D’après le roman d’Erri De Luca publiée le 24 mars 2009.
Nous sommes à Naples, dans l’immédiat après-guerre. Un jeune orphelin, vit sous la protection du concierge, Don Gaetano. Il passe du temps avec lui, pour parler des années de guerre et de la libération de la ville par les Napolitains. Mais Don Gaetano possède un autre don : il lit dans les pensées des gens, et il sait par conséquent que son jeune protégé reste hanté par l’image d’une jeune fille entraperçue un jour derrière une vitre, par hasard, lors d’une partie de football dans la cour de l’immeuble. Quand la jeune fille revient des années plus tard, le narrateur aura plus que jamais besoin de l’aide de Don Gaetano… Didier Tronchet adapte le roman d’Erri De Luca en une bande dessinée fluide et poétique, tandis que Christian Durieux recrée la cour de l’immeuble en un petit théâtre d’ombres et de lumières qui donne à cette fable une touche de merveilleux, avec un dessin élégant et mélancolique.
La bd « Le jour avant le bonheur » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le jour avant le bonheur »
Adapté de l’œuvre de Alexandre Dumas(publiée pour la première fois le 14 juillet 1844).
Quand le jeune d’Artagnan quitte sa Gascogne natale pour Paris, il n’a qu’un rêve en tête : devenir mousquetaire. En chemin, son caractère fougueux va attirer sur lui les foudres des gardes du Cardinal de Richelieu, lui permettre de se lier d’amitié avec trois de ses glorieux aînés, Athos, Porthos et Aramis, et même de croiser l’amour en la personne de Constance, lingère de la Reine… Mais il est loin de se douter que ces rencontres l’amèneront à se rendre jusqu’à Londres, afin de déjouer un complot qui pourrait mettre la France en péril ! Un pour tous, et tous pour un ! Retrouvez les grands classiques de la littérature en version Manga !
La bd « Les Trois Mousquetaires » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Trois Mousquetaires »
L’adaptation manga des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas par le duo japonais Russkey (Takanori Aoyama et Masanobu Funato) aux éditions Nobi Nobi constitue une réussite dans la collection « Les Classiques en Manga ». Cette œuvre de 263 pages parvient à condenser l’épopée de d’Artagnan tout en préservant l’essence du roman original.
Russkey capture parfaitement l’esprit d’aventure et la dynamique fraternelle du quatuor légendaire. L’intrigue, bien que condensée, préserve les éléments essentiels : l’arrivée du fougueux Gascon à Paris, sa rencontre avec Athos, Porthos et Aramis, et l’affaire des ferrets de la Reine. Les personnages conservent leur caractérisation psychologique tout en bénéficiant d’un design manga accessible qui séduira un public jeune.
Le style visuel de Russkey excelle dans la représentation des duels spectaculaires et des décors d’époque. Les planches déploient un dynamisme digne des meilleurs mangas actuels, avec des personnages aux traits lisses et expressifs qui servent parfaitement cette fresque du XVIIe siècle.
Cette adaptation constitue une porte d’entrée idéale vers l’œuvre d’Alexandre Dumas, alliant fidélité narrative et modernité graphique. Elle séduira autant les amateurs de manga que les néophytes désireux de redécouvrir ce classique intemporel
D’après le roman de Laurent Seksik publiée le 6 janvier 2010.
Le 22 février 1942, exilé à Petropolis au Brésil, l’écrivain autrichien Stefan Zweig se suicide avec son épouse, Lotte. Le désespoir a eu raison du grand humaniste, acteur essentiel de la littérature européenne et témoin majeur de la première partie du XXe siècle. En 2010, conjuguant réel et fiction, le roman de Laurent Seksik revisitait les six derniers mois de la vie du couple, entre nostalgie des fastes de Vienne et appel des ténèbres. Passés successivement par l’Angleterre et les États-Unis après avoir fui l’Autriche, Stefan et Lotte avaient cru fouler au Brésil une terre porteuse d’avenir. Mais c’était sans compter avec l’épouvante de la guerre. L’évocation romanesque de l’exil brésilien des Zweig, de septembre 1941 à février 1942, devient une bande dessinée, magnifiée par le dessin intense de Guillaume Sorel. Laurent Seksik en a personnellement réalisé l’adaptation.
La bd « Les Derniers Jours de Stefan Zweig » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Derniers Jours de Stefan Zweig »
Les Derniers Jours de Stefan Zweig, adaptation de Laurent Seksik et Guillaume Sorel parue chez Casterman en 2012, transforme le roman homonyme en une BD exceptionnelle. Cette bande dessinée retrace les six derniers mois de l’écrivain autrichien en exil brésilien, de septembre 1941 à février 1942, jusqu’à son suicide tragique avec son épouse Lotte.
Laurent Seksik évite intelligemment les longues phrases de récit pour privilégier au maximum les dialogues, contournant ainsi le piège classique des adaptations littéraires. Le scénariste restitue avec finesse la psychologie torturée de Zweig, cet humaniste pacifiste confronté à l’effondrement de l’Europe civilisée et rongé par la culpabilité du survivant.
L’intrigue se déroule comme une lente marche funèbre vers l’inexorable, explorant la dépression profonde de l’écrivain face aux nouvelles terrifiantes du génocide européen. Les auteurs jouent subtilement sur les contrastes entre l’Europe chaotique et le Brésil paisible, entre le désespoir de Stefan et la vitalité de Lotte malgré son asthme sévère.
Guillaume Sorel déploie un style romantique tout à fait adéquat, développant de grandes planches aux aquarelles à la fois puissantes et subtiles. Sa technique mêlant aquarelle, encre de Chine et de couleur sublime les paysages brésiliens.
Le dessinateur parvient à rendre avec délicatesse tout l’amour et la tendresse qui unissent les époux jusqu’à leur fin tragique. Son graphisme élégant et émouvant porte véritablement le récit grâce à une mise en couleurs nuancée, conférant une intensité palpable au propos.
Cette adaptation constitue une belle bande dessinée romanesque qui trouve le juste équilibre entre un beau texte et une narration graphique qui a du sens. Puissante et magnifique.
D’après le roman d’ Maud Ankaoua publiée le 13 juillet 2016.
Maëlle, célibataire et brillante directrice financière d’une start-up en pleine expansion, ne vit que pour son travail. Quand sa meilleure amie lui demande un service qu’elle ne peut refuser, son quotidien bascule et, contre toute attente, elle part pour le Népal, en quête d’une mystérieuse méthode de guérison. L’ascension des Annapurnas sera le début d’un voyage initiatique qui s’avèrera riche d’enseignements, de rencontres marquantes et bouleversera en profondeur la vie de Maëlle. Mathilde Ducrest magnifie, par sa maîtrise de la narration dessinée, Kilomètre zéro, le roman best-seller de Maud Ankaoua.
La bd « Kilomètre zéro » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Kilomètre zéro »
Mathilde Ducrest magnifie l’œuvre littéraire de Maud Ankaoua dans une adaptation qui dépasse le simple transfert d’un roman à une BD pour devenir une expérience visuelle authentique, profonde et émouvante.
Publié chez Casterman en mai 2025, ce roman graphique de 152 pages adapte le best-seller de Maud Ankaoua paru initialement en 2016. L’histoire suit Maëlle, brillante directrice financière d’une start-up, qui accepte à contrecœur de partir au Népal pour rendre service à son amie Romane gravement malade. Ce qui devait être une simple mission se transforme en parcours initiatique au cœur de l’Annapurna, où la jeune femme découvre progressivement les clés d’un bonheur authentique.
La BD puise sa force dans son ancrage autobiographique : Maud Ankaoua s’est elle-même rendue au Népal en 2010 après avoir vendu sa société, épuisée par des années d’hyperactivité professionnelle. Cette expérience personnelle de cinq semaines dans l’Himalaya constitue la matrice du récit, conférant une authenticité aux enseignements dispensés par Shanti, le guide spirituel népalais.
L’auteure transforme son cheminement personnel en une fiction qui explore les thèmes du dépassement de soi, de la reconnexion à l’instant présent, et de la quête de sens dans nos sociétés occidentales hyperconnectées. Maëlle incarne parfaitement cette génération de cadres supérieurs performants mais déconnectés de leurs émotions, qui découvrent progressivement l’importance du lâcher-prise et de la contemplation.
Révélée par son premier roman graphique Fragile (2024), Mathilde Ducrest déploie ici une technique picturale qui puise ses influences dans le mouvement des peintres nabis, notamment Félix Vallotton. Comme les nabis, Mathilde Ducrest privilégie l’usage de couleurs franches qui créent immédiatement une ambiance et portent un langage expressif.
L’artiste excelle dans la représentation des paysages himalayens, où ses couleurs plus chaleureuses que toniques et ses planches oniriques transforment le décor en véritable acteur narratif.
L’oiseau bleu récurrent dans les planches constitue un élément symbolique particulièrement réussi. Évoquant à la fois la liberté universelle et l’immensité du ciel népalais, il rappelle également l’enfance de l’artiste et l’espoir indestructible du personnage de Penny dans Bernard et Bianca.
La palette chromatique suit l’évolution intérieure de Maëlle : des tons urbains froids de sa vie parisienne aux couleurs chaudes et lumineuses des montagnes népalaises, créant visuellement la transformation psychologique du personnage.
L’adaptation réussit à préserver l’essence du message original tout en l’enrichissant d’une dimension visuelle inédite. Les enseignements de Shanti sur la gestion des priorités, le pouvoir des pensées positives, et l’importance de vivre dans l’instant présent trouvent dans le dessin de Mathilde Ducrest une traduction graphique particulièrement éloquente.
« Kilomètre zéro » constitue une adaptation qui honore parfaitement le roman source. Mathilde Ducrest signe ici une œuvre mature qui confirme son talent prometteur et offre aux lecteurs une véritable bouffée d’air pur.
Adapté du conte de Selma Lagerlöf (publié pour la première fois le 29 novembre 1906).
Nils est un vilain garnement qui préfère jouer des tours et embêter les animaux plutôt que d’étudier sagement. Un jour qu’il s’en prend à un minuscule lutin vivant chez lui, le voilà réduit à la même taille que celui-ci ! Il ne peut alors pas empêcher Martin, le jars de la ferme, de s’envoler avec les oies sauvages… Le jeune garçon va donc l’accompagner malgré lui pour un fabuleux voyage à travers la Suède, à la découverte de la nature et de nouveaux amis. Mais Nils pourra-t-il rentrer chez lui pour que tout redevienne comme avant ?
La bd « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson »
Cette adaptation manga du célèbre roman de Selma Lagerlöf réussit le pari délicat de transposer un classique de la littérature suédoise dans un format contemporain.
Nori Ichikawa, l’auteur de ce manga, préserve l’essence narrative du voyage initiatique de Nils, ce garnement transformé en lutin qui découvre l’empathie à travers son périple aérien avec les oies sauvages. L’adaptation condense intelligemment les thèmes fondamentaux : la rédemption par l’épreuve, le respect de la nature et la découverte de soi. La transformation psychologique du protagoniste, d’enfant égoïste à être altruiste, conserve toute sa portée émotionnelle.
Le style graphique de Ichikawa, un peu « rondouillard », s’avère parfaitement adapté au récit. Les personnages, qu’ils soient humains ou animaux, rayonnent d’expressivité et de charisme, créant une proximité immédiate avec le lecteur. Cette approche visuelle douce accompagne la dimension contemplative du voyage à travers les paysages suédois.
Publié chez Nobi Nobi dans la collection « Les classiques en manga », cet ouvrage réussit à rendre accessible un patrimoine littéraire nordique tout en préservant sa dimension éducative et poétique. Une lecture recommandée pour découvrir ou redécouvrir ce bijou de la littérature suèdoise.
Adapté du roman de Pierre Mac Orlan (publié pour la première fois en mai 1921).
Pierre Mac Orlan a près de quarante ans quand il écrit « La Cavalière Elsa ». Dès sa sortie en 1921, ce roman est immédiatement reconnu et obtient le prix littéraire de la renaissance. Renaissance, c’est aussi celle des hommes encore sous le choc de la grande tuerie de 14-18. Cette blessure se ressent dans l’écriture de la Cavalière Elsa. Pierre Mac Orlan, ancien combattant puis reporter de la « der des ders », appréhende de façon prémonitoire des lendemains qui ne chanteront pas : l’ère des fascismes, qu’ils soient mussolinien, stalinien ou hitlérien. La cavalière Elsa est avant tout égérie instrumentalisée, symbole magnifié, une femme manipulée à des fins idéologiques.
Afin de permettre à un large public d’accéder à cette œuvre littéraire, roman atypique de l’écrivain du « Quai des Brumes », l’Association TERROIRS, éditrice, a fait appel au trait affûté du dessinateur Jean CUBAUD qui a donné un visage à cette emblématique Cavalière. L’introduction, les « bonus » et les diverses notes et quadrichromies expliquent le contexte artistique et historique de ce roman. Cette édition, originale dans sa conception, devrait satisfaire aussi bien les amoureux de la littérature – l’adaptation reprend en grande partie le texte initial – que ceux de la bande dessinée.
La bd « La cavalière Elsa » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La cavalière Elsa »
Jean Cubaud livre avec La Cavalière Elsa une adaptation du roman visionnaire de Pierre Mac Orlan (1921), Prix de la Renaissance 1922. Cette bande dessinée de 2010 transpose avec fidélité l’univers sombre de ce précurseur de la politique-fiction, anticipant de onze ans Le Meilleur des mondes d’Huxley.
La BD explore avec une acuité troublante les mécanismes totalitaires naissants de l’après-Première Guerre mondiale. Elsa, jeune juive de Cologne transformée en icône révolutionnaire malgré elle, incarne cette « inquiétude européenne » que Pierre Mac Orlan souhaitait capturer. La trajectoire du personnage, perdant progressivement son identité pour se conformer à une légende orchestrée par des manipulateurs cyniques, résonne avec une modernité saisissante.
Jean Cubaud , fort de son expérience dans l’animation (Alix, Barbe-Rouge, Histoires du Père Castor), déploie un trait en noir et blanc d’une sobriété parfaitement adaptée à la gravité du propos. Son style graphique, épuré mais non dénué d’émotion, sert l’ironie grinçante de Pierre Mac Orlan et la métaphore théâtrale qui traverse le récit.
Cette édition, enrichie d’annexes documentaires, constitue une redécouverte salutaire d’un texte prophétique. Une œuvre essentielle pour les amateurs de bande dessinée littéraire et d’anticipation politique, témoignant de la pertinence intemporelle des intuitions de Pierre Mac Orlan sur les dérives autoritaires.
Adapté de l’œuvre de Friedrich Nietzsche(publiée pour la première fois en 1883).
Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tout le monde et personne. Nietzschea avoué après l’avoir écrite que cette œuvre eut une origine particulière, mystique et contemplative à travers deux «visions» qu’il eut en 1881 et 1883. Dans cette bande dessinée, Irkus tente de révéler ces images au lecteur. Une bande dessinée muette (Ainsi parlait) qui essaie de revenir aux sources de l’esprit de Nietzsche avant qu’il ne les traduise en mots. Le livre de Nietzsche est une sorte de Bible laïque aux valeurs antioccidentales, utilisant la figure réelle du prophète Zarathoustra en porte-paroles de ses propres idées. Il relate les successives “sorties” de Zarathoustra depuis sa retraite dans la montagne pour annoncer aux hommes ses découvertes. Le personnage délivre son message aux différentes femmes, hommes et créatures rencontrés le long du chemin et dont les idées principales sont: la mort de Dieu, le suhomme, la volonté de puissance, l’éternel retour…
Le style y est lyrique, plein de métaphores et de néologismes. C’est aussi une parodie des textes religieux, en particulier de la Bible et de ses formes rhétoriques et paraboliques. Nietzsche se dresse contre les dogmes philosophique et religieux et leurs valeurs sur Dieu, l’art, la littérature, l’érudition, la vertu, la culture, la poésie…
La bd « Dieu est mort (Ainsi parlait Zarathoustra) » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Dieu est mort (Ainsi parlait Zarathoustra) »
L’adaptation en bande dessinée de l’œuvre de Friedrich Nietzsche par Irkus Zeberio constitue un défi artistique. Publié en 2016 par les éditions Bang, ce livre de 204 pages propose une libre interprétation de « Ainsi parlait Zarathoustra« , transformant le texte philosophique en récit visuel …muet.
L’originalité de cette adaptation réside dans son caractère entièrement muet. Irkus Zeberio fait le choix audacieux de supprimer tout dialogue écrit pour revenir aux sources de l’esprit de Friedrich Nietzsche avant qu’il ne les traduise en mots. Cette démarche s’appuie sur les déclarations du philosophe lui-même, qui avait confié que son œuvre trouvait son origine dans deux « visions » mystiques et contemplatives survenues en 1881 et 1883. La première vision, celle de l’éternel retour, lui était venue lors d’une promenade au bord du lac de Silvaplana dans l’Engadine, « 6000 pieds au-dessus du niveau de la mer et bien plus haut encore au-dessus de toutes les choses humaines ».
L’artiste espagnol transforme ainsi la dimension lyrique et métaphorique du texte original en langage purement visuel, créant une bande dessinée muette qui essaie de révéler ces images au lecteur. Cette approche permet au lecteur de redécouvrir les thèmes fondamentaux de Friedrich Nietzsche– la mort de Dieu, le surhomme, la volonté de puissance, l’éternel retour – à travers une expérience contemplative inédite.
Irkus M. Zeberio, né en 1982 à Saint-Sébastien et formé à la prestigieuse école d’art Massana de Barcelone, développe dans cette œuvre un style graphique d’une richesse technique exceptionnelle. Reconnu comme un des acteurs les plus prolifiques de la scène espagnole actuelle, l’artiste navigue selon ses propres termes « sur les flots de la recherche sémantique, esthétique, et subversive ».
Son trait, qualifié d’extrêmement technique et complexe, ne révèle pas immédiatement sa sophistication. Cette approche soutient parfaitement l’ambition philosophique de l’œuvre, transformant les concepts abstraits nietzschéens en images saisissantes. Le choix de la bichromie renforce l’intensité dramatique du propos, créant un univers graphique qui épouse les contrastes de la pensée du philosophe allemand.
Le choix du format muet s’avère particulièrement pertinent pour une œuvre qui questionnait déjà les formes rhétoriques traditionnelles. Irkus M. Zeberio réussit ainsi à créer une parodie visuelle des textes religieux, notamment de la Bible, tout en préservant la dimension poétique et prophétique du Zarathoustra original.
Cette adaptation s’inscrit dans la ligne éditoriale de Bang, maison d’édition franco-espagnole fondée en 2004 à Barcelone. L’éditeur publie selon ses propres termes « des bandes dessinées que nous aimerions trouver en librairie ». Cette philosophie éditoriale correspond parfaitement à l’ambition de Irkus Zeberio : proposer une œuvre « graphiquement puissante, touchante, drôle ou originale » capable de toucher un large public.
« Dieu est mort (Ainsi parlait Zarathoustra) » d’Irkus Zeberio constitue une réussite artistique qui dépasse le simple exercice d’adaptation. L’auteur parvient à créer une œuvre qui dialogue avec le texte de Friedrich Nietzsche sans le trahir, offrant une expérience de lecture unique où l’image devient le vecteur privilégié de la réflexion philosophique. Cette bande dessinée s’adresse autant aux lecteurs familiers de Friedrich Nietzsche qu’à ceux désireux de découvrir sa pensée sous un angle inédit.
Album publié en 2006 aux éditions Emmanuel Proust.
Résumé éditeur
D’après l’œuvre de Paco Ignacio Taibo II publiée en novembre 1992 en France.
L’espionnage élevé au rang des beaux-arts !
Ciudad Juarez, 1923. L’acteur comique Stan Laurel assiste à l’assassinat de Pancho Villa.
New-York 1989. Alex, chef du » shit department » de la CIA, prépare un nouveau coup tordu à destination du Nicaragua. Quels liens étranges unissent ces deux époques faites de sang, de révolutions et de contre-révolutions ? Dans cet immense puzzle des manipulations humaines, deux journalistes, Greg et Julio, entrent en scène pour nous éclairer sur les dossiers secrets de l’Amérique latine.
La bd « A quatre mains – Tome 1 » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « A quatre mains – Tome 1 »
Amazing Améziane s’attaque à l’adaptation d’un monument de la littérature policière latino-américaine avec À quatre mains, le roman de Paco Ignacio Taibo II lauréat du prix Dashiell Hammett 1991. Ce premier tome révèle l’ampleur d’un projet ambitieux : transformer en bande dessinée une fresque géopolitique complexe qui entremêle un siècle de révolutions et de manipulations.
L’intrigue déploie avec virtuosité trois trames temporelles distinctes : l’assassinat de Pancho Villa en 1923 dont Stan Laurel est témoin, les opérations de désinformation de la CIA dans les années 1980, et l’enquête de deux journalistes contemporains, Greg et Julio. Cette narration éclatée, à la manière d’un Pulp Fiction, dessine progressivement un immense puzzle des dossiers secrets de l’Amérique latine.
Le trait d’Améziane démontre une intelligence graphique en adoptant des codes visuels spécifiques à chaque époque : tons ocre pour les séquences mexicaines de 1923, esthétique comics flashy pour les journalistes, bichromie caricaturale pour les scènes de la CIA. Cette fragmentation stylistique renforce la cohérence narrative en guidant intuitivement le lecteur dans les différentes périodes temporelles.
À quatre mains en BD : Une leçon de géopolitique servie par un dessinateur visionnaire qui ose surprendre.
D’après le roman de Jeanne-A Debats publiée le 5 juin 2008.
Un thriller abyssal !
Des scientifiques ont mis au point la transmnèse : le transfert de l’esprit dans un nouveau corps. Lorsque Ann Kelvin, mourante, se voit proposer la possibilité de migrer dans un grand cachalot, elle n’hésite pas longtemps. Cette éco-activiste qui place ses idéaux au-delà de sa propre vie espère ainsi sauver des espèces maritimes menacées par la pêche et la chasse en inoculant un virus hautement transmissible aux cétacés. Épidémie bénigne pour les baleines, mais pandémie aux effets secondaires délétères pour l’espèce humaine qui continuerait d’en consommer.
Des profondeurs abyssales à l’immensité spectaculaire des eaux glacées de l’Antarctique, Ann va faire de nombreuses et dangereuses rencontres. Mais le plus redoutable des prédateurs reste l’Homme : des privilégiés ont détourné la transmnèse à leur profit…
La bd « La Vieille Anglaise et le Continent » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Vieille Anglaise et le Continent »
Adaptée du roman primé de Jeanne-A Debats, qui avait reçu quatre prestigieux prix de science-fiction français en 2008 (Prix Julia Verlanger, Prix Rosny Aîné, Grand Prix de l’Imaginaire et Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française), cette bande dessinée de Valérie Mangin et Stefano Martino constitue une réussite dans l’adaptation de romans en BD. Publié chez Drakoo en 2023, cet album de 80 pages explore les thèmes du transhumanisme et de l’engagement écologique radical à travers l’histoire d’Ann Kelvin, une biologiste mourante qui accepte le transfert de sa conscience dans le corps d’un cachalot.
Le récit déploie avec intelligence plusieurs thématiques contemporaines : l’éco-terrorisme, la transmnèse (transfert d’esprit entre corps), le féminisme et l’identité de genre. Ann Kelvin, campée comme une « vieille eco-warrior acariâtre » au franc-parler réjouissant, incarne parfaitement ce personnage principal. Sa mission secrète – inoculer un virus bénin aux cétacés mais dangereux pour leurs consommateurs humains – révèle les dérives d’un activisme désespéré face à l’urgence climatique.
La structure scénaristique alterne habilement entre séquences sous-marines immersives et flashbacks terrestres, créant une tension dramatique qui culmine dans la découverte du mystérieux « continent cétacé ».
Stefano Martino, dessinateur italien reconnu pour son réalisme précis sur des séries comme Les Forêts d’Opale, déploie ici toute sa maîtrise technique. Son trait minutieux excelle dans la représentation des environnements marins, jouant subtilement sur les nuances de bleu et de mauve pour créer une profondeur de champ saisissante. Les textures encrées sur la peau du cachalot et le rendu des courants océaniques témoignent d’un travail documentaire rigoureux.
Cette collaboration entre la scénariste Valérie Mangin, spécialiste des adaptations historiques et de science-fiction (Alix Senator…), et Stefano Martino produit une œuvre captivante qui dépasse les codes traditionnels de la BD d’anticipation.
La Vieille Anglaise et le Continent s’impose comme une adaptation fidèle et ambitieuse, destinée aux lecteurs en quête de science-fiction réflexive. Le roman a reçu de nombreux prix, la BD aurait également méritée d’être primé plusieurs fois.
Adapté de l’œuvre d’un Anonyme imprimée pour la première fois en 1485.
Où il est conté comment Maître Pathelin, avocat désargenté, use de ruse et d’hypocrisie pour tromper un marchand drapier pourtant méfiant. David Prudhomme signe une adaptation truculente de la célèbre farce anonyme écrite vers 1470, l’un des premiers chefs-d’œuvre du répertoire théâtral français. Le récit est porté par une langue riche et d’une grande saveur (qui nous a notamment donné l’adjectif patelin et l’expression revenons à nos moutons) : elle circule ici entre des « acteurs » à la fois improbables – ils ont des particularités zoomorphes – et d’une remarquable présence.
La bd « La Farce de maître Pathelin » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Farce de maître Pathelin »
Dans son adaptation de La Farce de maître Pathelin, initialement parue en 2006 aux éditions de l’An 2, David Prudhomme transpose en BD la farce anonyme du XVe siècle, souvent attribuée au bouffon Triboulet et imprimée vers 1485. Maître Pathelin, avocat désargenté, use d’un art consommé de la ruse et de l’hypocrisie face au drapier Joceaulme, dans une joute verbale où le retournement final souligne la condition universelle du fourbe démasqué.
La profondeur d’âme des personnages se révèle dans leurs manipulations mutuelles : l’audace de Pathelin se heurte à l’astuce du berger l’Aignelet, mettant en lumière le thème du « décepteur déçu ».
Le découpage en gaufrier de quatre cases par planche, souligné par de larges marges, renforce l’effet théâtral de chaque scène, comme celle du mourant simulé par Pathelin lors de son procès. Le trait de David Prudhomme, à la fois épuré et expressif, campe des personnages zoomorphes dont les visages d’animaux évoquent la satire médiévale. La couleur discrète signée Alexandre Clérisse, jouant sur les ocres et bruns, soutient l’ironie et ponctue le rythme effréné de la farce.
Véritable réussite, cet album offre une plongée ludique dans le Moyen Âge, que l’on recommandera aux amateurs de récit satirique. Un classique de la littérature magnifiquement adapté.
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