Les Mémoires de la Shoah

Album publié en 2025 aux Editions Dupuis.


1942, descente des nazis dans le ghetto de Kovno, en Pologne : son nouveau-né dans les bras, une jeune femme regarde autour d’elle, hagarde.


Bessie K : « Je tenais le bébé, et j’ai pris mon manteau, et j’ai emballé le bébé, je l’ai mis sur mon côté gauche car je voyais les Allemands dire « gauche » ou « droite », et je suis passée au travers avec le bébé. Mais le bébé manquait d’air et a commencé à s’étouffer et à pleurer. Alors l’Allemand m’a rappelée, il a dit : « Qu’est-ce que vous avez là ? » Je ne savais pas quoi faire parce que cela allait vite et tout était arrivé si soudainement. Je n’y étais pas préparée (…) Il a tendu son bras pour que je lui tende le paquet ; et je lui ai tendu le paquet. Et c’est la dernière fois que j’ai eu le paquet. »

C’est l’un des nombreux témoignages de survivants des camps de la mort recueillis par Annick Cojean, grand reporter au Monde depuis plus de quarante ans. Elle reçoit en 1996 le prix Albert Londres pour Les Mémoires de la Shoah. Ces textes magnifiques prennent une nouvelle dimension aujourd’hui avec cette adaptation en bande dessinée de Théa Rojzman et Tamia Baudoin.

Une adaptation sensible des textes d’Annick Cojean en partenariat exclusif avec le Prix Albert Londres et le Mémorial de la Shoah.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Mémoires de la Shoah »

Publié pour le 80ᵉ anniversaire de la découverte des camps de concentration, Les Mémoires de la Shoah adapte les reportages d’Annick Cojean parus en 1995 dans Le Monde, couronnés par le prix Albert-Londres. Théa Rojzman signe un scénario d’une rigueur journalistique, fidèle aux témoignages des rescapés et à l’enquête universitaire sur la transmission du traumatisme.

La narration tisse les voix des survivants – à l’instar de Bessie K. évoquant la perte de son bébé dans le ghetto de Kovno – et celles de leurs descendants. Théa Rojzman explore la complexité du devoir de mémoire : le silence obstiné de certains rescapés, la culpabilité des héritiers, mais aussi l’ouverture fragile vers la parole. Chaque séquence construit un pont entre générations, révélant la permanence de l’horreur et l’urgence de la mémoire.

Le dessin de Tamia Baudouin déploie une palette ocre et évanescente, économe en images-chocs, préférant les métaphores – comme la forêt d’arbres nus où surgissent les témoins – pour cerner l’indicible. La composition joue sur les vides et les retours en arrière, soulignant la persistance des traumas.

Au terme de cette lecture , l’album s’impose comme un outil de réflexion sur la transmission historique. A découvrir.

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