Étiquette : RAF : frise

Les gens heureux lisent et boivent du café

Album publié en 2019 aux éditions Michel Lafon.


Résumé éditeur

D’après le roman d’ Agnès Martin-Lugand publiée le 25 décembre 2012.

couverture bd Les gens heureux lisent et boivent du café

Un roman graphique poignant sur le thème de la résilience adapté du roman d’Agnès Agnès Martin-Lugand par Véronique Grisseaux et Cécile Bidault.


Diane a perdu brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur qui continue de battre. Obstinément, douloureusement, Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. Afin d’échapper à son entourage qui l’enjoint de reprendre pied, elle décide de s’exiler en Irlande, seule.

Mais à fuir avec acharnement la vie, celle-ci finit par vous rattraper…

logo fnac

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les gens heureux lisent et boivent du café »

Adaptée du roman à succès d’Agnès Martin-Lugand paru en 2012, cette bande dessinée signée par la scénariste Véronique Grisseaux et la dessinatrice Cécile Bidault transforme avec justesse un récit littéraire en roman graphique. Publié aux éditions Michel Lafon en 2019, cet album de 126 pages explore avec délicatesse le parcours de Diane, jeune femme anéantie par la perte tragique de son mari et de sa fille dans un accident de voiture.

L’adaptation dépasse le simple résumé pour sonder la profondeur du processus de deuil et de reconstruction. Le choix de situer l’action entre Paris et l’Irlande, particulièrement dans le village de Mulranny, crée un contraste géographique et émotionnel qui souligne la quête identitaire de l’héroïne. 

extrait bd Les gens heureux lisent et boivent du café

Cécile Bidault, lauréate du Prix Artémisia Avenir 2018 pour « L’Écorce des choses », déploie un style artistique particulièrement adapté au récit. Ses illustrations montrent avec justesse le chagrin de la jeune femme et l’enthousiasme de ses nouveaux amis irlandais, créant un équilibre visuel entre mélancolie et espoir. La technique de l’artiste, formée à l’ENSAD en animation, apporte une fluidité cinématographique aux séquences.

Cette adaptation réussit le pari délicat de rendre accessible un roman intimiste tout en préservant sa dimension émotionnelle. Une réussite.

Les morts ont tous la même peau

Album publié en 2020 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Boris Vian publiée en février 1947.

couverture bd Les morts ont tous la même peau

« Entre donner les coups et les recevoir, je préférais les donner. »

Dan est un sang-mêlé. Autrement dit, un noir à peau blanche. Videur dans un bar de nuit à New York, il ne vit que pour Sheila, sa femme, et l’enfant qu’il a eu avec elle. Un enfant que la société acceptera parce que sa peau est blanche, contrairement à Dan, pour qui le secret de ses origines plane tel une épée de Damoclès.
Alors qu’il s’entiche subitement d’une prostituée noire et que l’irruption de son frère, Richard, menace de tout révéler, Dan voit sa vie basculer.
Lui qui, non sans remords, a tant voulu être un Blanc, ne serait-il au fond de lui-même qu’un « nègre » ?

À la manière de Chandler ou Hadley Chase, Boris Vian – alias Vernon Sullivan – donne libre cours à la violence et l’érotisme pour explorer la folie intérieure d’un homme qui ne se reconnaît plus.

logo fnac

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les morts ont tous la même peau »

Une Descente aux Enfers Saisissante dans l’Amérique Ségrégationniste.
« Les morts ont tous la même peau » nous plonge dans les abysses psychologiques d’un homme déchiré par ses origines. Cette adaptation du roman de Boris Vian, écrit sous le pseudonyme Vernon Sullivan en 1947, est magistralement orchestrée par Jean-David Morvan et mise en images par German Erramouspe et Mauro Vargas.

Dans le New York d’après-guerre, Dan Parker, videur dans un bar nocturne, vit dans la terreur que son secret soit révélé : sous sa peau blanche coule du sang noir. Lorsque son frère Richard menace de dévoiler ses origines, Dan s’engage dans une spirale autodestructrice où violence et pulsions sexuelles s’entremêlent. .

extrait bd Les morts ont tous la même peau

Le trait nerveux et réaliste de German Erramouspe et Mauro Vargas traduit parfaitement la tension permanente qui habite le protagoniste. Les visages expressifs, les scènes d’action percutantes et l’utilisation judicieuse de bichromies créent une ambiance suffocante qui colle parfaitement à l’univers de Boris Vian. La mise en page dynamique sert la narration, en particulier lors des passages les plus violents ou érotiques.

Cette adaptation réussit le pari audacieux de transposer en bande dessinée l’univers cru et sans concession de Vernon Sullivan/Boris Vian, tout en conservant son propos sur l’absurdité des préjugés raciaux. Un polar noir et intense, à recommander aux amateurs d’œuvres graphiques adultes qui ne reculent pas devant les représentations sans fard de la violence dans un contexte historique de ségrégation américaine.

L’homme qui plantait des arbres

Album publié aux éditions Bang en 2021.


Résumé éditeur


D’après la nouvelle de Jean Giono publiée pour la première fois le 15 mars 1954.

couverture bd L’homme qui plantait des arbres

En 1953, Jean Giono écrit L’homme qui plantait des arbres, une nouvelle qui deviendra très vite célèbre, et dont Giono cèdera les droits dans le but d’en faciliter la diffusion.

Le narrateur y raconte sa rencontre, en 1913, tout proche de Vergons, dans les Alpes de Haute-Provence, avec un berger, Elzéard Bouffier, qui consacre ses journées à la plantation de chênes, pour faire revivre cette terre désertique.
Cette histoire, fictive, a pourtant longtemps été considérée comme une histoire vraie. Ce qui prouve que ce que raconte Giono n’est pas une utopie, et que les événements retranscrits pourraient très bien se produire dans la réalité. Nous pouvons, toutes et tous, agir positivement sur le monde qui nous entoure, à condition d’en avoir le désir et la patience.

Sandra Hernández nous livre une magnifique adaptation de L’homme qui plantait des arbres, entre bande dessinée et album illustré, destinée aux enfants comme aux adultes et aux adolescents, à tous ceux qui rêvent parfois qu’on peut encore changer le monde.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’homme qui plantait des arbres »

Sandra Hernández livre une adaptation remarquable de la nouvelle de Jean Giono « L’homme qui plantait des arbres« , publiée chez Bang Ediciones en 2021. Cette illustratrice barcelonaise, diplômée de l’Escola Massana et lauréate du prix Junceda 2022 pour le meilleur cómic, transforme le récit écologiste de Jean Giono en une bande dessinée hybride, oscillant entre roman graphique et album illustré. L’œuvre raconte l’histoire d’Elzéard Bouffier, berger solitaire qui redonne vie aux terres arides de Haute-Provence en plantant inlassablement des arbres entre 1913 et 1947.

Sandra Hernández respecte l’esprit du texte original tout en exploitant pleinement les ressources narratives de la bande dessinée. Les thèmes centraux – l’écologie, la persévérance et la générosité désintéressée – trouvent une résonance particulière dans notre époque de crise climatique. L’autrice développe subtilement la psychologie d’Elzéard Bouffier, présentant un personnage dont la détermination silencieuse contraste avec l’agitation du monde extérieur. 
La représentation des deux guerres mondiales constitue un petit tour de force : Sandra Hernández synthétise ces tragédies en quelques case BD sombres qui contrastent avec le reste de la BD.

extrait bd L’homme qui plantait des arbres

Le style visuel de Sandra Hernández se distingue par son approche coloriste et sa technique proche du « style naïf », évoquant parfois le Douanier Rousseau. Cette esthétique simple soutient parfaitement le message universel de l’œuvre. La représentation de la nature évolue magistralement : des terres désolées initiales aux paysages luxuriants, chaque page témoigne de la transformation écologique. Les personnages acquièrent une dimension quasi-iconique qui renforce l’aspect fabuleux du récit.

Cette adaptation constitue un modèle du genre, démontrant comment une bande dessinée peut enrichir un texte littéraire sans le trahir. Sandra Hernández réussit le pari de s’adresser simultanément aux enfants et aux adultes, offrant une œuvre accessible mais jamais simpliste. Cette bande dessinée s’impose comme un manifeste écologique d’une actualité brûlante, porteur d’un message d’espoir indispensable.

Sherlock Holmes – L’Homme qui grimpait

Album publié en 2025 aux Editions Bang.


Adapté de la nouvelle de Arthur Conan Doyle (publié pour la première fois en mars 1923).

couverture bd Sherlock Holmes - L'Homme qui grimpait

Faut-il encore présenter Sherlock Holmes ? Incontestablement le détective le plus connu au monde, il est doté d’une logique implacable, d’une maîtrise de la science de la déduction et d’une observation quasi surnaturelle.
Cinquante-six histoires naîtront sous la plume de son créateur écossais, Conan Doyle, marquant à jamais le genre policier.

Dans L’homme qui grimpait (The Adventure of the Creeping Man), Sherlock Holmes et le Dr Watson enquêtent sur le comportement étrange d’un professeur renommé qui, malgré son âge avancé, s’adonne à certaines prouesses acrobatiques.
Les récents voyages en Bohême du professeur en seraient-ils la cause ?
Un sherlock Holmes peu connu et hilarant, surtout mis dans les mains d’Artur Laperla !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Sherlock Holmes – L’Homme qui grimpait »

L’Homme qui grimpait, publié chez Bang éditions dans la collection Bédéclassic en mai 2025, constitue l’adaptation en bande dessinée de « The Adventure of the Creeping Man » d’Arthur Conan Doyle par l’auteur barcelonais Artur Laperla. Cette nouvelle de 1923, l’une des moins connues de Sherlock Holmes, retrouve une seconde jeunesse sous le trait de cet artiste espagnol reconnu pour ses séries humoristiques comme Super Patate.

Artur Laperla démontre sa polyvalence en s’appropriant l’univers victorien de Sherlock Holmes avec une approche narrative équilibrée. L’intrigue, centrée sur les comportements étranges du professeur Presbury qui grimpe aux murs et provoque l’agressivité de son chien, conserve toute sa dimension psychologique originelle. L’auteur parvient à maintenir le suspense inhérent au texte d’Arthur Conan Doyle tout en insufflant une dimension visuelle dynamique qui revitalise cette enquête méconnue.

extrait bd Sherlock Holmes - L'Homme qui grimpait

Fort de sa formation en philosophie et en illustration à Barcelone, Artur Laperla développe un style graphique qui dépasse ses œuvres jeunesse habituelles. Son trait, habituellement coloré et fantaisiste dans Super Patate, s’adapte avec finesse à l’atmosphère plus sombre et contemplative de l’époque victorienne..

Cette adaptation de 72 pages est une réussite éditoriale qui séduira autant les néophytes du genre policier que les connaisseurs de l’œuvre d’Arthur Conan DoyleArtur Laperla offre une porte d’entrée accessible à l’univers de Sherlock Holmes tout en respectant l’esprit original de cette enquête atypique.

Et on tuera tous les affreux

Album publié en 2021 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Boris Vian publiée en juin 1948.

couverture bd Et on tuera tous les affreux

« Les gens sont tous très laids… Aussi je me suis construit une rue et j’ai fabriqué des jolis passants. Chez moi, c’est un slogan : on tuera tous les affreux. »

À Los Angeles, Rocky Bailey est un bellâtre, la coqueluche de ces demoiselles. Et pourtant, il se refuse obstinément à elles, désirant conserver sa virginité jusqu’à ses vingt ans.
Mais un soir, il est drogué et enlevé par le docteur Schutz qui tente de le forcer à réaliser une singulière expérience : faire l’amour à une magnifique jeune fille !
Incapable de s’y résoudre, Rocky décide ensuite de mener une enquête avec son nouvel ami Andy Sigman, chauffeur de taxi, sur le diabolique docteur Schutz et ses expériences suspectes…

À la différence des autres œuvres signées Vernon Sullivan, écrites dans le plus pur style des romans noirs américains de l’époque, Et on tuera tous les affreux est un pastiche burlesque, tour à tour angoissant et hilarant. Un cocktail détonnant de meurtres, de courses poursuites, d’expériences abominables et, au grand désespoir de Rocky, de filles…

logo fnac

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Et on tuera tous les affreux »

Quatrième adaptation des romans de Boris Vian signés Vernon Sullivan, « Et on tuera tous les affreux » (Glénat, 2021) nous plonge dans un Los Angeles fantasmé où Jean-David Morvan et Ignacio Noé transposent avec brio ce texte de 1948. Contrairement aux précédents opus davantage ancrés dans le noir américain classique, cette œuvre se distingue par son ton délicieusement burlesque.

Le récit suit Rocky Bailey, apollon refusant obstinément tout rapport charnel jusqu’à ses vingt ans, kidnappé par le docteur Schutz pour servir d’étalon dans son projet eugéniste visant à créer une société d’êtres parfaits. À travers cette intrigue déjantée mêlant courses-poursuites, expérimentations scientifiques douteuses et questionnements moraux, Boris Vian dénonçait avec prescience les dérives du culte de la beauté physique.

Le trait d’Ignacio Noé, maître argentin reconnu pour ses œuvres érotiques, apporte une dimension visuelle parfaitement adaptée à l’univers sulfureux de Vernon Sullivan. Son style sensuel magnifie les corps tout en servant brillamment la narration par des cadrages dynamiques et une mise en scène audacieuse qui n’édulcore jamais la dimension satirique du propos.

Cette adaptation réussie restitue l’esprit irrévérencieux et visionnaire de Boris Vian, transformant ce polar-fantastique en critique sociale jubilatoire. Une lecture recommandée aux amateurs de bandes dessinées adultes cherchant une œuvre à la fois intellectuellement stimulante et visuellement captivante.

1984 (Adapté par Frédéric Pontarolo)

Bande dessinée publiée en 2021 aux éditions Michel Lafon.


D’après le roman de George Orwell publié le 8 juin 1949.

L’adaptation en bande dessinée de 1984, le roman culte de George Orwell.

Londres, 1984, Winston Smith, employé au ministère de la Vérité, chargé de réécrire l’histoire afin qu’elle s’accorde avec la version offi cielle, tombe amoureux de Julia, rencontrée lors des Deux Minutes de la Haine.
Comment leur amour pourra-t-il exister dans un monde où les sentiments sont interdits et où les Télespions surveillent les individus sans relâche ?

Souriez Big Brother is watching you !



L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « 1984 »

Publiée en mai 2021 chez Michel Lafon, cette adaptation de 1984 par Frédéric Pontarolo profite de l’entrée du chef-d’œuvre de George Orwell dans le domaine public pour proposer une vision personnelle du roman dystopique. Diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg et lauréat de l’Alph’Art Graine de Pro en 1994, Frédéric Pontarolo s’empare du texte fondateur avec un scénario qui tranche avec les autres adaptations parues simultanément.

L’auteur fait le choix audacieux de présenter Winston Smith sous les traits d’un homme noir, décision originale qui s’inscrit logiquement dans un Londres futuriste cosmopolite. Cette adaptation se distingue par sa capacité à générer de l’émotion là où d’autres versions restent froides. Frédéric Pontarolo évite le « copier-coller » textuel en s’appropriant véritablement l’histoire d’Orwell, révélant progressivement l’univers totalitaire à travers le regard de Winston plutôt que par de longues descriptions liminaires. Le récit gagne ainsi en proximité psychologique, permettant au lecteur de s’attacher au protagoniste et de ressentir viscéralement l’oppression du régime de Big Brother.

Le trait de Frédéric Pontarolo, toujours sombre et linéaire, excelle dans la retranscription de la tension omniprésente qui caractérise l’univers de George Orwell . Sa palette chromatique, dominée par les nuances de gris et de marron avec de rares couleurs ternes, reflète parfaitement l’état psychologique de Winston et l’atmosphère désolante de cette société sous surveillance. Les choix esthétiques innovants enrichissent l’expérience : les maximes du Parti projetées par laser dans le ciel, la modernisation des hélicoptères de surveillance en « camespions »…

Cette version de 1984 réussit le pari difficile de surprendre même les lecteurs familiers du roman original. Frédéric Pontarolo livre une adaptation en 135 pages, complète et cohérente qui se suffit à elle-même, et qui respecte l’esprit du roman original. Recommandée aux lecteurs souhaitant redécouvrir 1984 sous un angle visuel contemporain.

J’irai cracher sur vos tombes

Album publié en 2020 aux éditions Glénat.


Résumé éditeur

D’après l’œuvre de Boris Vian publiée le 21 novembre 1946.

couverture bd J'irai cracher sur vos tombes

« J’avais toutes les filles les unes après les autres, mais c’était trop simple, un peu écœurant. »

Lee Anderson, vingt-six ans, fils d’une métisse, quitte sa ville natale après la mort de son frère noir, lynché parce qu’il était amoureux d’une blanche.
Il échoue à Buckton, petite ville du Sud des États-Unis où il devient gérant de librairie. Grand, bien bâti, payant volontiers à boire et musicien de blues émérite, Lee parvient sans mal à séduire la plupart des adolescentes du coin.
Auprès d’une petite bande locale en manque d’alcool mais très portée sur le sexe, il mène une vie de débauche. Sans toutefois perdre de vue son véritable objectif : venger la mort de son frère.

Bien éloigné des romans habituels de Boris Vian, ce récit est probablement le plus violent, le plus cru et en même temps le plus représentatif du style « Vernon Sullivan ». À travers une histoire âpre où la sexualité, violente, est omniprésente, Vian dénonce le racisme ambiant et la condition précaire des Noirs dans le Sud des États-Unis.

logo fnac

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « J’irai cracher sur vos tombes »

À l’occasion du centenaire de Boris Vian, Jean-David Morvan et ses complices graphiques (Rey Macutay, Rafael Ortiz et Scietronc) offrent une adaptation saisissante du plus sulfureux des romans signés Vernon Sullivan. Cette transposition en bande dessinée conserve toute la puissance subversive de l’œuvre originale publiée en 1947, qui avait fait scandale pour sa violence et son érotisme cru.

L’histoire de Lee Anderson, ce métis à la peau claire venu venger dans le Sud ségrégationniste américain son frère lynché pour avoir aimé une femme blanche, prend ici une dimension visuelle percutante.
Les dessinateurs parviennent à recréer l’atmosphère étouffante de Buckton, cette bourgade où Lee, devenu libraire et musicien de blues, séduit méthodiquement la jeunesse locale dans un tourbillon d’alcool et de débauche, tout en poursuivant implacablement sa vengeance.

extrait bd J'irai cracher sur vos tombes

Le trait sans concession, parfaitement maîtrisé, traduit admirablement la tension narrative et la brutalité latente du récit. La mise en scène dynamique modernise efficacement l’œuvre tout en respectant sa dénonciation du racisme et sa représentation sans filtre de la violence.

Cette adaptation réussit le pari difficile de transposer l’univers de Boris Vian/Vernon Sullivan sans en édulcorer ni la forme ni le fond. Une œuvre dérangeante, certes pas destinée à tous les publics, mais qui ravira les amateurs de romans graphiques puissants et les admirateurs de Boris Vian désireux de redécouvrir son versant le plus noir.

La Vengeance d’une femme

Album publié en 2009 aux éditions Emmanuel Proust.


Résumé éditeur

Adapté de la nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly publiée novembre 1874 (au sein du recueil Les Diaboliques).

couverture bd La Vengeance d'une femme

« … Elle avait combiné la transparence insidieuse des voiles et l’osé de la chair, avec le génie et le mauvais goût d’un libertinage atroce, car, qui ne le sait ? en libertinage, le mauvais goût est une puissance… »

Paris, XIXe, un dandy libertin est attiré par une femme d’une étrange beauté… Celle-ci lui avoue être en réalité une duchesse espagnole qui, en se prostituant, élabore la plus raffinée des vengeances.
Honneur, amour, châtiment, sont les thèmes de cette nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly extraite du recueil Les Diaboliques (1874), et qui devient, en bande dessinée, sous le trait sensuel du jeune dessinateur Lilao, un portrait de femme si moderne et si ambigu. Soit un roman graphique magnifique à la croisée du romantisme, du fantastique et du symbolisme décadent.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Vengeance d’une femme »

Fabrice Lilao, professeur d’arts plastiques titulaire d’une maîtrise sur le dandysme, signe avec La Vengeance d’une femme une adaptation remarquable de la célèbre nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly extraite des Diaboliques (1874). Cette bande dessinée de 92 pages, publiée en 2009 aux éditions Emmanuel Proust dans la collection Atmosphères, transpose avec intelligence l’univers sulfureux et romantique de l’auteur normand.

La BD explore les thèmes centraux de la nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly : la vengeance féminine, l’honneur bafoué et la déchéance volontaire comme arme de destruction sociale. Fabrice Lilao préserve la substantifique moelle narrative en conservant l’esprit comme la lettre de l’œuvre originale, tout en effectuant des coupes judicieuses pour adapter le texte au medium graphique. La duchesse d’Arcos de Sierra Leone, prostituée par choix vengeur, conserve toute sa complexité psychologique dans cette transposition visuelle.

extrait bd La Vengeance d'une femme

Le choix esthétique du noir et blanc s’avère pertinent pour restituer l’atmosphère mélancolique et sombre de cette histoire tragique. Les cases immenses permettent une lecture fluide tandis que l’imagerie très XIXe siècle colle parfaitement à l’époque romantique évoquée. Le trait de Fabrice Lilao capture la sensualité et la noblesse déchue des personnages.

Cette adaptation constitue un pont réussi entre littérature classique et bande dessinée contemporaine, permettant aux lecteurs découvrant Jules Barbey d’Aurevilly un accès privilégié à son univers. A noter : l’inclusion du texte intégral en fin d’ouvrage.

How I live Now – Maintenant, c’est ma vie

Bande dessinée publiée en 2021 aux éditions Glénat.


D’après le roman de Meg Rosoff  publié le 4 aout 2004.

couverture bd How I live Now

Hors du temps, loin du monde.

Elisabeth préfère qu’on l’appelle Daisy. Au prétexte de la guerre qui s’annonce, cette new-yorkaise de 15 ans en conflit avec son père et sa nouvelle compagne est envoyée au fin fond de la campagne anglaise, chez une tante et des cousins qu’elle ne connait pas. Edmond, Piper, Tante Penn, Isaac et Osbert l’accueillent avec une gentillesse désarmante et ce nouveau cadre familial déstabilise Daisy avant de la charmer, lui faisant presque oublier la mort de sa mère…
Et, surtout, il y a l’amour naissant entre elle et Edmond. Cette bulle presque rêvée prend fin brutalement à l’apparition d’une guerre que l’on ne voit pas, mais dont l’écho transforme leur vie en chaos. Daisy n’aura alors de cesse de retrouver sa nouvelle famille, et son Edmond.

Récit transpirant la tendresse et l’affection portée à cette période qu’est l’adolescence, How I live Now est une aventure sensible et humaine. Adaptation du livre éponyme de Meg Rosoff déjà transposé au cinéma, elle évoque en bande dessinée le travail de Charles Forsman (The End of the F***ing World ou I am not okay with this) et s’habille d’une douce mélancolie qui provoque autant l’apaisement que le désarroi.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « How I live Now »

Adaptation sensible du roman de Meg Rosoff, « How I Live Now » nous plonge dans l’univers de Daisy, une adolescente new-yorkaise de 15 ans envoyée en Angleterre chez une tante et des cousins qu’elle ne connaît pas, alors qu’une guerre mondiale menace.

Lylian signe un scénario d’une remarquable justesse psychologique, capturant le passage brutal de l’adolescence à l’âge adulte dans un contexte apocalyptique. Le récit oscille habilement entre la douceur des premiers émois amoureux de Daisy pour son cousin Edmond et l’horreur d’un monde qui s’effondre autour d’eux. Cette tension narrative confère à l’œuvre une profondeur rare.

extrait bd How I live Now

Le trait délicat de Christine Circosta s’avère parfaitement adapté à cette histoire sensible. Sa palette chromatique évolue subtilement, passant des teintes lumineuses et chaleureuses du cocon familial aux tons plus sombres quand la réalité de la guerre s’impose. Chaque planche respire cette « douce mélancolie » qui caractérise l’ensemble de l’album.

Cette bande dessinée touchante séduira les lecteurs en quête d’émotions authentiques, notamment les adolescents et jeunes adultes sensibles aux récits initiatiques. Une réussite qui parvient à parler de guerre et d’amour avec la même intensité.

Le joueur d’échecs

Album publié en 2017 aux Editions Casterman.


Adapté du roman de Stefan Zweig (publié pour la première fois le 7 décembre 1942).

Les premiers pas furent un fiasco, je n’arrêtais pas de m’embrouiller, cinq, dix, vingt fois, je dus reprendre le début de la partie. Mais j’avais tout mon temps…
Moi, l’esclave du néant…


1941. Dans les salons feutrés d’un paquebot en route pour l’Argentine, le champion du monde d’échecs affronte lors d’une ultime partie un aristocrate viennois, dont l’incroyable maîtrise du jeu est née dans l’antre de la tyrannie.
Cette dénonciation poignante et désespérée de la barbarie nazie est le dernier texte écrit par Stefan Zweig avant son suicide.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le joueur d’échecs »

Publié chez Casterman en octobre 2017, Le Joueur d’échecs de David Sala constitue une adaptation de la dernière nouvelle de Stefan Zweig, écrite en 1942 juste avant le suicide de l’auteur autrichien. Cette œuvre transpose avec l’ultime cri d’alarme de Stefan Zweig contre la barbarie nazie dans l’univers de la bande dessinée contemporaine.

L’adaptation de David Sala respecte fidèlement la structure narrative complexe de Stefan Zweig, articulant la confrontation entre Czentovic, champion du monde d’échecs brutal et ignorant, et Monsieur B., aristocrate viennois dont la maîtrise exceptionnelle du jeu naît de son emprisonnement par la Gestapo. 
David Sala parvient à retranscrire la dimension psychanalytique du récit original, explorant avec finesse les mécanismes de résistance intellectuelle face à l’isolement et à la torture psychologique. La folie progressive de Monsieur B. trouve une traduction visuelle particulièrement saisissante dans les séquences où les pièces d’échecs envahissent littéralement l’espace graphique.

David Sala, formé à l’École Émile Cohl, déploie dans cette adaptation une technique d’aquarelle inspirée des maîtres viennois Gustav Klimt et Egon Schiele. Ses grands aplats de couleurs évoquent l’univers des post-impressionnistes Nabis, tandis que ses détails géométriques et floraux rappellent l’esthétique de la Sécession viennoise
Cette approche stylistique n’est pas fortuite : elle constitue un hommage délibéré à ce que les nazis qualifiaient d’« art dégénéré », transformant chaque planche en acte de résistance culturelle. La mise en page joue magistralement avec la temporalité, alternant entre de petites cases répétitives pour figurer l’obsession et de grandes compositions contemplatives.

Cette adaptation dépasse le simple exercice d’illustration pour proposer une véritable réappropriation artistique du chef-d’œuvre de de Stefan ZweigDavid Sala réussit le tour de force de traduire visuellement l’angoisse existentielle et la résistance psychologique sans trahir la subtilité du texte original. Une belle bande dessinée pour les amateurs d’adaptations littéraires et fan de Stefan Zweig.