bien qu’épurée dans sa forme, est d’une densité impressionnante.

La Poursuite du bonheur est un voyage graphique et narratif d’une rare justesse, un album qui laisse une empreinte durable dans l’esprit du lecteur.

Héros – Tome 1 – Le Réveil

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Sarbacane.


D’après le roman de Benoît Minville publié le 1 octobre 2018.

couverture bd Héros - Tome 1 - Le Réveil

Trois potes contre les forces occultes !

Ils grandissent au pied du Morvan, entre ville et village. Matéo, diamant à l’oreille, Richard, la tête rentrée dans les épaules, et l’inénarrable, intarissable, insupportable José, duvet au menton et hygiène douteuse.

Leur passion : la légendaire BD Héros, dont ils attendent chaque mois le nouveau numéro. Leur rêve : publier un jour leur propre série, inspirée de cet univers fascinant et occulte qui domine les records de ventes.

Après tout, la série a bien été créée dans leur région, il y a plus de 80 ans : alors, pourquoi pas eux ?

Mais un soir, alors qu’ils planchent dans leur Q.G., un homme apparaît comme par magie, blessé à mort. Juste avant de s’effondrer, il tend à Richard une étrange fiole… une fiole dont le contenu vibre et scintille, comme s’il était vivant.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Héros – Tome 1 – Le Réveil »

Avec Héros – Tome 1 : Le Réveil, Marc Garreta et Albert Torner nous invitent à découvrir une œuvre subtilement équilibrée entre la fantaisie et la réalité sociale.
Dans le cadre rural du Morvan, trois adolescents – Matéo, Richard et José – voient leur quotidien bouleversé lorsqu’un inconnu blessé leur confie une mystérieuse fiole avant de mourir. Ce point de départ ouvre les portes à un récit à la fois intense et profondément humain.

Le tour de force de cette bande dessinée réside dans l’attention portée à la caractérisation des personnages. L’amitié des trois protagonistes est dépeinte avec une sincérité touchante, renforcée par des dialogues authentiques qui font écho aux préoccupations des adolescents d’aujourd’hui. Ce réalisme contraste habilement avec les touches surnaturelles du scénario, conférant au récit une profondeur émotionnelle.

extrait bd Héros - Tome 1 - Le Réveil

Les auteurs ancrent leur histoire dans un contexte social réaliste, abordant des thématiques telles que la précarité et les rêves contrariés. Ce traitement confère une richesse supplémentaire à l’œuvre, invitant le lecteur à une double lecture : celle de l’action et celle de la réflexion.

Visuellement, les illustrations marquent par leur dynamisme et leur capacité à capturer tant les atmosphères intimistes que les moments de tension. Héros – Tome 1 : Le Réveil s’impose comme une entrée prometteuse dans une série qui saura, sans doute, séduire et interpeller.

Le Diffamé

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Nouveau Monde.


D’après le roman de Thierry Joumard Des Achards publié le 21 aout 2024.

couverture bd Le Diffamé

1446, alors que la guerre de Cent ans tourne en faveur du roi de France, le jeune Audouin V assiste aux funérailles de son oncle et parrain assassiné, Audouin IV Joumard « le Diffamé ».

La charge est lourde pour le jeune homme qui hérite d’un domaine, d’un château, d’un titre, mais aussi d’un prénom lié à une histoire sinistre. Audouin IV s’est, en effet, élevé contre le roi de France, Charles VII.

Il a trahi sa parole et le puissant souverain, en retour, lui a infligé une terrible punition : la diffamation. Si l’homme peut garder richesses et château, ses armes et blasons lui sont retirées.

Dans le monde féodal, sans honneur, il n’est alors plus rien. Le jeune Audouin doit relever, sur les champs de bataille, l’honneur de sa famille.

Quand il apprend que son oncle est mort assassiné, que plusieurs de ses compagnons de rapines subissent le même sort, il décide de mener l’enquête et de punir le coupable. Il ne se doute pas que la recherche de la vérité va le mener dans les tréfonds de l’âme noire et tourmentée de son oncle.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Diffamé »

« Le Diffamé » de Bruno Fermier, magnifiquement illustré par Olivier Pâques, s’impose comme une œuvre d’exception dans l’univers de la bande dessinée historique.
En mêlant une intrigue palpitante à une reconstitution méticuleuse de la fin du Moyen Âge, cet album plonge le lecteur dans une période fascinante et troublée de l’Histoire.

Le récit captivant d’Audouin V Joumard des Achards, jeune seigneur déterminé à laver l’honneur familial après l’assassinat de son oncle déshonoré, brille par sa densité et sa finesse. Bruno Fermier réussit le tour de force de maintenir un équilibre entre les enjeux personnels et les tensions politiques de l’époque, tout en insufflant à ses dialogues une authenticité linguistique remarquable. Le vieux français, intégré par touches, renforce l’immersion sans alourdir la lecture.

Les dessins d’Olivier Pâques ajoutent une dimension visuelle saisissante. Les batailles, les paysages périgourdins et les scènes de la vie quotidienne sont magnifiquement détaillés, transportant le lecteur dans ce XVe siècle. Bien que certaines expressions faciales manquent parfois de précision, cela n’amoindrit pas la qualité générale du travail graphique, sublimé par des couleurs directes.

Enfin, le dossier historique inclus complète habilement l’histoire principale, enrichissant l’expérience et ravissant les passionnés d’Histoire. « Le Diffamé » est une œuvre pour les amateurs de bandes dessinées et d’intrigues historiques. Une lecture vibrante et érudite qui résonne longtemps après avoir tourné la dernière page.

Elle s’appelait Sarah

Albums publiés en 2007 aux éditions Marabout.


Résumé éditeur

Adaptation du roman de Tatiana de Rosnay publié pour la première fois en 2007.

Deux histoires se déroulent en parallèle : celle de Julia américaine qui vit à Paris, en 2000, avec son mari Bertrand et sa fille Zoë et celle de Sarah déportée avec son père et sa mère, en 1942 lors de la rafle du Vel’ D’Hiv’. Les deux récits se rejoignent malgré les années qui les séparent.

couverture bd Elle s'appelait Sarah

Paris, juillet 1942 : Sarah, une fillette de dix ans qui porte l’étoile jaune, est arrêtée avec ses parents par la police française, au milieu de la nuit. Paniquée, elle met son petit frère à l’abri en lui promettant de revenir le libérer dès que possible.
Paris, mai 2002 : Julia Jarmond, une journaliste américaine mariée à un Français, doit couvrir la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv.

Soixante ans après, son chemin va croiser celui de Sarah, et sa vie va changer à jamais.
Elle s’appelait Sarah, est l’histoire de deux familles que lie un terrible secret, c’est aussi l’évocation d’une des pages les plus sombres de l’Occupation.

Le roman de Tatiana de Rosnay est porté par le souffle de Pascal Bresson et revit sous la délicatesse des dessins de Horne.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Elle s’appelait Sarah »

« Elle s’appelait Sarah« , adaptée du roman de Tatiana de Rosnay, est une œuvre graphique puissante qui transcende les époques pour évoquer la tragédie de la rafle du Vél d’Hiv.

Pascal Bresson, au scénario, et Horne, à l’illustration, forment un duo harmonieux qui réussit à capturer la profondeur émotionnelle et historique du récit original.

Le récit, divisé entre les années 1942 et 2002, juxtapose la douleur d’une enfant juive, Sarah, arrachée à sa famille, et la quête de vérité d’une journaliste américaine, Julia Jarmond, soixante ans plus tard. Cette structure narrative parallèle, magistralement mise en page, souligne la persistance des blessures du passé et leur résonance dans le présent.

Les dessins de Horne sont délicats et expressifs, offrant une visualisation poignante des événements traumatiques. Les scènes de la rafle sont particulièrement marquantes, empreintes de réalisme et d’émotion, rendant hommage aux victimes avec une sensibilité remarquable.

Pascal Bresson réussit à adapter le texte de manière fluide, préservant l’intensité dramatique et la profondeur des personnages. L’œuvre ne se contente pas de narrer l’horreur, elle incite à la réflexion sur la mémoire et l’importance de transmettre l’histoire.

« Elle s’appelait Sarah » est une bande dessinée émouvante, qui conjugue avec brio histoire et émotion.

Une lecture incontournable pour les amateurs de romans graphiques historiques.